# Méta-42 ###### tags: `Néguentropie`,`2024` [TOC] ## Recherche du "Point Gris" de Paul Klee Modalité proposé de la rencontre les mardi à 12h42. le texte proposé pourra faire l'objet de plusieurs scéances. ### Déroulement de la rencontre Présentation d'un texte (max 15 minutes) choisis par l'un des participants du groupe constitué 15 minutes de partage autour du texte présenté. Il est possible de marcher ou manger pendant la scéance. Tous les échanges seront sous la Licence [WTFPL](https://fr.wikipedia.org/wiki/WTFPL) [Archives](https://hackmd.io/@Erwan/Méta-Groupe42) ## Par-delà nature et culture ou animalité et humanité : programmes génétiques et archives symboliques ### Janvier L'originalité des travaux de Leroi-Gourhan, tels que les lit Derrida, consiste dans la tentative de penser le statut de ladite «humanité» sans recourir aux «concepts qui servent habituellement à distinguer l'homme des autres vivants (instinct et intelligence, absence ou présence de la parole, de la société, de l'économie, etc., etc.)» mais «plutôt comme une étape ou une articulation de l'histoire de la vie» (de ce que Derrida appelle ici la différance) (DG, p.120). Pour ce faire, comme le rappelle Derrida, Leroi-Gourhan recourt à la notion de «programme»: ce qui lui semble déterminant dans le processus de l'hominisation, plus que l'accès à tel ou tel «propre de l'homme», c'est la «libération de la mémoire», l'extériorisation des «chaines comportementales» ou des «programmes comportementaux» (gestes corporels, manuels ou phonatoires) dans des supports inorganiques extérieurs aux corps vivants (des silex taillés d'abord, puis d'autres outils, mais aussi des peintures rupestres, des mythogrammes, des inscriptions littérales, et ainsi de suite jusqu'aux «fichiers électroniques») (ibid., p.121). Selon le paléoanthropologue en effet, toute communauté de vivants doit, pour se perpétuer et évoluer dans le temps, conserver et transmettre les chaînes opératoires qui règlent les comportements des organismes: qu'il soit «animal» ou «humain», «le groupement survit par l'existence d'une véritable mémoire dans laquelle s'inscrivent les comportements», mémoire dont le support «est non pas soit instinctif soit intellectuel mais, à des degrés variés, à la fois zoologique et social» (GPII, p.12). Dans les sociétés dites «animales», cette conservation et cette transmission des chaînes comportementales s'opèrent principalement par le biais du programme génétique et le dispositif de l'instinct qui permet la survie des organismes. Mais dans les sociétés dites «humaines», les supports de mémoire que constituent le langage et les outils techniques prennent le relais de l'inscription génétique. [Penser l'humain et la technique | Simondon et Derrida après la métaphisique](http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100646930&fa=author&person_id=7523) ## La question de la technique exosomatique ### Février En dépit des nouvelles possibilités ouvertes par les projets d’augmentation artificielle de l’intelligence, dès 1969, le biologiste évolutionniste Garrett Hardin s’interrogeait dans une revue informatique sur le danger de l’évolution exosomatique46, c’est-à-dire de l’évolution de ce que nous considérons habituellement comme de simples outils. Selon lui, la décision d’extérioriser les fonctions n’entraîne aucune perte globale pour le système dans son ensemble, mais plutôt un déplacement : > L’invention du couteau n’a causé aucune perte globale de fonction. La fonction a simplement été déplacée (en partie) de l’intérieur de l’organisme humain vers l’extérieur – de sa mâchoire, qui fait partie de lui, à son couteau qui n’en fait pas partie. Le couteau fait partie d’une grande classe d’appareils auxquels un sage évolutionniste du nom de A. J. Lotka a donné le nom d’organes exosomatiques47. Cependant, la technologie exosomatique peut conduire à une dégénérescence des capacités endosomatiques naturelles. Dès lors, l’entrée dans le domaine de l’intelligence exosomatique implique de nouveaux risques et de nouveaux dangers : nous prenons le risque de l’extériorisation, donc de la perte, de la pensée elle-même. D’où la proposition d’« athlétisme intellectuel » développée par Hardin, qui suggère de maintenir, d’entraîner et de cultiver l’intelligence humaine dans le milieu des systèmes techniques informatiques. [L’amplification exosomatique de l’intelligence](https://journals.openedition.org/appareil/7138) David Bates Traduction de Anne Alombert ## "Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou" ### Mars Le rapport animal à la connaissance > Dans "Le Gai Savoir", Nietzsche parle des « dangereux peut-être » qui constituent le moteur de la recherche philosophique. Précisément parce que l’incertitude ou l’absence de réponse rend fou l’animal humain. Il faut combler cette ignorance, et ce que dit Nietzsche, c’est que la connaissance est une conséquence de la protection : le premier moteur de la connaissance c’est la crainte (de ne pas savoir, du lendemain...). On veut connaître parce qu’on a peur. Nietzsche travaille beaucoup sur la notion de crainte. Il dit qu’elle est le premier moteur de la connaissance, et que le deuxième est celui de la volonté de maîtrise. Connaître c’est s’approprier le monde de telle sorte que ce soit un rapport viable au milieu qu’est le monde. Cette viabilité passe par des falsifications qui font que notre point de vue sur le monde est toujours utilitariste, jusqu’à la logique, jusqu’aux sciences. Il y va de la survie psychique, l’homme est un animal inquiet de son destin, et la religion est l’exemple même d’une vérité destinée à apaiser la crainte. Dorian Astor - Philosophe et germaniste, spécialiste de Nietzsche ["Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou"](https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/ce-n-est-pas-le-doute-c-est-la-certitude-qui-rend-fou-1461626) ## Aimer, s'aimer, nous aimer ### Avril « La violence et l’insécurité dans lesquelles nous vivons – aussi exploitées qu’elles puissent être fantasmatiquement, voire manipulées de manière délibérée – relèvent avant tout d’une question de narcissisme, et sont le fait d’un processus de perte d’individuation. Il s’agit de narcissisme au sens où un homme comme Richard Durn, assassin d’un nous – assassiner un conseil municipal, représentation officielle d’un nous, c’est assassiner un nous – souffrait terriblement de ne pas exister, de ne pas avoir, disait-il, le “sentiment d’exister” : lorsqu’il tentait de se voir dans une glace, il ne rencontrait qu’un immense néant. C’est ce qu’a révélé la publication de son journal intime par Le Monde. Durn y affirme qu’il a besoin de “faire du mal pour, au moins une fois dans [sa] vie, avoir le sentiment d’exister”. Richard Durn souffre d’une privation structurelle de ses capacités narcissiques primordiales. J’appelle “narcissisme primordial” cette structure de la psychè qui est indispensable à son fonctionnement, cette part d’amour de soi qui peut devenir parfois pathologique, mais sans laquelle aucune capacité d’amour quelle qu’elle soit ne serait possible. Freud parle de narcissisme primaire, mais cette expression ne correspond pas tout à fait à ce dont je parle : elle désigne l’amour de soi infantile, une époque précoce de la sexualité. Freud parle aussi de narcissisme secondaire, ce qui survient à l’âge adulte, mais il ne s’agit encore pas de ce que je nomme le narcissisme primordial, qui est sans doute plus proche de ce que Lacan désigne dans son analyse du “stade du miroir”. Il y a un narcissisme primordial aussi bien du je que du nous : pour que le narcissisme de mon je puisse fonctionner, il faut qu’il puisse se projeter dans le narcissisme d’un nous. Richard Durn, n’arrivant pas à élaborer son narcissisme, voyait dans le conseil municipal la réalité d’une altérité qui le faisait souffrir, qui ne lui renvoyait aucune image, et il l’a massacrée. » Bernard Stiegler - 2003 [Aimer, s'aimer, nous aimer](http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3088) ## La condition Anarchique ### Mai #### Affecte et institutions de la valeur La catastrophe Spinoza. Sur son passage, tout est renversé. D'une seule phrase la valeur est renversée : « Quand nous nous efforçons à une chose, quand nous la voulons ou aspirons a elle, ou la désirons, ce n'est jamais parce que nous jugeons qu'elle est bonne ; mais au contraire, si nous jugeons qu'elle est bonne, c'est précisément parce que nous nous y efforçons, nous la voulons, ou aspirons à elle, ou la désirons » (Eth., II, 9, scolie). Loin, donc, que le désir se règle sur des valeurs données, préexistantes, qu'il n'aurait plus pour ainsi dire qu'à re-connaître, c'est lui-même, par ses investissements, qui est l'instituteur de la valeur. Mais alors, demandera-t-on, comment le désir vient-il aux hommes si ce n'est par identification de choses qu'ils ont préalablement établies comme bonnes ? Frédéric Lordon - 2017 --- ## l'origine de 42 [La grande question sur la vie, l'univers et le reste](https://fr.wikipedia.org/wiki/La_grande_question_sur_la_vie%2C_l'univers_et_le_reste)