7e Congrès de l’AIRDHSS Cologne, Allemagne, 18 au 20 septembre 2023. Communication du mardi 19 septembre 2023
Axe 3 : Réseaux internationaux en didactique de l’histoire, de la géographie et des sciences sociales : cet axe se concentre sur les projets de coopération existants dans la recherche didactique ou l’organisation de l’enseignement (par exemple, la formation des enseignants).
Lyonel Kaufmann - Professeur associé - HEP Vaud (Lausanne) - (lyonel.kaufmann@hepl.ch)
Photo de GeoJango Maps sur Unsplash
Lien vers la présentation : https://dgxy.link/cologne
Dans le cadre de mon congé scientifique de l'automne 2022, j'ai souhaité initier une recherche permettant de cartographier le champ scientifique de la didactique de l’histoire dans le monde francophone afin
d’en mesurer le degré de structuration, d’évaluer sa nature et sa configuration ;
Il devrait ensuite être possible d'identifier les enjeux actuels et futurs de la didactique de l’histoire dans le monde francophone.
Dans le cadre du congé scientifique, la première phase de cette enquête a été réalisée auprès de mes collègues francophones du Québec et d'Ottawa en réalisant des entrevues semi-dirrigées.
La présente communication présente quelques premiers éléments issus de ces entretetiens réalisés de septembre à décembre 2022.
Les données ont été recueillies selon le principe de la recherche empirique en didactique de l’histoire, de manière à produire des données permettant de mesurer le degré de structuration de la communauté scientifique francophone de didacticien•ne de l’histoire en observant et en analysant plus particulièrement les éléments suivants mis en avant par Stichweh (2014) :
Stichweh, R. (2014). Wissenschaft, Universität, Professionen: Soziologische Analysen (Neuauflage). Bielefeld: transcript Verlag. https://doi.org/10.14361/transcript.9783839423004
Ziegler & Nitsche ont mené une enquête auprès de nos collègues de Suisse alémaniques qui a fait ressortir les trois éléments suivants ayant retenu mon attention :
le fait que le constructivisme individuel est privilégié en matière d’enseignement-apprentissage de l'histoire (transmission, constructivisme individuel, constructivisme social) tant par les didacticiens de l'histoire qui ont été disciplinairement socialisés avant la tertiarisation que par ceux qui ont acquis leur formation depuis ;
un ancrage partiellement fort dans la discipline des études historiques dans la conception de soi des didacticien•nes de l’histoire ;
une approche didactique de la culture historique par les questions problématiques (et non par un récit univoque) reposant sur les concepts de "conscience historique", de "pensée historique" et d'"orientation vers la compétence".
Ziegler, B., & Nitsche, M. (2021). Die Geschichtsdidaktik in der deutschsprachigen Schweiz – eine eigenständige Community? Österreichische Zeitschrift für Geschichtswissenschaften, 32(2), Article 2., p.56-79. Lien : https://doi.org/10.25365/oezg-2021-32-2-4
16 entretiens (sur 18 personnes identifiées) ont été réalisés entre septembre et décembre 2022 auprès de mes collègues professeur·es titutaires dans les universités francophones du Québec ainsi qu'à l'Université d'Ottawa.
Les postes occupés comprenaient une dimension didactique de l'histoire soit en relation avec l'enseignement de l'histoire (enseignement secondaire) ou de l'Univers social (enseignement primaire).
L'échantillon était composé de 6 femmes et de 10 hommes.
Caractères généraux des entretiens effectués en 2022 au Canada
L'âge médian des personnes interviewées est de 45 ans. A savoir que 8 d'entres elles ont plus de 45 ans et 8 d'entre elles avaient moins de 45 ans en 2022.
Nombre d'années de professorat
Poste de professeur obtenus :
Parcours de formation académique (baccalauréat, maîtrise)
Parcours professionnel académique (avant accession au professorat)
Parcours professionnels en dehors de l'université
Domaine d'obtention de la thèse
Directeurs de thèse en didactique de l'histoire
A noter une thèse co-dirigée par Marc-André Ethier et Jean-Pierre Charland. Tous les deux de l'Université de Montréal. Une autre co-dirrigée par Christian Laville et Jean-François Cardin.
je commence à tisser un réseau qui s'étend un petit peu à l'extérieur du Québec, avec Sylvain Doussot et Nadine Fink. Mais prioritairement mon réseau à moi, il est plus québécois. Pour l'instant. Il a commencé à se diversifier d'un point de vue interdisciplinaire, mais plus québécois, puis progressivement dans la francophonie. Donc on se connaît, on travaille ensemble, mais je n'ai pas encore publié. A part notre article d'il y a longtemps. […] Pour ce qui est de ma relation peut être avec les chercheurs canadiens-anglais et internationaux, dans le fond c'est français typique du Québec, on se sert beaucoup des écrits de la recherche qui est menée dans le monde anglo-saxon. Et moi, je n'ai pas encore le réseau très étendu. Je les lis souvent, mais je ne les connais pas personnellement. Le hasard a fait que j'ai été plus présent dans le réseau francophone à date, mais on s'en sert beaucoup. On va aller puiser dans les deux traditions. Je les connais quand même bien, mais je ne connais pas les personnes et je n’ai pas mené des recherches conjointement avec eux.
CDHCaH2022_01
Et pour ce qui est du Canada, c'est beaucoup l'autochtanisation, les chercheurs autochtones, puis aussi, évidemment, tous les travaux de Peter Seixas et compagnie sur la pensée historienne. C'est aussi très important dans mon travail, mais je ne peux pas dire que j'ai des collaborations de recherche avec des chercheurs canadiens, mais par contre, je suis très influencé par leurs écrits. Donc je me situe au milieu. Finalement.
CDHCaF2022_10
Moi, je me vois quand même, bien au centre, parce que je suis quand même inscrite dans ma communauté au Québec. Parce que les gens au Québec savent que je me m'occupe de la pensée historique, que je m'occupe de l'évaluation, de la progression des apprentissages, parce que c'est mes outils de recherche, puis ils commencent à voir aussi que je suis impliquée au point de vue des premiers peuples. Mais ça, ça se transpose très bien au Canada parce que je travaille énormément avec mes collègues canadiens, que je suis bien connue au Canada aussi.
CDHCaF2022_09
Pas du tout Canada, parce que anglais, anglophone. Québec, évidemment. Moi, mon but, c'est vraiment d'être dans l'intersection entre le Québec et la Francophonie parce que depuis dix ans que je suis prof ici, un peu plus, j'aimerais vraiment travailler en collaboration avec des collègues de la Francophonie et que, comme je te le disais toute à l'heure, j'ai pris des contacts avec des collègues de la Francophonie pour travailler sur certains projets.
CDHCaF2022_11
La francophonie on lit beaucoup des auteurs francophones, français, belges, suisses. Je travaille avec. Des fois, ça m'arrive de travailler avec des auteurs suisses.
CDHCaH2022_02
Je travaille aussi dans un groupe avec Sylvain Dussot, qui a eu l'argent de l'Agence nationale de recherche (ANR) en France pour regrouper Didier Cariou, Sylvain Doussot, qui sont deux Français, Nadine Fink qui est Suissesse et moi même. […] Et là, c'est la première fois vraiment que je travaille avec des francophones dans une équipe de recherche. Je n'y suis jamais arrivé avant. Encore une fois, je le répète, je peux aller dans des colloques et être dans le même panel qu'eux. On peut discuter ensemble, on peut se lire mutuellement, mais on n'avait jamais travaillé avant. Ça commence tout cela. Et encore là, c'est un parallèle parce que l'on compare nos façons différentes de faire. J'ai beaucoup ancré dans le québécois.
CDHCaH2022_02
Mais surtout Québec, Canada, autres. Francophonie. Pour moi, c'est l'Europe francophone, mais beaucoup moins, beaucoup moins. […] Mais la francophonie, c'est juste les colloques. C'est là que je vous rencontre. Sylvain, un peu plus. Nadine un peu plus. Mais c'est tout récent. […] Mais en même temps, la francophonie, j'ai très peu de contacts en Afrique. Mais ça dépend. Est-ce que c'est une intégration active ou par exemple s'inspirer de cadres théoriques? C'est sûr qu'il y a beaucoup de mon cadre théorique sera basé sur des auteurs de la francophonie. On parle de [Henri] Moniot, c'est incontournable.
CDHCaH2022_13
Elle est définitivement francophone? Parce que de par ma langue maternelle, c'est ma langue de communication, d'écriture. Voilà. Donc c'est sûr que ça rallie autant le Québec qui est majoritairement francophone que d'autres communautés européennes francophones. Voilà un contact qu'on peut avoir en Suisse, en France, en Belgique et ainsi de suite.
CDHCaH2022_16
on se sert beaucoup de tout ce qui vient de l'école de Standford. […] c'est de se dire c'est peut être le fun d'amener cette démarche [aux étudiant·es], cette méthode-là, cette faç on de voir-là. Comme à d'autres étapes, c'est de pointer les limites de cette approche-là, puis de voir Wineburg.
CDHCaH2022_01
C'est sûr que strictement sur la didactique des sciences humaines et sociales, là ça serait plus principalement le Canada et autres États-Unis. Parce que les travaux sur lesquels je me base sur tous les travaux américains et de collègues de l'Université de Toronto, donc j'aurais tendance à dire plus de ce côté là.
CDHCaF2022_12
J'ai publié à deux ou trois reprises des articles en anglais et c'est peut être un petit peu l'influence d'être dans un pays du Canada qui est bilingue. Si on veut aussi un petit peu plus diffuser nos nos articles, etc., c'est sûr que le Canada anglais ne va pas vraiment lire en français. Donc si ils ne lisent pas des travaux européens en français, ben ils ne lisent pas plus des travaux québécois francophones. Donc si on veut se faire entendre. L'avantage d'être au Québec, c'est d'avoir peut être un peu aussi un pont entre les communautés anglophones, puis les communautés francophones.
CDHCaH2022_16
J'ai travaillé avec [Nicole] Tutiaux-Guillon. Oui, on se tutoie, elle est déjà venue avec son conjoint dormir chez nous, car elle passait à Québec. En 2007, j'ai passé deux mois et demi à Lille. Je suis même intervenu dans son programme de formation à Lille. Elle m'a demandé de faire des trucs à ce moment là, des conférences. Je suis retourné avec ma conjointe en 2013 aussi à Lille, parce que Nicole, je l’avais rencontrée très tôt en arrivant ici, parce qu'elle était le jury externe sur la soutenance de thèse de Jean-Pierre Charlin qui a fait sa thèse ici en 2003.
CDHCaH2022_06
Lien vers la présentation : https://dgxy.link/cologne