# Méta-Groupe 42 ###### tags: `Néguentropie` ### Partage détendu autour du "Point Gris" de Paul Klee Modalité proposé de la rencontre les mardi à 12h42. le texte proposé pourra faire l'objet de plusieurs scéances. ### déroulement de l'atelier Présentation d'un texte (max 15 minutes) choisis par l'un des participants du groupe constitué 15 minutes de partage autour du texte présenté. Il est possible de marcher ou manger pendant la scéance. Tous les échanges seront sous la Licence [WTFPL](https://fr.wikipedia.org/wiki/WTFPL) ### Textes # Platon LA GAFFE survivre au travail avec les philosophes ## 8 février 2021 - Premier lecture trés courte proposé extrait de - Platon LA GAFFE survivre au travail avec les philosophes - FLIC ou VOYEUR La surveillance au travail # Souffrance en milieu engagé ## 15 Février 2021 - Souffrance en milieu engagé - Normalisation et dilution de l'économie social et solidaire # Le travail n'est pas une marchandise ## 22 Février 2021 - Le travail n'est pas une marchandise - contenu et sens du travail au XX siécle Alain Supiot > Il n’est pas exclu que ces machines aient un jour la capacité de calculer tout ce qui est calculable. Mais il est certain que la réduction des relations entre les hommes à des opérations de calcul d’utilité ou d’intérêt ne peut conduire qu’à la violence. Ainsi que l’a plaisamment noté Gilbert Keith Chesterton, ce sont les vaches, les moutons et les chèvres qui vivent en pures économistes. Les sociétés humaines ne sont pas des troupeaux. Elles ont besoin pour se former et subsister d’un horizon commun. Un horizon, c’est-à-dire à la fois une limite et la marque d’un au-delà, d’un devoir-être qui arrache leurs membres au solipsisme et à l’auto-référence de leur être. # L'Ethos des libristes ## 1 Mars 2021 * Utopie du logiciel libre - Sébastin Broca * L'Ethos des libristes > Cette extension de la portée du libre hors du champ de l’informatique laisse entrevoir qu'il s'y joue peut-être davantage que des histoires de code. Ce mouvement véhicule en effet des valeurs, étroitement liés à des pratiques, qui peuvent raisonner hors du cercle des hackers. L’histoire du logiciel libre est tout d’abord celle de la promotion d’une certaine autonomie dans le travail. Le Free software émerge au moment où la naissance de l’industrie du logiciel met à mal non seulement le partage et la collaboration entre informaticiens, mais aussi la capacité de ceci à déterminer par eux-mêmes le contenu et les formes d’exercice de leur activité. Cette revendication d’autonomie dans le travail a été abordé par le philosophe finlandais Pekka Imanem comme constitutive d’une "éthique hacker" en rupture avec l’éthique protestante décrite par Max Weber. Les pratiques des hackers incarneraient ainsi un rapport au travail fondé sur la passion et l’intérêt personnel, non sur le devoir moral et l’intérêt financier. Le travail n'y serait pas posé comme légitime en soi indépendamment de son contenu, ni considéré comme simple moyen d’assurer sa subsistance ou sa richesse. l’important serait la satisfaction personnelle éprouvée dans la réalisation d’une tâche vécue comme intrinsèquement intéressante et gratifiante. **Le travail s’intégrerait ainsi à une dynamique générale de réalisation de soi, en vertu d’une réduction des formes de subordination hiérarchique, et grâce à l’impossibilité de " clôturer " les fruits de l’activité productive.** # Le code Napoléon ## 8 mars 2021 * Le code Napoléon Le code civil français de 1804, qui a inspiré de nombreuses démocraties, est une catastrophe pour les femmes. Rédigé en 1804, le Code Civil des Français, dit « Code Napoléon », inscrit l’enfermement des femmes au sein de la famille. Considérées comme des mineures, elles sont soumises, jusqu’en 1970, à l’autorité du père et du mari. Le code civil consacre ainsi l’incapacité juridique totale de la femme mariée qui est considérée comme une éternelle mineure (majeure seulement pour ses fautes) : * interdiction d’accès aux lycées et aux universités ; * interdiction de signer un contrat, de gérer ses biens ; * exclusion totale des droits politiques ; * interdiction de travailler sans l’autorisation du mari ; * interdiction de toucher elle-même son salaire ; * contrôle du mari sur la correspondance et les relations ; * interdiction de voyager à l’étranger sans autorisation ; * répression très dure de l’adultère pour les femmes ; * les filles-mères et les enfants naturels n’ont aucun droit. Napoléon définit sans ambiguïté la place de la citoyenne dans la société à l’article 1124 de ce monument de misogynie qu’est le code civil : "Les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux." "L’enfant appartient au mari de la femme comme la pomme au propriétaire du pommier. […] La femme est donnée à l’homme pour qu’elle lui fasse des enfants ; elle est sa propriété comme l’arbre à fruits est celle du jardinier" (Napoléon, Mémorial de Sainte-Hélène). Bref, "La femme et ses entrailles sont la propriété de l’homme", il en fait donc ce que bon lui semble (Code Napoléon). Il faut ensuite ajouter : * en 1810 : le « devoir conjugal » est une obligation (il n’existe pas de viol entre époux) ; * en 1816 : en prime pour toutes et tous, l’interdiction de divorcer ! « Le code civil français de 1804, qui a inspiré les droits civils dans de nombreuses démocraties, rédigé sans que les femmes aient leur mot à dire, a ensuite fait de la femme mariée une “mineure civile” — de la célibataire une étrangeté. Cette inégalité des personnes en vertu du sexe déclaré à l’état civil, a été à l’origine de mouvements, qui à partir de la fin du XIXe siècle, ont été désignés sous le terme de féministes. Les luttes issues de ces mouvements ont, progressivement, fait reculer la domination masculine dans le droit. » — Françoise Gaspard, Les enjeux internationaux de la parité, 2000. L’incapacité civile des femmes ne sera levée qu’en 1938, soit plus d’un siècle plus tard. [source](http://8mars.info/le-code-napoleon) # Tracts (N°23) - De la démocratie en Pandémie ## 16 Mars 2021 Tracts (N°23) - De la démocratie en Pandémie Santé, recherche, éducation Barbara Stiegler « Plongés dans ce continent mental de la Pandémie, qui entrave la critique et qui tue le réveil des aspirations démocratiques, nos esprits sont comme occupés. » La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. https://tracts.gallimard.fr/fr/products/de-la-democratie-en-pandemie Pour # Économie contributive processus territoriaux de capacitation et nouvelles modalités comptables. L’économie de la contribution ## 23 Mars 2021 ### introduction Il faut le poser fermement répondre au défi de l’Anthtropocéne est impossible dans le cadre du modèle macro économique actuelle tel qui s’est globalisées durant les 50 dernières années il ne s’agit pas d’une position idéologique mais d’un résultat d’une analyse rationnelle l’enjeu de l’entrepôt scène et de diminuer les taux d’entropie et cela suppose de élaboration d’un nouveau modèle macro-économiques fondée sur les acquis de la science contemporaine le modèle macro économique actuelle ignorant les défis que constitue les différentes formes d’entropie et reposant sur les indicateurs (niveau de vie produit intérieur brut endettement productivité valeur de la monnaie taux d’intérêt) qui en font une menace pour l’avenir de la biosphère et donc de la survie de ses habitants. http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Bifurquer-609-1-1-0-1.html https://www.monde-diplomatique.fr/2020/11/CRIGNON/62420 # La distinction dans la distinction. ## Mardi 30 mars 2021 Dans *les héritiers* et dans *la reproduction*, Bourdieu et Passeron analysent comment la hiérarchie et la domination sociales se perpétuent à travers les institutions scolaires. Jetée comme un pavé dans la mare des idéalistes croyant aux vertus d’une école publique émancipatrice, cette thèse est à présent largement connu et reconnu : le système d’enseignement reproduit l’ordre établi, d’une part, en conduisant les enfants des classes dominantes à obtenir les meilleurs diplômes et à occuper ensuite les meilleures places dans la société grâce a leur capital culturel, d’autres part, en légitimant le classement scolaire, la réussite et l’échec des individus par le recours à des qualités innées et à une idéologie du don qui transforment la sélection sociale en sanction d’une déficience personnelle. Mais l’école n’est qu’un des rouages de la reproduction qui repose de manière plus générale sur la transmission de génération en génération d’un patrimoine familial et social. Cet héritage ne se résume pas à la trilogie avoir, savoir, pouvoir. Bourdieu fonde en effet la théorie de la reproduction sur la transmission de quatre types de capitaux : le capital économique, le capital culturel, le capital social et le capital symbolique. Aux ressources économiques, culturelles et sociales qui confère à l’individu les richesses, le savoir théorique ou pratiques et le réseau de relations indispensables à l’acquisition des avantages sociaux, il faut rajouter toute forme de capital (économique, culturel, social,...) qui transforme des rapports de force en rapports de sens et produit des effets symboliques en donnant lieu à une reconnaissance par autrui de la légitimité de la position dominante a une intériorisation de la posture de dominé. Chantal Jaquet - *Les transclasses ou la non-reproduction* # Droit social et normalisation comptable ## Mardi 6 avril 2021 La normalisation comptable a profondément bouleversé la fonction sociale de la comptabilité et ses rapports avec le droit. Jusque-là, la comptabilité était un instrument de responsabilisation de l'entrepreneur. Depuis, elle est devenue un instrument de normalisation de l'entreprise. Bien qu'elle s'intègre dans l'ordre juridique étatique, la normalisation comptable suit un modèle d'« économie dirigée non étatique », visant à remplacer l'intervention rigide de l'État par l'interposition constante d'une information commune générant l'ajustement spontané des entreprises. Les normes comptables organisent un système de comparaison interentreprises, destiné à mettre en valeur la moindre variation des marchés pour contraindre les entreprises à réagir par des réorganisations de plus en plus fréquentes. Ces analyses éclairent d'un nouveau jour l'essor des normes comptables internationales IAS IFRS, leur adoption récente par l'Union européenne et leur articulation avec les processus nationaux de normalisation comptable. Elles mettent également à jour les effets de la normalisation comptable sur l'ensemble des branches du droit relatives à la gouvernance d'entreprise et particulièrement le droit social. Alors qu'à la Libération, elle avait suscité de grands espoirs, notamment chez les syndicats, la normalisation comptable vient progressivement prendre à revers les dispositifs institués par le droit social et les prive parfois de toute efficacité. Parallèlement, le modèle comptable pénètre le droit social. Le « non-comptable » s'efface au profit du « comptable » : régulation des relations par de nouveaux modes de rémunération, renouvellement profond des modes de gestion des régimes de sécurité sociale, adoption de nouveaux outils (bilan social, bilan de compétences, crédit formation, etc.). Peut-on pourtant se fier aux normes comptables pour fournir une image fidèle des relations de travail ? Mettant en évidence d'importantes lacunes dans la production de cette image, tant à l'actif qu'au passif du bilan, cet ouvrage propose des pistes pour réconcilier droit social et normalisation comptable. Samuel Jubé, docteur en droit, est secrétaire général de l'Institut d'études avancées de Nantes. https://www.lgdj.fr/droit-social-et-normalisation-comptable-9782275036878.html # Repenser le travail et changer la vie ## Mardi 13 avril 2021 "Le 20 octobre 2006, vers dix heures, Monsieur de Barros, ingénieur salarié de la société Renault, travaillant au Technocentre de Guyancourt, à enjambé la rambarde du bâtiment principal de l’établissement, réalisant une chute de plus de 12 mètres, laquelle a provoqué son décès immédiat." le 17 décembre 2009, au Tribunal des affaires de sécurité sociale des Hauts-de-Seine, la cour rappelle les faits avant de rendre son jugement. Saisi un an auparavant par Sylvie Touzet, veuve de Barros, le tribunal doit ce jour-là se prononcer sur la responsabilité de la société Renault. L’ensemble des éléments du dossier et des débats ayant été rapportés, la décision tombe : Renault, en sa qualité d’employeur, a commis une faute inexcusable à l’origine de cet accident mortel. La justice vient de reconnaître que le suicide sur le lieu de travail ne relève pas forcément d’une fragilité personnelle mais qu’elle peut être provoqué par une organisation délétère elle vient en outre d’acter qu’un grand groupe aussi puissant que Renault n'échappe pas à la condamnation et aux réparations financieres, qu'une entreprise doit répondre de l’organisation du travail quelle instaure, y compris dans les conséquences que celle-ci peut avoir sur la santé de ses salariés. Elle vient de souligner enfin le triste état du monde du travail, dominé par des stratégies comptables souvent menées au détriment des hommes. Que les méthodes gestionnaires, diffusées à présent dans l’ensemble des sociétés privées et même publiques, aient des effets néfastes sur la santé psychique des travailleurs, Christophe Dejours en est convaincu. Depuis ses premières enquêtes sur le terrain dans les années 1970 jusqu’à ses expériences récentes, il n’a cessé de penser les ressorts de la souffrance au travail et les conséquences dramatiques de certaines organisations. L’idée que l’évaluation individuelle des performances mise en place dans les années 1980, conduit les individus à la rivalité, la solitude et la détresse, a fini par émerger. Le doute s’accroît chaque jour davantage sur ce système capable de détruire ceux qui le servent. La multiplication des suicides, les condamnations en justice ne permettent plus d’ignorer la désolation dans nos entreprises. Le management par la peur faites encore des dégâts mais il s'use, rongé par l'hésitation grandissante de bien des cadres et par le manque d’enthousiasme des équipes. Nombreux sont ceux, parmi les salariés, les syndicalistes et aussi les dirigeants, qui cherche à présent des solutions pour sortir de cette situation, pour s’opposer aux exigences de la gestion souvent très éloignées du travail réel et pourtant dominantes. **Comment y parvenir sans cerner au préalable la puissance de ce modèle,** d’un côté, les éléments qui permettent de définir le travail vivant, de l’autre ? La description et les réformes proposées par Christophe Dejours constituent une alternative, qu’il revient à chacun d’entre nous de considérer. C’est avec notre consentement et notre énergie que l’organisation actuelle fonctionne, c’est notre résistance qui peut la mettre en panne. A nous de donner un sens à cet arrêt du système, que l’auteur juge inéluctable : surviendra-t-il à cause de l’épuisement complet des individus ou par leur volonté de penser leur travail autrement ? C’est aussi le raison de cette ouvrage : Christophe Dejours refuse de penser l’impasse dans laquelle nous nous trouvons comme une fatalité. Si les souffrances existent et doivent être reconnues, le travail n’est pas forcément une aliénation. "La panne repenser le travail et changer la vie" - Christophe Dejours Entretien avec Béatrice Bouniol # La fabrique de l'homme occidental ## mardi 20 avril 2021 Nous partons de cette fatalité que les chemins de la pensée débouchent inévitablement sur l’interrogation immémoriale : au nom de quoi peut-on vivre ? c’est-à-dire, pourquoi vivre ? oui, pourquoi ? il n'est au pouvoir d’aucune société de congédier "le pourquoi" d’abolir cette marque de l’humain. Et pourtant... L’effondrement du questionnement, en cet Occident trop sûre de lui-même, est aussi impressionnant que ses victoires scientifiques et techniques. La peur de penser en dehors des consignes a fait de la liberté, si chèrement conquise, une prison, du discours sur l’homme et la société, un langage de plomb. Que se passe-t-il ? Devenu la chose des sciences, l’animal parlant a quitté, crois-ton, le monde ténébreux des généalogies, le mystère a été détruit. A ce jeu-là, le château de cartes s’est écroulé, les échafaudages dogmatiques traditionnels achèvent de s’effondrer sous nos yeux. Etat, Religion, Révolution, Progrès, ces artifices sont emportés dans le déchaînement du Management scientifique promis à la terre entière. Qu'allons-nous faire de la désillusion ? Comme les autres civilisations, la Fabrique de l’homme occidental est aux prises avec la certitude de tous les temps : que tout converge, dans l’expérience de l’humanité, vers le point précaire, "la grande douleur confuse" dont parlait le romantique allemand Kerner, la douleur d’être né et de devoir mourir. Nous avons le devoir d’interroger à nouveau cette matière première des pouvoirs. Ce point faible en chaque homme, son statut d’individu périssable ; mais aussi d’admettre que notre mort a un sens, car elle fait vivre la construction humaine dont nous sommes l’expression passagère, comme dit le poète latin Virgile, "les pierres vivantes" les habitats institutionnels sont construits sur un vide - un vide à partir duquel se déploie la parole et qui porte la pensée. A la croisée des chemins historiques, une tâche s'impose : restaurer le doute, analyser l’agencement des ignorances qui font cortège à la Science contemporaine, surmonter la croyance obscurantiste d’aujourd’hui. *Instituer la vie* : quel est le maître mot qui résume cette tâche. La fabrique de l’homme n’est pas une usine à reproduire des souches génétiques. On ne verra jamais gouverner une société sans les champs et la musique, sans les chorégraphies et les rites, sans les grands monuments religieux poétiques de la Solitude humaine. Pierre Legendre "La fabrique de l'homme occidental" arte editions et editions mille et une nuits https://tube.futuretic.fr/w/dPakCuGXYaCwNQ8hMqxts5 # Phusis et Nomos ## Mardi 4 mai 2021 Publié le 31 décembre 1982 à 00h00 - Mis à jour le 31 décembre 1982 à 00h00 Lecture 2 min. Christian Delacampagne nous invite à découvrir Georges Devereux, fondateur de l'ethnopsychiatrie, dont le dernier livre, Femme et Mythe, aide singulièrement à comprendre la réalité du monde antique. Ce monde antique qui a tellement contribué à façonner les modes de pensée du nôtre, comme le montrent respectivement Maurice Girodias, Jean Lartigolle et Jean-Marc Duret, à propos de trois couples dialectiques : Éros et Aphrodite (la Beauté), Platon et Moïse (l'Être suprême), Phusis et Nomos (l'Aventure humaine). Nietzsche distingue dans l'aventure humaine l'opposition de deux forces. Phusis, loi de la nature, c'est la victoire des plus forts physiquement et intellectuellement sur les plus faibles : c'est le darwinisme, c'est par cette force que l'humanité a pu évoluer depuis ses débuts, c'est le struggle for life. Le libéralisme constitue son illustration économico-politique. Nomos, loi d'institution, c'est l'effort des hommes pour combattre le précédent ; il est l'origine de la loi, sa première manifestation est attribuée à l'irruption de la divinité dans l'histoire humaine par la révélation du Décalogue à Moïse. Nietzsche voit en lui l'expression et le moyen pour les plus faibles de survivre en empêchant les plus forts de vaincre. Son incarnation politico-économique est le marxisme. Phusis, l'individu, l'individualisme, l'homme. Nomos, le peuple, la masse. Les deux faces de Janus, essences de notre monde, se sont drapées dans différents habits. Phusis, maître incontesté des millénaires durant, fut un jour menacé par l'apparition de la conscience. Nomos s'incarna et devint État, justice, police (qu'est-ce donc que le rôle de la police sinon la délégation par le peuple d'un droit légal de la violence pour la survie du plus grand nombre) et surtout christianisme et marxisme. Si différentes en tant de points, les deux conceptions de l'existence se rejoignent au moins dans la volonté de sauver le total contre le salut individuel. (Certaines interprétations chrétiennes peuvent infirmer ce qui précède.) Cette dialectique se retrouve au niveau des individus. Est-ce un reflet de la société ou la lutte des individus s'extrapole-t-elle au général ? La question est éternelle, et c'est là que se séparent marxisme et christianisme. L'homme est pris entre le désir de dépasser les autres (volonté de puissance nietzschéenne) et la nécessité d'être avec les autres (la communion chrétienne, l'égalité ou l'égalitarisme marxiste). Notre histoire n'est que l'alternance et l'opposition de ces deux forces : tantôt Phusis règne, c'est la guerre (" Que le plus fort gagne ", " Nous vaincrons car nous sommes les plus forts "), et les conflits déchaînent les pulsions où l'homme rejoint la route de l'animal et va parfois plus loin : Auschwitz en témoigne ! La perversité atteint son summum quand Phusis, pour continuer de s'exprimer, prostitue Nomos. Jean-Jacques Rousseau avait constaté, non sans pertinence : (" Nul n'est assez fort pour être toujours le maître s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir ") ; les deux complices réunis contre l'homme. Nos savants dialecticiens nous expliqueront-ils comment, selon la théorie hégélienne, cette contradiction (au lieu de s'unir ou de s'opposer pour faire souffrir l'homme) se transcendera en une nouvelle force génitrice de liberté et de paix ? # Powerpoint, point de pouvoir ## Mardi 11 mai 2021 Platon LA GAFFE survivre au travail avec les philosophes Pauvre Pierrot. Il lui arrive ce qui est arrivé à temps de cadre avant lui, tant de consultant de travailleurs consciencieux qui avait pourtant tout bien préparé. L'échec d’une présentation. Le fiasco d’une "prêz" ainsi que certains nomme saut périlleux exercice de démonstration publique. Il fait tout ce qu’il ne faut pas faire. Il se contente de répéter oralement ce qui est affiché sur son PaperBoard, devant les yeux du public. Ce dernier qui a donc eu le temps de prendre connaissance des informations présentés à l’impression désagréable d’une redite au moment où l’exposant s’exprime. Heureusement qu’il n’utilise pas le logiciel PowerPoint, qui a pour effet d’accentuer ce défaut. Le plus souvent, l’utilisateur de PowerPoint est tellement fasciné par ce qu’il projette au mur qu’il en oublie de regarder le public. On ne peut imaginer pire défaut : appliqué à décrire ce que les autres voient aussi bien que lui ne regarde même pas ce qui ils ceux à qui il s’adresse et donne l’impression de les fuir d’avoir peur de leur regard alors il souffre seul au beau milieu de sa Pres il souffre d’être à ce point incapable de présence et c’est tout le public qui souffrent avec lui jusqu’au moment où cette souffrance partager ce changement haine pour celui qui a si peu de charisme et occasionne à la collectivité une telle perte de temps fais-moi juste ce qui lui arrive qui pourrait se douter que Pierre Bourdieu a rejoint l’entreprise par pure fidélité à ses convictions de gauche pour faire vivre l’espérance d’une fin de la reproduction dans son travail de sociologue il a montré à quel point l’école constitue Malgrétout les discours républicain un lieu de reproduction de l’élite bourgeoise habitué dès le plus Jonage a développé des talents notamment disserte Atif que l’école valorise rat et qui constitue auront ensuite un sésame d’entrer dans les grandes écoles pour Dieu Espira longtemps un changement du système éducatif français et de la formation des maîtres pour que l’école cesse enfin d’être le théâtre de cette reproduction de l’injustice puis compris que c’était peine perdue les Français étaient bien trop attaché à leur dissertation chérie alors savoir bourgeois même les enfants de prolétaires devenu professeur ne voulait pas lâcher ses tard de la dissertation ils avaient eu tant de mal à L’apprivoiser Kisi étais attaché non décidément il n’y avait plus rien à espérer de l’école Et si c’était pour cette raison qu’il se tourna vers l’entreprise cette hypothèse est d’autant plus plausible qu’on remarque au tournant des années 2010 l’esquisse d’un changement de mentalité dans les entreprises hexagonal certains signes laisser penser qu’il commencer à sortir de leur focalisation typiquement française sur les diplômés les études avec la crise les salariés se retrouver davantage juger sur leur qualité réel et le résultat que sur leur diplôme jeunes premiers des grandes écoles commencer aussi à éprouver des difficultés à trouver un emploi le monde était peut-être en train de changer bientôt ne serait plus possible d’avoir une carrière toute entière assurée par un diplôme obtenu à 22 ans c’était du moins ce qu’espérer Pierre Bourdieu et cette espérance lui donner des raisons de se lever le matin une sortie de l’air de la reproduction devenu possible oui c’était bien le comble mais là où l’école école persiste À reconduire les inégalités l’entreprise pouvait peut-être maintenant qu’elle s’émanciper de la passion pour le diplôme donner une chance égal à tous # Marcel Mauss - essai sur le don - ## Mardi 18 mai 2021 Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simple échange de biens, de richesse et de produits au cours d’un marché passé entre les individus . D’abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales clans, tribus familles qui s’affrontent et s’opposent soit en groupe se faisant face sur le terrain même, soit par l’intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois. De plus, ce qu’ils échangent, ce n'est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires… Marcel Mauss - essai sur le don - # Sisyphe -> 50 Nuances de Grecs Encyclopédie des Mythes et des Mythologies ## Mardi 25 mai 2021 # Absurdité du productivisme et des gaspillages Pour une société de décroissance ## Mardi 1 juin 2021 " Toutefois, si le marché et le profit peuvent persister comme incitateurs, ils ne peuvent plus être les fondements du système. On peut concevoir des mesures progressives constituant des étapes, mais il est impossible de dire si elles seront acceptées passivement par les « privilégiés » qui en seraient victimes, ni par les actuelles victimes du système, qui sont mentalement ou physiquement droguées par lui. Cependant, l’inquiétante canicule de 2003 en Europe du Sud-Ouest a fait beaucoup plus que tous nos arguments pour convaincre de la nécessité de s’orienter vers une société de décroissance. Ainsi, pour réaliser la nécessaire décolonisation de l’imaginaire, on peut à l’avenir très largement compter sur la pédagogie des catastrophes." Serge Latouche Professeur émérite d’économie à l’université d’Orsay, objecteur de croissance. Novembre 2003 https://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/LATOUCHE/10651 # Alain Damasio, écrivain : « On ne retrouvera l’envie de vivre qu’en renouant les liens au vivant » ## Mardi 22 juin 2021 Par Claire Legros https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/04/alain-damasio-on-ne-retrouvera-l-envie-de-vivre-qu-en-renouant-les-liens-au-vivant_6082784_3232.html # manifeste pour une véritable économie collaborative ## Mardi 29 juin 2021 ### introDuction Ce n’est un secret pour personne que le système mon-dial néolibéral et capitaliste traverse une crise systémique et multidimensionnelle, dont les aspects sociaux (l’inéga-lité croissante) mettent en danger la stabilité politique, et dont la dimension écologique met en péril l’équilibre même des processus naturels de la planète. [manifeste pour une véritable économie collaborative](https://docs.eclm.fr/pdf_livre/386ManifestePourUneVeritableEconomieCollaborative) # La dialectique de l'ordre et du chaos dans les organisations ## Mardi 6 juillet 2021 Cet article a tenté de mettre en évidence la dialectique constante qui existe dans toutes les organisations entre l’ordre et le chaos : ordre volontairement recherché afin de clore un système trop complexe pour être maîtrisé par des acteurs cognitivement limités; chaos inhérent à la nature même des organisations. L’ordre est présenté comme une tentative de construction d’îlots de certitude et de rationalité au sein desquels une action finalisée peut être envisagée. Toutefois, l’ordre peut être déstabilisateur dans la mesure où il peut se trouver en porte-à-faux avec les exigences auxquelles l’organisation est soumise. L’ordre devient alors source de chaos. De plus, de par la nature même des systèmes dissipatifs, dont les organisations sont présentées ici comme faisant partie, le chaos possède un ordre sous-jacent qui est souvent voilé par la complexité des systèmes. Le chaos peut être organisateur. Afin de tirer parti de ce potentiel d’ordre, et d’éviter de tomber dans le piège des approches planifiées, l’organisation, qui ne peut prévoir le mode de fonctionnement qui lui est adapté, doit se donner les moyens lui permettant d’expérimenter différentes réponses. La démarche fondée sur la notion d’auto-organisation semble ici la seule vraiment appropriée pour apporter une réponse satisfaisante au problème de gestion dialectique entre ordre et chaos. # manifeste pour une véritable économie collaborative ## Mardi 29 juin 2021 -> à été sauvagement reporté au 13 Juillet 2021 ### introduction Ce n’est un secret pour personne que le système mon-dial néolibéral et capitaliste traverse une crise systémique et multidimensionnelle, dont les aspects sociaux (l’inéga-lité croissante) mettent en danger la stabilité politique, et dont la dimension écologique met en péril l’équilibre même des processus naturels de la planète. manifeste pour une véritable économie collaborative # Sharing: Culture and the Economy in the Internet Age ## Mardi 27 juillet 2021 Le temps des biens communs Tous pirates ? C’est ce que la propagande contre les échanges de fichiers musicaux voudrait nous faire accroire. Mais ceux qui prennent aveuglément parti pour la « propriété informationnelle » devront lutter sans fin contre les nouveaux modes de création. Or ceux-ci, fondés sur la resocialisation de l’acte de créer et sur des coopérations inédites rendues possibles par l’avènement d’Internet, sont de plus en plus puissants. https://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/AIGRAIN/12836 et Pour changer le monde Logiciels libres : et pourtant, ils tournent Loin d’être une simple chaîne d’information et de consommation, Internet est devenu le berceau de nouveaux biens communs. Le succès des logiciels libres annonce-t-il une époque de partage généralisé ? https://www.monde-diplomatique.fr/mav/83/RIVIERE/13060 Sharing: Culture and the Economy in the Internet Age (Le partage: culture et économie à l’âge d’internet) est un livre de Philippe Aigrain avec la contribution de Suzanne Aigrain. Il a été publié le 1er février 2012. Sharing défend la légitimité du partage non-marchand des œuvres numériques entre individus. Sur la base du savoir récent sur l’économie culturelle et de travaux originaux, le livre propose une vision originale des mécanismes de financement adaptés au nombre croissant de contributeurs et à la diversité d’attention aux œuvres qui caractérise la culture numérique quand elle peut être librement partagée hors marché par les individus. https://paigrain.debatpublic.net/?page_id=3968 [La dialectique de l'ordre et du chaos dans les organisations ](https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-1-page-47.htm) # Sharing: Culture and the Economy in the Internet Age ## Mardi 24 Août 2021 Que nous réserve l’économie mondiale en 2022 ? https://theconversation.com/que-nous-reserve-leconomie-mondiale-en-2022-166458 # Julia Kristeva : "La grande invention de Melanie Klein c'est la psychanalyse des enfants, elle a inventé le jeu de l'enfant comme objet d'observation" ## Mardi 14 septembre 2021 Julia Kristeva : "La grande invention de Melanie Klein c'est la psychanalyse des enfants, elle a inventé le jeu de l'enfant comme objet d'observation" https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/les-chemins-de-la-connaissance-freud-et-les-femmes-3eme-partie-la-coupure-kleinienne-1ere-diffusion # L’interaction entre facteurs organisationnels et locus de contrôle dans la prédiction de l’engagement organisationnel affectif ## Mardi 28 Septembre 2021 Résumé de l'article Nombreuses sont les études ayant répertorié les facteurs susceptibles de favoriser l’engagement affectif des employés envers leur organisation. Toutefois, davantage de recherches sont requises afin de comprendre les mécanismes par lesquels ces facteurs agissent sur le niveau d’engagement organisationnel affectif (EOA), et de cerner dans quel contexte et sous quelles conditions leurs effets s’avèrent les plus puissants (Becker, Klein, et Meyer, 2009). La présente étude s’inscrit dans la lignée des études récentes qui visent à surmonter cette limite en investiguant l’interaction entre les facteurs organisationnels et les caractéristiques individuelles dans la prédiction de l’EOA, soutenant que des dispositions individuelles modulent les perceptions des expériences de travail, influençant par le fait même les réactions attitudinales et comportementales. Plusieurs études démontrent que le locus de contrôle, défini comme la tendance des individus à croire qu’ils contrôlent ou non leur environnement et le cours des évènements (Rotter, 1954), joue notamment un rôle sur la façon dont les individus perçoivent leur environnement. Appuyant son raisonnement sur la théorie de l’échange social (Blau, 1964) et sur le modèle de l’engagement au groupe (Tyler et Blader, 2003), l’objectif de cette étude est d’examiner l’effet de l’interaction entre le locus de contrôle (interne/externe) et les perceptions de justice procédurale ainsi que la fierté organisationnelle des employés sur leur niveau d’engagement affectif. Les résultats indiquent que le locus de contrôle exerce un effet modérateur entre l’EOA et les deux antécédents proposés. Ainsi, en vertu de la norme de réciprocité, la tendance des individus à croire que la fierté organisationnelle et la justice procédurale sont le produit de leurs actions les conduiraient à s’engager affectivement auprès de cette dernière. En plus de souligner le rôle important du locus de contrôle dans les réactions attitudinales aux facteurs organisationnels, les résultats démontrent la pertinence d’étudier l’effet modérateur d’autres traits individuels susceptibles de moduler l’adoption de certains comportements et attitudes, ce qui peut représenter un avantage pour les salariés et les dirigeants. https://www.erudit.org/fr/revues/ri/2016-v71-n1-ri02441/1035904ar.pdf # Le mythe mortifère de la virilité ## Mardi 5 et 12 Octobre 2021 Pour asseoir sa domination sur le sexe féminin, l’homme a théorisé sa supériorité en construisant le mythe de la virilité. Un discours fondateur qui n’a pas seulement postulé l’infériorité essentielle de la femme, mais aussi celle de l’autre homme : l’étranger, le "sous-homme", le "pédéraste"... Historiquement, ce mythe a ainsi légitimé la minoration de la femme et l’oppression de l’homme par l’homme. Depuis un siècle, ce modèle de la toute-puissance guerrière, politique et sexuelle est en pleine déconstruction, au point que certains esprits nostalgiques déplorent une "crise de la virilité". Les masculinistes accusent le féminisme d’avoir privé l’homme de sa souveraineté naturelle. Que leur répondre ? Que le malaise masculin est, certes, une réalité, massive et douloureuse, mais que l’émancipation des femmes n’en est pas la cause. La virilité est tombée dans son propre piège, un piège que l’homme, en voulant y enfermer la femme, s’est tendu à lui-même. En faisant du mythe de la supériorité mâle le fondement de l’ordre social, politique, religieux, économique et sexuel, en valorisant la force, le goût du pouvoir, l’appétit de conquête et l’instinct guerrier, il a justifié et organisé l’asservissement des femmes, mais il s’est aussi condamné à réprimer ses émotions, à redouter l’impuissance et à honnir l’effémination, tout en cultivant le goût de la violence et de la mort héroïque. Le devoir de virilité est un fardeau, et "devenir un homme" un processus extrêmement coûteux. Si la virilité est aujourd’hui un mythe crépusculaire, il ne faut pas s’en alarmer, mais s’en réjouir. Car la réinvention actuelle des masculinités n’est pas seulement un progrès pour la cause des hommes, elle est l’avenir du féminisme. [Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes.](https://www.franceculture.fr/conferences/ecole-normale-superieure/le-mythe-mortifere-de-la-virilite) # Série le prix du gratuit # Le don, une relation économique et symbolique ## Mardi 19 et 26 Octobre 2021 Donner, geste gratuit ? Rien n'est moins sûr. Donner c'est aussi affirmer sa propriété et sa supériorité. Mauss nous dit que le don est une relation en triptyque : donner, recevoir et rendre. Nous parcourons le XIXe siècle français à la recherche de cette relation dans de multiples exemples. https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-emission-du-lundi-15-avril-2019 # Travail gratuit : les valeurs de l'exploitation ## Mardi 2 (sans moi) et 9 Novembre 2021. Travail domestique, bénévolat, digital labor, stage, service civique, voilà autant de formes historiques et contemporaines du travail gratuit. Bien qu'originellement motivé par des valeurs d’amour ou d’engagement, ce travail ne signifierait-il pas aussi exploitation ? https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-prix-du-gratuit-24-le-prix-de-la-democratie # Gratuité, données, publicité ## Mardi 16 et 23 Novembre 2021. « Si c’est gratuit, c’est vous le produit » : un adage vieux comme Internet pourtant sans cesse renouvelé, de scandales en tentatives de légiférer sur un « droit à l’oubli ». Que peuvent faire les individus face à la marchandisation de leurs données ? Quelles mesures de régulation envisager ? https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-prix-du-gratuit-34-publicites-donnees-gratuite ## Éloge de la gratuité ## Mardi 30 Novembre et 7 Décembre 2021. « A quoi pourrait ressembler un modèle économique fondé sur la gratuité de la vie quotidienne, sur la gratuité de biens et de services démarchandisés ? Peut-on construire une société de la gratuité, en partant des expériences concrètes qui fleurissent ici et là et qui ne demandent qu’à faire système ? " https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-prix-du-gratuit-44-la-gratuite-contre-le-marche # Lecture d'un extrait deNietzsche et la vie, Une autre histoire de la philosophie ## Mardi 14 Décembre 2021 Cette mise sous tutelle de l’hypothèse darwinienne par la loi de l’évolution est exactement le sens de la réconciliation finale de légoisme et de l’altruisme, promise par le système de Spencer, et que Nietzsche décrit au § 173 d’Aurore : « Mode morale d’une société marchande. Derrière le principe de l’actuelle mode morale : “les actions morales sont les actions de sympathie pour les autres” je discerne […] le pouvoir d’une pulsion sociale […): cette pulsion réclame […] que l’on enlève à la vie tous les aspects dangereux qu’elle possédait autrefois et que chacun doive aider de toutes ses forces pour y parvenir : c’est pourquoi seules les actions qui visent la sécurité collective […] peuvent recevoir le prédicat “bon” ! […] Avec un aussi monstrueux dessein de raboter toutes les aspérités et tous les angles de la vie, ne prenons-nous pas le plus court chemin pour transformer l’humanité en sable ? En sable ! Un sable fin, doux, rond, infini! » Ici, c’est le matériau même de l’évolution selon Darwin, à savoir la variabilité du vivant et sa tendance spontanée à différer ou à diverger, qui se trouve « raboté ». Et c’est ce thème libéral de la coopération industrielle qui explique l’image récurrente du « sable de l’humanité » qui domine les sombres visions d’Aurore. En évoquant une espèce humaine transformée en sable par la « pulsion sociale », Nietzsche décrit la massification comme la conséquence ultime de l’adaptationnisme spencerien qui domine la « société industrielle » et qui produit finalement le contraire de ce qu’annonçait Spencer : au lieu d’une « hétérogénéité définie et cohérente », l’adaptation aux exigences de la révolution industrielle et de sa division mondialisée du travail entraîne la destruction progressive des processus d’individuation, produisant elle-même une masse homogène et indistincte. Or dans les trois cas, que le terme final soit « le réel effectif » (Hegel), « l’individu » (Marx) ou « la masse » (Spencer), c’est toujours le même schéma eschatologique qui se répète. Le règne de l’adaptationnisme en biologie et dans les morales évolutionnistes trahit paradoxalement lui aussi « les derniers échos du christianisme » et de son modèle pastoral, où le berger est censé mener son troupeau vers la direction ultime du salut : # Lecture de la conclusion de Nietzsche et la vie, Une autre histoire de la philosophie de Barbara Stiegler. ## Mardi le 4 Janvier 2022 De ce point de vue, la vérité ne peut donc plus être, si l'on suit Nietzsche, un absolu contemplé par des hommes d'exception. Cette figure régressive doit céder la place à la question du critère des valeurs et de la régulation collective des conflits normatifs, impliquant ce qu'il a appelé une « médecine de la culture ». Or cette question de la valeur des valeurs, ou du critère des évaluations, ne peut être réserve à un corps de métier spécialisé, qu'il s'agisse de celui des savants, qui seraient prétendument isolés du reste du corps social, ou de celui des « experts » conseillant les dirigeants, et qui seraient légitimes pour déterminer avec eux les fins que doit poursuivre l'ensemble de la société. Mais elle ne peut pas être non plus l'apanage des exceptions qui, seules, auraient le courage d'endurer les exigences du « gai savoir » et de contempler le « flux absolu ». Parce que la philosophie qui s'inaugure avec Nietzsche pose la question de l'avenir de la vie et des vivants, elle implique d'affronter le problème devant lequel il a lui-même échoué : celui d'un gouvernement collectif du vivant qui soit véritablement l'affaire de tous, et qui nous oblige à repenser sur des bases entièrement nouvelles les rapports entre science et démocratie. # Le travail n’est pas une marchandise contenu et sens du travail au XX siécle - Alain Supiot ## Mardi Proposition pour le 10 Janvier 2022 [Ce sombre tableau ne doit pas faire perdre de vue les opportunités ouvertes par la révolution informatique. Prenant progressivement en charge toutes les tâches calculables ou programmables, l'informatique nous oblige à repenser l'articulation du travail des hommes et des machines. À condition de les domestiquer, au lieu de nous y identifier, ces dernières pourraient permettre de concentrer le travail humain sur l'incalculable et l'improgrammable, c'est-à-dire sur la part proprement poétique du travail, celle qui suppose une liberté, une créativité ou une attention à autrui, dont aucune machine n'est capable. Dans l'entreprise informatisée, le cerveau d'œuvre n'est plus le monopole des dirigeants. Il est distribué entre tous les travailleurs, dont on attend responsabilité et initiative, et qui peuvent et doivent collaborer directement, quelle que soit leur place dans la chaîne de commandement, L'efficacité d'une telle entreprise suppose d'instaurer ce que Gilbert Simondon nommait un « couplage entre les capacités inventives et organisatrices » de tous ses collaborateurs, Or ce couplage suppose que la fonction dirigeante ne soit plus une fonction de pouvoir, mais devienne une fonction d'autorité. Tandis que le pouvoir s'exprime en donnant des ordres, l'autorité se manifeste en conférant une légitimité à l'action. À la différence d'un rapport de domination, un rapport d'autorité suppose de la part de celui qui l'exerce qu'il soit lui-même au service de la réalisation d'une œuvre qui transcende son intérêt individuel et à laquelle puissent s'identifier tous les membres du collectif de travail. Si l'on admet que l'intelligence humaine ne se réduit pas à ses capacités de calcul, la révolution informatique est donc une occasion historique d'établir, au-delà de l'emploi salarié, ce que la Constitution de l'OIT nomme, dans sa version française, un « régime de travail réellement humain » Tout le contraire donc de cette autre prophétie millénariste néolibérale, celle de la « fin du travail ».] # Le travail n’est pas une marchandise contenu et sens du travail au XX siécle - Alain Supiot ## Mardi 25 janvier 2022 Les États modernes sont des fictions généalogiques : ils sont construits comme des êtres qui seraient doués de Raison, pour faire obstacle à la dé-Raison. Par les montages du Droit, les Etats organisent que les humains cèdent la place à d'autres humains, pour que les fils - les fils de l'un et l'autre sexe - succèdent aux fils. Au XX° siècle, des idoles d'État - Lénine, Hitler, Staline, Mao - sont venues incarner l'idéologie parricide. Le sacrifice humain de masse a pris statut de simple pratique gestionnaire. Et dans la vie quotidienne de nos sociétés héritières des tyrans, les despotismes privés ont pris le relais, dans des enfers familiaux. # Le travail n’est pas une marchandise contenu et sens du travail au XX siécle - Alain Supiot ## Mardi 1 Février 2022 " Les entreprises durablement prospères sont celles ayant une "raison d'être", en laquelle [les travailleurs et les chefs d'entreprise] peuvent se reconnaître car c'est elle qui confère à leur travail un sens. Il faut en effet que ce sens soit clairement perçu par ceux qui y travaillent pour qu'une œuvre soit réussie. " # Systèmes, structures et processus territoriaux de production : l’industrialisation des territoires comme modes d’organisation sociale et culturelle ## Mardi 8 Février 2022 La dimension territoriale de ces systèmes, et donc leur capacité à générer des processus d’apprentissage dépend de la manière dont s’organise la production à savoir de l’intensité et de la nature des relations horizontales entre les acteurs, de leur interdépendance et de leur degré d’autonomie dans la prise de décision et la formulation de projets. # Réenchanter le monde - Bernard Stiegler la valeur esprit contre le populisme industriel ## Mardi 15 Février 2022 Paul Valéry, pressentant la catastrophe où menait le nazisme, constatait dès 1939 une « baisse de la valeur esprit ». Aurait-il pu imaginer dans quel état de déchéance généralisée tomberait l’humanité quelques décennies plus tard – là où nous en sommes ? En 1939, seulement 45 % des Français écoutent la radio, et la télévision n’existe pas encore. En ce début de XXIe siècle, les objets communicants poursuivent les temps de cerveaux disponibles où qu’ils aillent, du lever au coucher. Un capitalisme s’est imposé, que l’on dit tantôt « culturel », tantôt « cognitif », mais qui est avant tout jusqu’à présent l’organisation ravageuse d’un populisme industriel tirant parti de toutes les évolutions technologiques pour faire du siège de l’esprit un simple organe réflexe : un cerveau rabattu au rang d’ensemble de neurones, un cerveau sans conscience. En 2005, le Medef réunissait son université d’été sous la bannière du « réenchantement du monde ». Ce livre propose de le prendre au mot : réenchanter le monde, c’est nécessairement revisiter et réévaluer le rôle de l’esprit dans l’organisation de l’économie. # L'imaginaire du réseau Pierre Musso, Manucius Modelisations Des Imaginaires 20 Janvier 2022 ## Mardi 22 Février 2022 Un nouveau paradigme technologique domine l'imaginaire contemporain, celui du Réseau, érigé en divinité séculière dont l'Internet est une des incarnations. Tout devient réseau: la planète, le territoire, les institutions, l'entreprise, l'Etat... et les individus. Le réseau-technique promet le fonctionnement efficace du monde hyper-industriel et le réseau-technologie permet d'en rendre compte. Le Réseau est un repère comme jadis le fut l'Arbre: il s'opposerait à la pyramide et à la hiérarchie. Et pourtant son imaginaire est ambivalent: Tantôt il offre communication et fluidité et tantôt surveillance et contrôle. Cet ouvrage explore le concept de réseau et son imaginaire à travers sa longue généalogie: de la mythologie grecque à l'Internet qui assimilent le réseau au cerveau et à l’ordinateur. https://www.librairielalinea.fr/livre/9782845787629-l-imaginaire-du-reseau-pierre-musso/ [source](https://www.laboratoireterritorial.fr/systemes-structures-et-processus-territoriaux-de-production-lindustrialisation-des-territoires-comme-modes-dorganisation-sociale-et-culturelle/) # Le désir du milieu (dans la philosophie française) par VICTOR PETIT ## Mardi 8 Mars 2022 Vous ne trouverez pas le mot « milieu » dans un glossaire de Deleuze ou de Guattari. Le milieu n’est pas un concept deleuzien comme il est un concept canguilhemien, simondonien, ou stieglerien. Et pourtant, voulez-vous comprendre une philosophie ? Cherchez son milieu... Non pas l’intérieur ou l’extérieur, mais le pli du milieu intérieur et du milieu extérieur. Non pas l’individu ou la personne, mais la singularité pré-individuelle et l’individuation non personnelle, c’est-à-dire l’héccéité qui pousse au milieu. http://www.ladeleuziana.org/wp-content/uploads/2018/01/Deleuziana6_10-25_Petit.pdf # Petite introduction à Nietzsche avec la phrase « il n’y a pas de faits, seulement des interprétations ## Mardi 15 Mars 2022 La volonté de puissance est une lutte entre deux instincts qui tentent de se dominer. L’homme recherche donc la puissance, moteur vital de l’humanité. Ainsi, si l’homme prétend chercher le bonheur, il recherche en fait, à travers lui, la puissance. • « Ce que veut l’homme, la moindre parcelle du vivant, c’est un accroissement de puissance. » Lorsque l’un des instincts remporte la bataille, il peut imposer ses valeurs, interpréter le monde à sa façon ; ainsi le réel n’existe pas, seules les interprétations existent. • « il n’y a pas de faits, seulement des interprétations ». Nietzsche considère que la science elle-même est une interprétation : les vérités scientifiques résultent de simplifications, qui permettent aux hommes de se rassurer. Mais ces vérités ne peuvent décrire le réel dans sa complexité, dans sa mobilité, dans sa diversité, etc. https://www.lemondepolitique.fr/culture-generale/nietzsche Pour compléter je vous propose ce texte https://www.cairn.info/revue-lignes1-2002-1-page-97.htm • « Pas de faits, rien que des interprétations » • Véronique Bergen # La fabrique de l’homme occidental ## Mardi 29 Mars 2022 Nous partons de cette fatalité que les chemins de la pensée débouchent inévitablement sur l’interrogation immémoriale : au nom de quoi peut-on vivre ? c’est-à-dire, pourquoi vivre ? oui, pourquoi ? il n’est au pouvoir d’aucune société de congédier “le pourquoi” d’abolir cette marque de l’humain. Et pourtant… L’effondrement du questionnement, en cet Occident trop sûre de lui-même, est aussi impressionnant que ses victoires scientifiques et techniques. La peur de penser en dehors des consignes a fait de la liberté, si chèrement conquise, une prison, du discours sur l’homme et la société un langage de plomb. Que se passe-t-il ? Devenu la chose des sciences, l’animal parlant a quitté, crois-ton, le monde ténébreux des généalogies, le mystère a été détruit. A ce jeu-là, le château de cartes s’est écroulé, les échafaudages dogmatiques traditionnels achèvent de s’effondrer sous nos yeux. Etat, Religion, Révolution, Progrès, ces artifices sont emportés dans le déchaînement du Management scientifique promis à la terre entière. Qu’allons-nous faire de la désillusion ? Comme les autres civilisations, la Fabrique de l’homme occidental est aux prises avec la certitude de tous les temps : que tout converge, dans l’expérience de l’humanité, vers le point précaire, “la grande douleur confuse” dont parlait le romantique allemand Kerner, la douleur d’être né et de devoir mourir. Nous avons le devoir d’interroger à nouveau cette matière première des pouvoirs. Ce point faible en chaque homme, son statut d’individu périssable ; mais aussi d’admettre que notre mort a un sens, car elle fait vivre la construction humaine dont nous sommes l’expression passagère, comme dit le poète latin Virgile, “les pierres vivantes” les habitats institutionnels sont construits sur un vide - un vide à partir duquel se déploie la parole et qui porte la pensée. A la croisée des chemins historiques, une tâche s’impose : restaurer le doute, analyser l’agencement des ignorances qui font cortège à la Science contemporaine, surmonter la croyance obscurantiste d’aujourd’hui. Instituer la vie : quel est le maître mot qui résume cette tâche. La fabrique de l’homme n’est pas une usine à reproduire des souches génétiques. On ne verra jamais gouverner une société sans les champs et la musique, sans les chorégraphies et les rites, sans les grands monuments religieux poétiques de la Solitude humaine. Pierre Legendre “La fabrique de l’homme occidental” arte editions et editions mille et une nuits # l’Anthropocène comme succession de chocs technologiques et le rôle néguanthropique du savoir ## Mardi 5 Avril 2022 …. La question de l’Anthropocène, qui porte en elle son propre dépassement, et qui a la structure d'une promesse, émerge au moment où s'instaure d'autre part l'automatisation intégrale et généralisée provoquée par l'industrie des traces numériques réticulaires, cependant que celle-ci paraît rendre cette promesse intenable. Tenir bon, c'est-à-dire tenir cette promesse, c'est la tenir précisément à partir des possibilités néguanthropiques ouvertes par l'automatisation : c'est penser cette industrie de la réticulation comme une nouvelle époque du travail, comme la fin de l'époque de l'emploi, que l'automatisation intégrale et généralisée compromet à jamais, et comme « transvaluation» de la valeur où le temps de travail cesse et doit cesser d'être [la] mesure [du travail], et [où] la valeur d'échange cesse donc aussi d'être la mesure de la valeur d’usage[^1] où la valeur de la valeur devient la néguanthropie. Ce n'est qu'ainsi que le passage de l'Anthropocène au Néguanthropocène peut et doit s'accomplir. [^1]: Karl Marx, Grundrisse [der Kritike der pölitischen Okonomie] Il ; Fondements de la critique de l'économie politique, Anthropos, 1968, p. 221. B.Steigler La société automatique. 1 - L'avenir du travail p. 33 # La TAZ ou Zone Autonome Temporaire ne se définit pas ## Mardi 12 Avril 2022 Des "Utopies pirates" du XVIIIe au réseau planétaire du XXIe siècle, elle se manifeste à qui sait la voir, "apparaissant-disparaissant" pour mieux échapper aux Arpenteurs de l'Etat. Elle occupe provisoirement un territoire, dans l'espace, le temps ou l'imaginaire, et se dissout dès lors qu'il est répertorié. La TAZ fuit les TAZs affichées, les espaces "concédés" à la liberté : elle prend d'assaut, et retourne à l'invisible. Elle est une "insurrection" hors le Temps et l'Histoire, une tactique de la disparition. Le terme s'est répandu dans les milieux internationaux de la "cyber-culture", au point de passer dans le langage courant, avec son lot obligé de méprises et de contresens. La TAZ ne peut exister qu'en préservant un certain anonymat ; comme son auteur, Hakim Bey, dont les articles "apparaissent" ici et là, libres de droits, sous forme de livre ou sur le Net, mouvants, contradictoires, mais pointant toujours quelques routes pour les caravanes de la pensée. http://www.lyber-eclat.net/lyber/taz.html # Comment atteindre le flow et s'épanouir dans sa vie ? ## Mardi 19 Avril 2022 On doit le concept du flow au psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi. Au début des années 1970, il oriente ses recherches sur le bonheur et se penche notamment sur le cas des artistes. Qu'est-ce qui leur donne le sentiment que ça vaut le coup de faire toute leur vie quelque chose qui ne leur apportera probablement ni gloire, ni fortune, mais qui donne du sens à leur existence ? https://www.cosmopolitan.fr/comment-atteindre-le-flow-et-s-epanouir-dans-sa-vie,2022370.asp # A propos du temps du temps disponible pour la génération qui vient. ## Mardi 26 Avril 2022 «À mesure que la grande industrie se développe, la création de richesses en vient à dépendre moins du temps de travail et de la quantité de travail utilisée, que de la puissance des agents qui sont mis en mouvement pendant la durée du travail. L'énorme efficience de ces agents est, à son tour, sans rapport aucun avec le temps de travail immédiat que coûte leur production. Elle dépend bien plutôt du niveau général de la science et du progrès de la technologie ou de l'application de cette science à la production. Elle dépend bien plutôt du niveau général de la science et du progrès de la technologie. [...] Dès que le travail, sous sa forme immédiate, a cessé d'être la source principale de la richesse, le temps de travail cesse et doit cesser d'être sa mesure, et la valeur d'échange cesse donc aussi d'être la mesure de la valeur d'usage. Le surtravail des grandes masses a cessé d'être la condition du développement de la richesse générale, tout comme le non-travail de quelques-uns a cessé d'être la condition du développement des forces générales du cerveau humain. » KARL MARX Chapitre 6 : La sociétè automatique 1. L'avenir du travail B. Stiegler # Instituer le collectif dans la création : entre discours et pratiques ## Mardi 3 Mai 2022 ### Séance 6. Retisser le collectif À partir des travaux qui opèrent une réévaluation des auctorialités stables par la recherche des relations et des apports qui concourent à construire l’identité artistique, il s’agira de s’intéresser aux discours critiques qui viennent redistribuer les contributions et les collaborations dans la création. Élargir les définitions de la création collective ouvre ainsi la voie à un examen et une identification des groupes ou des communautés qui ne rendent pas nécessairement publiques leurs expériences de collaboration. Ainsi, cette extension des frontières de la notion de collectif en art permet d’appréhender et penser la création collective où elle n’est pas forcément revendiquée10. Reprenant les propos de René Passeron qui déclare que « l’emprunt est dans le temps comme dans l’espace, une sorte de collaboration11 », comment penser des filiations, des enchevêtrements et des lignées qui reconfigurent des lectures de la création artistique par un regard rétrospectif, la redéployant dans une histoire collective ? Quelle place accorder aux collaborateurs invisibles et quel statut attribuer aux techniciens fréquemment qualifiés comme des assistants, malgré parfois un apport décisif ou une collaboration de longue durée avec un artiste dont l’attribution de l’œuvre lui est bien souvent exclusive ? Comment le travail du chercheur en art permet-il une redistribution des auctorialités discrètes12 ? Comment ce même chercheur vient-il proposer une lecture venant « re-collectiviser » la création artistique ? Peut-on penser le collectif qui n’a pas conscience de lui-même, quelles méthodes développer pour construire un tel objet d’étude et comment le qualifier ? Dans cette perspective, une approche historique et critique des discours sur l’art venant configurer des groupes, des mouvements et des genres par le rapprochement ou la réunion d’œuvres selon des critères communs, pourrait être interrogée. Enfin, quels peuvent être les apports de réévaluer la création artistique par le prisme de son inscription dans un tissu de collaboration ? Une telle entreprise n’est-elle pas encline à investir la notion de collectif d’une considération étendue qui participe à déconstruire toujours davantage la figure d’artiste individuel ? Privilégiant par cette démarche la notion d’attribution, il s’agira de réfléchir dans le cadre du collectif aux frontières voire aux tensions entre la signature entendu comme caractéristique d’une subjectivité explicite et le style, qui renvoie à un déploiement plus complexe d’éléments au sein des œuvres. Source https://www.fabula.org/actualites/instituer-le-collectif-dans-la-creation-entre-discours-et-pratiques_103142.php # Quelles transitions énergétiques pour les trois écologies ? ## Mardi 10 Mai 2022 Si les concepts d’entropie et de néguentropie sont présents dès les premiers écrits de Bernard Stiegler (notamment dans La technique et le temps), ils prennent dans ses derniers travaux une importance fondamentale, en particulier lorsqu’il s’agit de peanser la question de l’Anthropocène, que Bernard Stiegler décrit comme une Entropocène, et qu’il propose d’appréhender comme un processus d’augmentation de l’entropie à différents niveaux (thermodynamique, biologique et informationnel ou psycho-social). Cette thèse, au cœur des deux tomes de Qu’appelle-t-on panser ? et de l’ouvrage collectif Bifurquer, nous invite à repenser la crise écologique contemporaine comme un triple problème d’écologie environnementale, d’écologie mentale et d’écologie sociale, auquel il convient de répondre par une double transition énergétique, fondée sur l’économie et le soin des ressources physico-chimiques et minérales, mais aussi sur l’économie et le soin des ressources psychiques et libidinales. Cet article tente d’expliciter ces analyses et de les prolonger : à partir des travaux de Nicholas Georgescu-Roegen, de Félix Guattari et de Bernard Stiegler, confrontés à d’autres théories contemporaines de l’entropie environnementale, de l’entropie psychique ou de l’entropie sociale, il s’agit d’explorer la piste d’une « croissance anti-entropique ». https://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article117 Texte de l’intervention de Anne Alombert lors de la rencontre vendredi dernier dans le cadre de Néguentropie aux Humans Tech.days # Pourquoi alors le mot « art » pour une licence libre concernant tous types de contenus y compris non-artistiques ? ## Mardi 17 Mai 2022 * Parce que « art » vient du latin « ars, artis » qui veut dire tout simplement : façon, manière. « Il est lié à la technique, « technê » qui ne désigne pas seulement le faire de l’artisan et son art, mais aussi l’art au sens élevé du mot et les beaux-arts. La techné fait partie du produire, de la poiêsis; elle est poiétique.1» Ainsi, si l’art est une technique et la technique un art, la beauté de cet art ne se réalise pleinement que si son geste est libre. Dans le cas contraire, il est l’élément servile d’une technologie dominante. L’art libre veut dire la technique libre. * Parce que « art » est un mot « poil à gratter ». Il chatouille le fond culturel commun, il le fait briller en le libérant de l’épaisse couche protectrice qui tient les êtres et les choses captifs. * Parce que « art » n’est pas un gros mot. C’est juste un petit mot qui se marie très bien avec la liberté. Source http://artlibre.org/quest-ce-que-lart-libre/ # Pour une poétique de la réparation ## Mardi 22 Mai 2022 Un texte que m’a transmis Aline Perdereau. La réparation relève, par essence, d’une sort d’art. Ou plutôt, elle transforme ceux qui s’y livrent en artistes authentiques, conformément à cette mission que leur confiait Francis Ponge : « L’artiste doit ouvrir un atelier, et y prendre en réparation le monde, par fragments, comme il nous vient ». Le chantier qui s’ouvre là est immense : dans le souci d’empêcher notre monde de se défaire, ne convient-il pas de réparer les âmes, les corps, les paysages, les machines, les liens sociaux, les téléphones ? Et tout ce qui est cassé, abîmé, bringuebalant ? Mais il ne faut pas croire : la réparation n’est pas une activité triste. En un sens, elle est néguentropique, procurant la joie d’avoir réinstallé un peu d’ordre dans le monde. https://usbeketrica.com/fr/article/pour-une-poetique-de-la-reparation # Alain Supiot : « Une société qui donne pour idéal à sa jeunesse de devenir millionnaire se condamne à la répétition des crises » ## Mardi 31 Mai 2022 Vous écrivez que « la justice sociale ne doit pas être enfermée dans la binarité de l’avoir et de l’être, mais s’ouvrir à l’agir ». Qu’est-ce à dire ? Il s’agit précisément de dépasser l’opposition entre justice distributive et justice recognitive, c’est-à-dire entre ce qu’on nomme aujourd’hui le « social » et le « sociétal ». La première réduit les humains à ce qu’ils ont – à leur patrimoine et leur pouvoir d’achat ; et la seconde à ce qu’ils sont – à leur identité religieuse, chromatique ou sexuelle. Or il convient de tenir compte d’abord de ce qu’ils font, c’est-à-dire de la contribution qu’ils apportent par leur travail au bien-être commun. https://www.humanite.fr/en-debat/droit-du-travail/alain-supiot-une-societe-qui-donne-pour-ideal-sa-jeunesse-de-devenir-millionnaire-se-condamne-la-repetition-des-crises-751846 # L'art libre, un réalisme poétique. ## Mardi 7 Juin #### Préambule. Si j'écrivais un poème en réponse à la sollicitation qui m'a été faite de : « publier un texte sur le mouvement art libre et la culture libre »1, je serais dans une démarche politique car l'écriture poétique est, avant la lettre, politique. L'écriture poétique est le politique de toute écriture car le poème rompt avec la parole censée donner sens au langage en installant un jeu, un mouvement qui balance « entre le son et le sens ». Politique le poème parce que politique est ce qui tranche et décide d'une orientation 3. Celle du poème se situe à la racine du langage, à la source de ce qui résonne et non pas seulement ce qui raisonne. Politique est l'art également qui ne se confond pas avec le culturel. ***La pensée culturelle a pour tous les domaines position de spectatrice, non d'actrice ; elle ne considère au lieu de forces, que des formes ; au lieu de mouvements, que des objets ; au lieu de démarches et trajectoires, que des résidences.*** Dans ce « politique de l'art » il y a trois degrés qu'on peut résumer ainsi : – Le politique propre à l'art (l'art pour l'art) – Le politique explicite exprimé par l'art (l'art au service d'une cause politique) – Le politique implicite d'un art critique de l'art (l'art peut-être, l'art peut être). C'est ce dernier aspect qui nous intéresse et que nous allons développer avec le dit « art libre ». source : [L'art libre, un réalisme poétique.](https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03537763/document) # Quel est l'impact de la lecture sur écran sur les capacités cognitives ? Quelle articulation entre les médias numériques et le papier ? ## Mardi 14 juin #### Rencontre avec Maryanne Wolf, une neuroscientifique américaine, directrice du Centre pour la dyslexie, les apprentissages diversifiés et la justice sociale à UCLA. Pour les citoyens, il peut y avoir des implications très concrètes lorsqu’on ne développe pas son analyse critique ou son empathie. En effet, les processus évaluatifs au sein de l'analyse critique sont essentiels pour une démocratie : grâce à ces processus, nous devenons capables de discerner la vérité dans l'information, nous apprenons à générer des hypothèses et à faire des analogies entre ce que nous savons et ce que nous lisons. Le seul fait de discerner ou non la vérité a un impact fondamental sur le fonctionnement de la démocratie. A contrario, la perte ou la diminution de l'analyse critique et de l'empathie rend les citoyens plus vulnérables à la désinformation, aux fake news ou encore aux fausses promesses démagogues. Malheureusement, de plus en plus, les individus n'utilisent que les informations qui, d'une source à l'autre, confirment ce qu'ils pensent. De nombreux citoyens, bombardés d'informations, se contentent de lire les sources qui leur sont familières et qui confirment et renforcent leur pensée antérieure. Ce biais de confirmation se voit renforcé par l'appartenance à un groupe et peut conduire à l'acceptation de points de vue autrement insoutenables, notamment à l'égard de ceux qui sont considérés comme « autres ». La polarisation de la société est exacerbée par ce type de pensée, qui diabolise souvent ceux qui sont différents. La tendance à une pensée aussi étroite est à l'opposé de la démocratie, qui se nourrit d'une multitude d'opinions. D'un point de vue cognitif, cela signifie que la construction du savoir, la pensée critique et la sagesse sont court-circuitées. Aussi, si l'accès à l'information sur Internet est essentiel, encore faut-il que les citoyens détiennent un esprit critique et empathique, et soient capables d'analyser et d'évaluer l'information dans un contexte plus global. source : https://cnnumerique.fr/5-questions-maryanne-wolf-nous-devons-comprendre-ce-que-fait-chaque-technologie-et-etre-capables-de source : https://cnnumerique.fr/de-lattention-profonde-lhyper-attention-comment-apprehender-le-numerique-dans-le-secteur-educatif # Un événement historique pour l’ESS La 110e session de la Conférence internationale du travail (CIT) s’est achevée le 11 juin 2022 en adoptant pour la première fois, dans ses conclusions, une définition universelle de l’économie sociale et solidaire (ESS). C’est un événement historique, qui pose un jalon essentiel pour aller vers une révolution au sein des Nations unies. ## Mardi 12 juillet 2022 Proposition d'un temps de lecture et de dialogue pour le 12 Juillet 2022 Je vous propose de Vous retrouver ici à 12h42 pour la prochaine édition du groupe 42. Les modalités de la rencontre son disponible ici elles ont évoluées ill est possible de manger/marcher pendant la rencontre qui ne sera plus que de 42’. Un événement historique pour l’ESS La 110e session de la Conférence internationale du travail (CIT) s’est achevée le 11 juin 2022 en adoptant pour la première fois, dans ses conclusions, une définition universelle de l’économie sociale et solidaire (ESS). C’est un événement historique, qui pose un jalon essentiel pour aller vers une révolution au sein des Nations unies. Créée en 1919, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a proclamé quatre-vingts ans plus tard que son « but fondamental (…) est que chaque femme et chaque homme puissent accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité ». Le travail décent a intégré l’Objectif 8 du programme de développement durable pour 2030 des Nations unies. Il repose sur quatre piliers : la création d’emploi, la protection sociale, le dialogue social, et les droits au travail – dans lesquels il était prévu d’intégrer les enjeux de sécurité et de santé lors de cette CIT. https://www.alternatives-economiques.fr/timothee-duverger/un-evenement-historique-less/00103668 https://www.ilo.org/global/standards/subjects-covered-by-international-labour-standards/occupational-safety-and-health/lang--fr/index.htm # Qu’appelle-t-on bifurquer ? ## Septembre #### Par-delà désertion et compromission : chercher de nouvelles alternatives. Par Anne Alombert, Adrien Zerrad, Esther Haberland, Victor Chaix, Simon Dautheville et Michał Krzykawski Si le travail porteur de sens et d’avenir auquel aspirent les « bifurqueurs » ne coïncident pas avec les emplois salariés que leur propose le « marché », c’est que le modèle dominant du salariat lui-même doit être interrogé : la question qui se pose, en creux de ces bifurcations, est celle de savoir comment valoriser (à la fois socialement et économiquement) des activités soutenables, solvables et désirables pour les territoires et les populations, alors même que les indicateurs économiques dominants (le PIB exemplairement) ne mesurent que la valeur marchande des produits échangés. Quels nouveaux indicateurs économiques constituer ? Quelle nouvelle organisation sociale du travail et de sa répartition amorcer ? Bref, comment passer d’un capitalisme computationnel consumériste fondé sur l’extraction des ressources et des données à une économie fondée sur la valorisation des activités engagées, et porteuses d’avenir pour les sociétés ? source : https://blogs.mediapart.fr/les-amis-de-la-generation-thunberg/blog/030822/qu-appelle-t-bifurquer # Entropie, Neguentropie et Anti-entropie : le jeu des tensions pour penser le vivant ## Octobre Cela n'empêche pas que l'on puisse aussi accentuer l'aspect "dispersion", émiettement, baisse de l’énergie disponible pour faire du travail ... induit par l'entropie qui est un aspect inhérent et fondamental de la notion et de son origine en physique. Par exemple et pour mentionner une autre science historique, l’économie, Georgescu-Roegen a très bien fait (et il y a longtemps : (Georgescu-Roegen 1971)) de critiquer les analyses économiques basées sur les dynamiques à l'équilibre : tout système économique, une entreprise, un pays, la Terre entière ... est traversé par un flot d’énergie matière, essentiel à son fonctionnement économique, il est donc loin de l’équilibre. Il faut alors et "au moins" considérer des processus de type thermodynamique en économie et, inévitablement, l'entropie qu'ils permettent d'analyser, si on veut s'inspirer de la physique. Ces remarques permettent à Georgescu-Roegen de développer des réflexions pionnières sur les effets destructeurs sur l’écosystème d’une économie qui transforme de l’énergie sans contrôle, sans un débat démocratique qui puisse en canaliser les effets pervers, sans alternatives au « parcours optimal » dicté par les forces qui s’équilibreraient dans la concurrence parfaite. "Au moins", car dans l'analyse d'une science historique comme l'économie et la biologie, il faut aller bien plus loin que la physique, même thermodynamique, voire, pour ce que sont les rapports entre biologie et physique, il faut "naturaliser" cette dernière en l’immergent dans le contexte plus général des théories de l’état vivant de la matière ; celle-ci est une démarche ultérieure qui demande, in primis, la prise en compte de l’histoire, comme changement de l’espace des possibles (des ‘‘phases’’, dans le langage de la physique), voir (Longo 2020b; Koppl et al. 2015). Marie CHOLLAT-NAMY, Giuseppe LONGO Source : https://www.di.ens.fr/users/longo/files/ChollatLongo-entropies.pdf # Le futur de la comptabilité est-il compatible avec la comptabilité du futur ? ## Novembre 2.1.2. Les ruptures du temps comptable Le temps comptable classique est un cadre de référence pour la stabilité et pour la certitude. Or l’environnement économique de la comptabilité est entré, depuis quelques années dans l’instabilité, dans les ruptures, dans l’incertitude, en particulier à cause de la révolution financière des trois D (déréglementation, décloisonnement, désintermédiation) qui a frappé les marchés financiers mondiaux et qui, dans une certaine mesure, a précipité la généralisation des normes IAS/IFRS. La comptabilité n’a pas encore intégré, dans ses schémas conceptuels FAS ou IFRS, la notion de chaos sous-jacente à cette révolution et ses conséquences. On peut en déduire comme I. Prigogine (Prigogine, Stengers, 1987, p. 228) l’a fait que « loin de l’équilibre, l’homogénéité du temps est doublement détruite : par la structure spatio-temporelle active qui confère au système le comportement d’une totalité organisée, caractérisée par des dimensions et un rythme intrinsèque, mais aussi par l’histoire qu’implique l’opposition de nouvelles structures ». Prigogine, spécialiste de la théorie du chaos, met l’accent sur les turbulences et les instabilités qui transforment la nature des systèmes présentant des bifurcations à partir desquelles un état irréversible se dessine. Une des conséquences est que cet état ne peut être déduit ni de sa structure ni de son état initial, seules son histoire et sa génétique peuvent l’expliquer. La comptabilité actuelle, évoluant dans un monde chaotique, a beaucoup de difficultés à prendre en compte et à décrire ces fluctuations : cette comptabilité nouvelle est à inventer. La comptabilité classique en partie double n’est pas faite pour tenir compte du chaos et pourtant, le chaos domine déjà la comptabilité, et la compatibilité, comme toute autre chose, est soumise à la règle universelle de l’entropie. Source : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-2-page-185.htm # La technologie numérique Peer to Peer comme support de développement d’un style relationnel convivialiste – Le cas du Manifeste des communs ## Décembre #### UNE APPRÉHENSION DE LA TECHNIQUE COMME STYLE RELATIONNEL La tonalité du Manifeste des communs est résolument politique à partir d’une proposition d’organisation économique.2 Les auteurs se refusent à tout déterminisme technologique. Tout est ainsi dans l’usage : un même outil peut permettre l’émergence d’espaces socio-politiques opposés. La technologie Peer to Peer peut être utilisée de différentes manières, ainsi en est-il de Facebook (et, dans le même registre, de Uber ou Bitcoin) ou de Wikipédia (mais aussi de Enspiral3, Farm Hack4, Sensorica5, Wikihouse6 ou des logiciels open source). Le premier épouse les ressorts du capitalisme et utilise la force du réseau et de la coopération pour accroître son capital – à partir de la vente des traces numériques de l’intimité humaine – tandis que le second est une pierre dans l’avènement d’un monde alternatif. La technophilie des auteurs du Manifeste des communs n’est pas une foi aveugle dans la technique1 : à aucun moment nous ne pouvons lire une fonction salvatrice de la technique. Les auteurs mentionnent simplement qu’à travers ces réseaux faiblement régulés où la contrainte hiérarchique est peu présente, la coopération est possible et peut permettre d’altérer l’hégémonie capitaliste. Dans ce manifeste la terminologie Peer to Peer (P2P) est donc avant tout appréhendée comme « un mode de relation qui permet aux êtres humains d’être connectés et organisés en réseaux, de collaborer, de produire et de partager. »2 (Bauwens, Kostakis, Pazaitis, 2018, p. 7). Ce qui semble ici particulièrement important est la possibilité de coopérer sans demander d’autorisation. Le numérique est ici au cœur d’une réorganisation sociale et politique. source : https://recherche.uco.fr/sites/default/files/fichiersbibliographiques/fichier-203-4605-1540-.pdf # La maison-monde Libres leçons de Braudel ## Janvier Privés de lendemains qui chantent, confrontés aux limites de l’expansion territoriale et du progrès quantitatif, de plus en plus de gens, de groupes humains, de peuples se sentent exclus d’un système mondialisé et indifférencié : ses richesses et ses pouvoirs leur sont inaccessibles. De plus en plus d’esprits se cognent contre les murs d’un prêt-à-penser terriblement univoque. N’aurions-nous plus pour horizon, dans ce présent trop prosaïque, que l’aveuglement et la ghettoïsation des nantis, le désespoir ou le nihilisme des exclus – et la barbarie généralisée ? Il est urgent de reprendre de l’air, du souffle. Pour habiter un monde vivable, nous avons besoin de le rendre, sinon pleinement intelligible, du moins suffisamment profond, articulé, construit, « étagé » : chacun doit pouvoir apprendre à y circuler, y échanger, y nouer des contrats et des alliances. Or nous disposons en la matière d’un architecte génial, ou plutôt d’un interprète exceptionnel de l’histoire humaine, à la façon dont Gaudí inventa son art en lisant la nature : Fernand Braudel. .... Si son œuvre marque déjà la pensée historique, ses réflexions sur l’économie n’ont altéré qu’à la marge le cours de cette discipline et encore moins ébranlé le discours technocratique. Presque personne enfin ne songe à utiliser cette œuvre pour infléchir les règles du jeu politique et social – et l’apprentissage de ces règles. Elle ouvre pourtant d’incroyables champs de liberté, où il redevient possible de travailler et de chercher – là où l’on n’apercevait qu’un avenir cadenassé. https://docs.eclm.fr/pdf_livre/294LaMaisonMonde.pdf # Pour une éco-critique de l’Entropocène : entropies, écologies, techniques et savoirs dans les sociétés hyperindustrielles ##### de Anne Alombert Licence : Creative Commons - Attribution 4.0 International - CC BY 4.0 ## février Un petit texte d'introduction pour présenter le texte du mois de février car il est un peu long et difficile. Le philosophe Allemand Günther Anders écrivit en 1956 cette réflexion prémonitoire « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau & la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. » « Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. » « On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. » « On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté » Günther Anders « l’obsolescence de l’homme » 1956. Texte du mois de février [Pour une éco-critique de l’Entropocène : entropies, écologies, techniques et savoirs dans les sociétés hyperindustrielles de Anne Alombert](https://journals.openedition.org/elfe/4361) # Quand la névrose managériale détruit les ressorts cachés de l'engagement ## Mars ##### de JC Casalegno, Enseignant chercheur consultant en Management, Groupe ESC Clermont La manière dont les managers occupent la position d’autorité est déterminante dans la façon dont les collaborateurs peuvent s’engager pour et dans l’organisation. Lorsque le manager détourne sa fonction pour tenter de réduire inconsciemment une souffrance infantile personnelle, l’Autre se réduit à n’être plus qu’un objet de son désir. Ce type de relation rend fondamentalement incertain l’engagement des collaborateurs qui peuvent à leur tour être tentés d’utiliser l’organisation pour leur propre intérêt. Cette posture " stratégique " de calcul n’est pas la plus efficace pour générer de la performance. Certaines conduites managériales ont de curieuses ressemblances avec des formes cliniques décrites dans la clinique d’inspiration psychanalytique. C’est "juste" une grille de lecture, certes perfectible, mais utiles pour révéler leur nature psychopathologique. https://www.4tempsdumanagement.com/4-71-Quand-la-nevrose-manageriale-detruit-les-ressorts-caches-de-l-engagement_a7306.html # Qu'est-ce que je fous là ? ## Avril ##### [Oury, donc Pierre Delion. ](https://www.editions-eres.com/ouvrage/4956/oury-donc) Une question revient sans cesse lorsque l'on évoque sa présence, son fameux « qu'est-ce que je fous là ? » C'était vraiment une de ses grandes questions, qui nécessi-tait, disait-il, une « réduction phénoménologique absolue ». C'est une question qui n'a l'air de rien - beaucoup trouvaient que ça ne faisait pas sérieux -, mais elle déclenche pourtant une avalanche de concepts qu'elle surdétermine... Ce concept formidable, le « qu'est-ce que je fous là ? » questionne à la fois l'éthique et l'épistémologie...] [... Quand on réfléchit bien à ce qui se passe ces temps-ci, est-ce que ce que nous faisons dans notre travail change vraiment quelque chose à la trajectoire des gens qui viennent nous voir ? Il reprenait souvent la distinction faite par Lacan à partir d'Aristote entre tuchê et automaton, entre la rencontre accueillante et le croisement automatique, voire automatisé, pour mieux insister sur l'importance de la fonction d'accueil dans la rencontre avec les patients, rencontre qui ne peut jamais être protocolisée, sous peine d'une perte d'authenticité et d'efficacité symbolique. Par exemple, une psychiatrie qui consisterait à uniformiser les symptômes de façon à les punaiser dans les cases d'un système international type DSM (Diagnostic and Statistical Manual), de façon à ouvrir le tiroir du pharmacien qui correspond automatiquement à ce qui va éradiquer ce symptôme, serait-elle une bonne psychiatrie au sens de Jean Oury ? Je ne suis pas contre les médicaments - et lui ne l'était absolument pas -, mais cela ne suffit pas, et de loin, à régler la complexité de la souffrance psychique voire de la maladie mentale. Il y a bien longtemps dans un article sur « le temps dans la psychose », il évoquait une atmosphère autour du point gris, allusion à Paul Klee, en opposition avec un certain « matin brun», faisant l'éloge de ceux qui peuvent dire « non » parce qu'ils disposent d'un point d'appui interne qui tient le coup... Oury avait parfois un côté un peu dur, notamment pour ceux qui avaient tendance à la compromission, et là il rappelait des choses essentielles à la psychiatrie sur la nécessité d'une réflexion psychopathologique, recréée sans cesse pour chaque patient, mais à la condition qu'on fiche la paix aux psychiatres et à leurs équipes. Il n'était pas contre le système des classifications internationales; il n'était pas contre le DSM en soi, mais il disait que c'était très loin de la compréhension profonde de la psychiatrie, ce qui n'est pas du tout pareil. Donc cette position d'Oury, le fameux « qu'est-ce que je fous là ? », position à la fois éthique et épistémologique, est tout à fait essentielle dans sa philosophie du soin...] Spécial dédicace à @audreyb un grand merci pour ton accueil :muscle_light_skin_tone: :the_horns_light_skin_tone: :waving_black_flag: # [Shakespeare–to–peer, par Bernard Stiegler](https://archive-magazine.jeudepaume.org/2011/08/shakespeare-to-peer/index.html) ## Mai Je suis un immanentiste qui pense que nous sommes à jamais tombés dans l’immanence, qu’il n’y a plus de transcendance, mais je ne crois pas pour autant qu’on en ait fini avec l’infini. Il y a dans l’immanence une expérience de l’infini s’il est vrai que l’immanence est l’expérience du désir dont l’objet est intrinsèquement infini – et ces questions constituent l’étoffe des œuvres de Nietzsche et de Freud. # Schizophrénie numérique | Anne Alombert ## Juin ### LE LIEU DE L'ESPRIT: PAR-DE LÀ COGNITIVISME ET NEUROCENTRISME, LA TÉLÉPATHIE TECHNIQUE UN siècle après les interrogations de Valéry, deux voies semblent ainsi s'ouvrir pour le "devenir de l'esprit": ou bien sa réduction à un ensemble de processus neuronaux ou de réflexes cérébraux, ou bien sa formalisation sous forme de calculs statistiques dans des machines algorithmiques. Ces deux voies n'en forment en fait qu'une seule, puisqu'il faut d'abord avoir réduit l'esprit à un ensemble d'opérations logiques se déroulant dans le cerveau sous forme de processus neuronaux pour pouvoir prétendre ensuite formaliser ces opérations logiques et les traduire dans des dispositifs algorithmiques et des circuits électroniques. Mais cette double perspective cognitiviste ou neurocentriste repose sur une erreur fondamentale: celle de vouloir localiser l'esprit dans un espace objectif, que ce soit celui du cerveau ou celui de la machine, comme si l'esprit était une chose matérielle que l'on pouvait observer dans un organe biologique ou dans des circuits élec-troniques. Dépasser cette fausse alternative impliquerait-il alors de soutenir que l'esprit serait une chose immatérielle et incorporelle ? Faudrait-il revenir à l'idée métaphysique d'une âme immortelle? Certainement pas. L'esprit n'est ni une chose matérielle ni une chose immatérielle, ni une chose biologique ni une chose machinique, car l'esprit n'est pas une chose, tout simplement. À partir du moment où l'on fait de l'esprit une chose individuelle et substantielle, on sera immédiatement tenté de le matérialiser (de le réduire au cerveau ou à la machine) ou de l'idéaliser (en le pensant comme une âme distincte du corps et de tout support): en ce sens, le matérialisme et l'idéalisme sont victimes d'une même illusion, qui consiste à substantialiser et à individualiser l'esprit. Mais l'esprit n'est ni une substance matérielle ni une substance immatérielle, car il n'est pas une substance individuelle: l'esprit n'est pas à proprement parler, il ne fait que passer et circuler, dans les milieux technosym-boliques par lesquels nous sommes entourés. L'esprit est une activité ou une relation qui suppose toujours des corps vivants et un milieu technique pour s'exercer: l'esprit circule entre les cerveaux (c'est-à-dire aussi entre les corps), qui se relient par l'intermédiaire de supports techniques, qui sont aussi des supports symboliques. L'esprit n'est donc pas une âme immatérielle, car il a bien des conditions biologiques, psychiques et techniques de possibilités, mais il ne se situe pas pour autant dans des cerveaux ou dans des machines, car il n'est pas une chose située dans un espace objectivé. Loin de se réduire à un ensemble de processus neuronaux ou d'opérations logiques formalisées, loin de s'apparenter à une âme individualisée, la pensée constitue un processus d'individuation psychique et collectif, un processus au cours duquel les individus vivants et désirants se relient collectivement en partageant des symboles et des significations, qui sont toujours inscrits, déposés, sédimentés dans des supports techniques et matériels permettant de les manipuler. L'esprit ne se situe nulle part ailleurs que dans ces symboles et ces significations partagés par les individus et supportés par toutes sortes de dispositifs artificiels, sans lesquels la pensée ne saurait s'exercer. [Dans quel monde on vit : entretien avec Anne Alombert Samedi 20 mai, Anne Alombert sera l'invitée de Pascal Claude dans l'émission Dans quel monde on vit, pour évoquer Schizophrénie numérique. À écouter à partir de 10h sur La Première (RTBF)](https://www.editions-allia.com/fr/editions-allia/agenda/2023-05/966/dans-quel-monde-on-vit-entretien-avec-anne-alombert) # Saisir et dépasser l’époque ## Juillet Dans quelles conditions pouvons-nous « percer l’époque », et ainsi, résister au présent ? Quelles écologies sociales, mentales – écologies de la technique – font cruellement défaut à nos quotidiennetés hyper-connectées ? Pour éviter de succomber à une précipitation aveugle, réinterrogeons-« nous ». >« L'eau est ce que voit toujours le poisson, ce qu'il ne voit jamais » : c’est ainsi que le philosophe se voulait être poisson volant. Et c’est cela, pour Stiegler, le rôle de l’épokhè, « telle qu’elle est à l’origine d’une conversion du regard, d’un changement de façon de penser ». Elle nous convoque à sortir du milieu dans lequel on baigne, à suspendre par intermittence nos automatismes de pensée, d’action, comme condition indispensable à toute transformation et/ou adoption de ce milieu. ## Érotique de l’administration ## août Assiste-t-on à ce qu’il faudrait appeler la fin du management ? Le désaveu qui le frappe ne cesse de s’intensifier en effet, jusqu’au phénomène de démission massive qui s’est produit dans le monde durant la période pandémique. Or ce que cette actualité met en évidence, ce n’est pas la fin-terme mais la fin-but, c’est-à-dire le déploiement de nouvelles aspirations et de nouvelles finalités : le management ne peut plus reposer sur un projet techno-scientifique se focalisant seulement sur l’utilisation systémique de « ressources », mais doit aussi compter sur une exigence éthique où prime le circuit des affects. Cette mutation profonde sonne comme une tâche pour la philosophie, afin de ne plus concevoir le management comme une science prédictive sur le mode de l’objet, mais pour revenir à la réalité même des acteurs et de leurs besoins. Une telle tâche passe par un renouvellement du langage managérial traditionnel dessinant les contours d’une érotique de l’administration. Sea Sex & Sun dans le groupe 42 :grin: [source](https://www.puf.com/content/%C3%89rotique_de_l%E2%80%99administration) # *The Managerial Revolution* de [James Burnham](https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Burnham) ou L’Ère des organisateurs ## septembre The Managerial Revolution ou, en français, « L’Ère des organisateurs », est aujourd’hui (2017) un ouvrage largement oublié. Paru en 1941 aux Etats-Unis et traduit en français en 1947, il n’a, à ma connaissance, pas été réédité depuis. Pourtant, l’ouvrage a « fait sensation » lors de sa parution. Et de fait, la thèse qu’il présente avait de quoi bouleverser les conceptions socio-économiques de l’époque. Elle peut se résumer ainsi : * Le capitalisme est en voie de disparition rapide. Le mouvement a commencé durant la guerre de 1914-1918. * Le socialisme, ou plus généralement, tous les dérivés du marxisme, ainsi que l’anarchisme, ne succéderont pas au capitalisme contrairement aux convictions de l’époque. * Le capitalisme sera remplacé par une nouvelle organisation de la société basée sur les « managers » (les « directeurs » dans l’édition française). Ce remplacement est déjà engagé et devrait être achevé en quelques années (années 1950-1960). * La plupart des nations perdront de fait leur souveraineté et seront dominées par quelques pays majeurs au sein de supra-organisations qui seront en concurrence pour la domination du monde. Il en voit trois : les Etats-Unis, l’Europe (dominée par l’Allemagne) et l’Asie (dominée par le Japon). Accessoirement, il démontre également que l’unilatéralisme (la domination d’un Etat sur tous les autres) n’est pas envisageable dans un avenir concevable. Exposé ainsi, le lecteur pourrait conclure que ce livre mérite d’être oublié parce que sa thèse principale s’est révélée erronée. Il n’a donc fait que rejoindre les innombrables autres théories sur les évolutions de la société que l’histoire s’est empressée de démentir. Toutefois, on peut faire un autre exposé de cet ouvrage qui change radicalement l’appréciation qu’on peut en avoir : [source](https://www.pascalchour.fr/perso/divers/livres/ere_organisateurs/ere_organisateurs.htm) [source](https://blogs.mediapart.fr/les-amis-de-la-generation-thunberg/blog/140623/saisir-et-depasser-l-epoque/alerter) # Le carré sémiotique ## Octobre Outil le plus précieux du sémiologue, le carré sémiotique est parvenu à s’imposer dans les agences de communication. Mais qu’est-ce qu’un carré sémiotique ? à quoi sert-il exactement ? Et comment l’appliquer correctement ? La réponse à toutes vos questions ici ! Le carré sémiotique est une approche puissante. Elle permet de sortir des oppositions purement binaires en déployant d’autres univers de significations. [source](https://www.elodie-mielczareck.com/articles/carre-semiotique) # Transformer l'ontologie pour penser l'individuation : Simondon et la pensée ontogénétique ## Novembre ### Une lecture critique de la philosophie occidentale: l'ontologie comme occultation de l'opération d'individuation La théorie de l'individuation que Gilbert Simondon élabore dans le cadre de sa thèse principale intitulée L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information et publiée en 1964 procède d'une lecture critique de la philosophie traditionnelle : en effet, selon Simondon, la «tradition philosophique occidentale» repose sur un postulat problématique, «selon lequel l'être est d'abord substance, c'est-à-dire existe comme individué avant toute opération et toute genèse» (ILFI, p.92 et p.266). Un tel postulat conduit à rechercher un être individué premier au principe de l'existence des êtres individués, au lieu de s'intéresser à l'opération d'individuation qui relient les individus et leurs milieux. Le geste de Simondon consiste alors à renverser la perspective ontologique en une perspective ontogénétique, qui ne s'interroge plus sur le principe et les résultats de l'opération d'indi-viduation, mais sur l'opération d'individuation elle-même, que les schèmes de pensée substantialiste et hylémorphique inhérents à la tradition philosophique avaient occultée. La perspective ouverte par Simondon n'a pas pour but de fournir une nouvelle réponse à la question ontologique (en déterminant un nouveau principe), mais de transformer en profondeur la manière de questionner (en mettant au jour l'opération d'individuation que la recherche du principe empêchait de penser). Là où la pensée ontologique se fondait sur le schème hylémorphique issu du paradigme technologique pour expliquer la réalité individuée, la pensée ontogénétique devra s'appuyer sur le schème transductif issu du paradigme physique pour mettre au jour l'opération d'individuation. [source](http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100646930&fa=author&person_id=7523) # Méta-Groupe 42 ## Décembre ### Économie créative #### Une économie... « [Les économies créatives](https://fr.wikipedia.org/wiki/Economie_cr%C3%A9ative "Economie créative") englobent le cycle de création, de production et de distribution de biens et de services dans lequel le facteur de base est l’utilisation du capital intellectuel. » Et elles ont comme principe un assemblage entre différentes secteurs d’activité qui traditionnellement ne travaillaient pas ensemble. L'Institut des Deux Rives, un « think tank » créé à Bordeaux par [Georges Viala](https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Georges_Viala&action=edit&redlink=1 "Georges Viala (page inexistante)"), cite 14 secteurs relevant de cette économie : --- # l'origine de 42 [La grande question sur la vie, l'univers et le reste](https://fr.wikipedia.org/wiki/La_grande_question_sur_la_vie%2C_l'univers_et_le_reste)