# The Collective Thinking Platform - Livre blanc ## Constat Nos sociétés modernes manquent d'outils et de cultures favorables à la coopération, à la fois dans le monde réel et le virtuel. Pourtant, le potentiel des systèmes participatifs en ligne est immense, et reste très largement inexploité <sup>1</sup>. Les civics techs et autres outils contributifs sont peu communs, bien que le domaine soit actuellement en plein essor. La plupart des solutions actuelles pourraient être largement améliorées, et beaucoup ne sont pas libres. En outre, la redondance est omniprésente dans les innovations participatives <sup>2</sup> ; de nombreuses civic techs ont des objectifs qui se recoupent, et la mutualisation des ressources semble plutôt anecdotique. Enfin, il n'existe que peu de liens entre le monde de la recherche académique et celui de la conception d'applications participatives. De façon plus générale, nous vivons dans un monde individualiste ou la compétition est la règle, et la coopération l'exception<sup>3</sup>. ## Objectifs L'objectif final est de définir un écosystème du participatif dans le but d'initier un projet de recherche sur la coopération en ligne, de façon à faire émerger de l'intelligence collective au sein de communautés. Cet écosystème serait composé des acteurs du participatif, de chercheurs en sciences sociales, sciences politiques, philosophie, et des utilisateurs de ces systèmes. Il existe plusieurs communautés actives qui réfléchissent à la conceptions de solutions innovantes (*[Meta Stack Exchange](https://meta.stackexchange.com/)*, *[Meta-Wiki](https://meta.wikimedia.org/wiki/Main_Page)*, *[Participedia](https://www.participedia.net/)*); l'objectif serait donc de renforcer les liens entre ces acteurs, et de créer de nouvelles communautés destinées à la recherche sur le participatif numérique. ![Diagramme de l'écosystème du participatif](https://i.ibb.co/SPV6cFL/Participative-Ecosystem.png) Voir *[le diagramme de l'écosystème du participatif](https://www.figma.com/file/Ec8SKEM8PLblepmL1m6F21om/Participative-ecosystem?node-id=0%3A1)*. Cette recherche prend ainsi la forme d'un questionnement assez général: - De quels systèmes participatifs et de quelles cultures associées avons-nous besoin ? - Comment devons-nous les concevoir puis les développer ? - Comment pouvons-nous améliorer les outils participatifs actuels ? En plus d'être utiles dans un grand nombre de tâches quotidiennes <sup>4</sup>, les systèmes coopératifs efficaces permettraient de concevoir des outils de gouvernance locaux et globaux qui semblent essentiels pour faire face aux crises multiples que nos sociétés traversent actuellement, et pour répondre aux objectifs de développement durables définis par l'Organisation des Nations Unies <sup>5</sup>. #### Conception d'outils et de cultures participatives On trouve de nombreux systèmes participatifs sur le web, pourtant leur potentiel reste largement inexploité. La liste d'applications imaginables est longue, la dernière section en donne un aperçu. #### Améliorer les solutions existantes L'écosystème participatif devrait permettre de référencer les solutions existantes, les articles scientifiques et les acteurs du contributif. Le site *[ParticipateDB](http://participatedb.com/)* répertorie déjà de nombreuses initiatives participatives partout dans le monde. En outre, Le projet de recherche devrait favoriser les retours utilisateurs constructifs et les retours d'experts, et permettrait de discuter des choix stratégique de conception de ces systèmes et de détailler les alternatives potentielles. Par exemple, le site de question réponse *[Quora](https://quora.com/)* a fait le choix de supprimer les description des questions dans le but de réduire les questions doublons. Cette solution a des avantages, mais il existe également des alternatives intéressantes envisageables. Il serait par exemple possible d'ajouter plusieurs titres pour chaque question (toutes les formulations possibles de la question pour éviter les futurs doublons) ou d'encourager la communauté à supprimer les doublons comme sur Stack Overflow. #### Appliquer la recherche académique au outils participatifs La science évolue en permanence et fournit des résultats en intelligence collective, en science politique, en sociologie, etc. Les comportements et mécanismes sociaux comme les systèmes de réputation ont été longuement étudiés et la recherche progresse encore actuellement. Certains chercheurs se focalisent sur les principes d'organisation qui favorisent l'émergence de l'intelligence collective <sup>6</sup> ; leur expertise est précieuse pour concevoir de nouveaux systèmes. Le projet de recherche doit permettre d'expérimenter et d'appliquer ces connaissances pour concevoir de nouvelles solutions participatives. #### Développer des technologies pour la recherche académique Le projet de recherche devrait également de permettre aux chercheurs d'expérimenter les systèmes participatifs. La plateforme de débat *[Kialo](https://kialo.com/)* est un exemple intéressant d'une technologie qui attire l'attention des scientifiques ; en particulier de ceux qui étudient comment les débats structurés peuvent influer sur l'éducation et la politique. La recherche académique peut également bénéficier d'outils participatifs pour étudier rigoureusement les comportements sociaux et politiques. #### Favoriser la cohésion des acteurs du participatif Un réseau de communautés développant la recherche sur le participatif peut avoir une influence positive pour inviter un grand nombre d'utilisateurs à adopter un ensemble de comportements et de technologies. Dans ce sense, les communautés peuvent obtenir la légitimité nécessaire pour gagner la confiance des utilisateurs et des investisseurs afin de développer des solutions efficaces. Un autre objectif important est de réduire la redondance dans l'innovation, et de favoriser une cohérence globale dans le développement de processus collaboratifs. Trop d'initiatives ont des objectifs qui se recoupent, et trop peu mutualisent leurs ressources et leurs réflexions. Idéalement, l'écosystème participatif devrait être conçu pour accueillir chaque innovation en fournissant des ressources adaptées et en harmonisant ses objectifs avec les solutions courantes et futures à l'aide d'un processus de gouvernance ouverte. Une telle collaboration n'exclue pas nécessairement la compétition, celle-ci peut en effet être désirable dans certains contextes. #### Soulever des questions politiques De nombreuses questions politiques sont au coeur des systèmes participatifs. Le mécanisme de réputation est essentiel au fonctionnement de Stack Overflow. Dans le monde du logiciel, les recruteurs portent déjà une certaine importance à la réputation des informaticiens sur Stack Overflow, elle est utilisée pour quantifier leurs compétences. La démocratisation des mécanismes de réputation pourrait avoir des effets délétères, chacun devenant automatiquement évalué par ses paramètres virtuels imprécis. Et dans un contexte ou la réputation est utilisée pour estimer nos niveaux d'expertise dans chaque domaine, comment distribuer le pouvoir entre experts et non-initiés dans les processus de délibération collective ? Les solutions participatives peuvent impacter positivement de nombreux domaines de nos sociétés ; mais il semble indispensable de rester alerte vis à vis des risques et dérives de ces systèmes avant de les utiliser massivement en solutions miracles. #### Vers une gouvernance ouverte, locale et globale Encore une fois, l'objectif de ce projet de recherche est d'améliorer les outils et cultures favorisant la coopération à petite et grande échelle; en utilisant le potentiel de l'intelligence collective. Bien entendu, les problèmes concrets et simples (comme les systèmes de commentaires) sont plus faciles à aborder que les questions politiques plus générales (comment débattre de manière constructive à grande échelle). Pourtant, il semble que les solutions aux problèmes simples nous aideront à progresser sur des enjeux plus globaux. ## Écosystème participatif Bien qu'il existe plusieurs exemples de communautés dédiées à l'élaboration de réflexion sur le participatif (*[Meta Stack Exchange](https://meta.stackexchange.com/)*, *[Meta-Wiki](https://meta.wikimedia.org/wiki/Main_Page)*, *[Participedia](https://www.participedia.net/)*); plusieurs questions ne sont pas étudiées. La plateforme Collective Thinking a pour but de créer des communautés complémentaires pour développer cette recherche. L'outil propose différents mécanismes expérimentaux ; il est par exemple possible de tester plusieurs systèmes de réputation ou de vote. Ainsi, différents groupes peuvent co-développer parallèlement des réflexions et étudier de nouvelles solutions. Il est possible de déployer des sous-plateformes pour satisfaire les besoins spécifiques aux communautés. Bien entendu, d'autres communautés ailleurs sur le web sont encouragées à participer à ce projet de recherche ouvert. ## Projet de recherche Ce projet de recherche pourrait être articulé selon trois axes : technologique, sociologique et politique. Ces trois domaines étant intimements liés, il semble difficile d'en étudier un en ignorant les autres ; cependant cette organisation illustre bien les différents aspects de la recherche à prendre en considération. ### Technologie L'axe de recherche orienté sur la technologie permettrait d'évaluer et d'expérimenter différents systèmes participatifs. Il s'agit par exemple d'étudier les questions suivantes : - Systèmes de votes - Dans quels contextes le vote positif est suffisant ? Dans quels contextes le vote négatif est nécessaire ? - Est-il judicieux de proposer des systèmes d'évaluation plus précis (par exemple pour estimer séparément l'appréciation des utilisateurs, la qualité de la contribution et sa pertinence dans le contexte donné) ? - Systèmes d'évaluation - Dans quels contextes les systèmes d'évaluation (par exemple à 5 étoiles) sont-ils plus adaptés que les systèmes de votes (positif / négatif) ? - Les résultats de votes doivent-ils être masqués tant que l'utilisateur n'a pas voté ? - Systèmes de réputation - Est-il souhaitable d'instaurer une jauge de réputation par domaine d'expertise ? Ou est-ce plus pertinent de considérer une réputation globale ? - Systèmes de commentaires - Est-il possible de fusionner des commentaires similaires ? Par quels moyens ? - Les utilisateurs devraient-ils classer les commentaires (par exemple par type: humour, commentaire sérieux, suggestion, etc) ? - Système de questions réponses - Est-il plus pertinent de séparer les sites de questions réponses par domaine d'expertise (comme sur le réseau Stack Exchange) ou de proposer un unique site générale (comme *[Quora](https://quora.com/)*) ? - Système de sondage - Les utilisateurs peuvent-ils se créer une opinion sur un sujet avant de répondre a un sondage, ou est-ce que les sondages déforment nécessairement l'avis des participants de par leur forme imposée ? - Système de débats - Quelles sont les différentes manières de publier un débat en ligne ? - Est-ce les débats devraient être structurés sous forme d'une hiérarchie de proposition (comme sur *[Kialo](https://kialo.com/)*) ou publiés sous forme d'article (voir l'article [Débat sur l'énergie nucléaire](https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9bat_sur_l%27%C3%A9nergie_nucl%C3%A9aire) sur Wikipedia) ? - etc. Pour chaque système la recherche consisterait à établir l'état de l'art, à informer sur les différentes opinions d'experts et d'utilisateurs finaux, et à développer des expérimentations pour concevoir des solutions efficaces adaptées à des contextes donnés. D'un point de vue technique, il envisageable de créer des API et modules d'interface participatifs pouvant être intégré dans des pages web. A la manière de Disqus, des modules de questions réponses, de débats, de sondages, avec mécanismes de réputation et de vote, viendraient augmenter les plateformes web de solution participatives. ### Sociologie Concevoir une technologie participative implique d'étudier le comportements des utilisateurs en terme d'usage et d'engagement. La culture d'une communauté utilisant un outil (les usages, les comportements, les objectifs partagés, etc.) est probablement plus importante que l'outil lui même. Le niveau d'implication des utilisateurs finaux affecte largement les résultats des processus participatifs; les participants doivent donc être accompagnés dans l'usage, voir impliqués dans la conception des systèmes. La recherche devrait aider à développer des cultures de coopération, avec l'aide d'études comportementales, de l'étude des mécanismes de réputation, et avec des outils comme les codes de bonne conduite, les règlements et recommandations. Un autre aspect important de la recherche est l'étude des communautés, ou des groupes sociaux. On peut en effet se demander comment créer une communauté, comment garantir la cohésion au sein d'un groupe, comment partager des objectifs communs, avec quelles interactions, et quelles structures, etc. La socialisation, c'est à dire l'apprentissage des comportements à adopter au sein de la communauté, est une notion essentielle pour la coopération. Enfin, il semble important d'étudier les interactions entre communautés pour favoriser la collaboration entre différents groupes (et la compétition quand cela est pertinent). Encore une fois, pour tous ces sujets, la recherche devrait établir un état de l'art, une synthèse des opinions des experts et des utilisateurs, et des expérimentations. ### Politique La collaboration est étroitement liée à la politique. Le participatif pourrait radicalement changer notre relation à la politique, et inversement : notre culture politique pourrait influencer nos comportements relatifs aux systèmes collaboratifs. Les cultures et outils participatifs sont essentiels aux systèmes de gouvernance ouverts. Plusieurs processus issus de méthodologies type *design thinking* pourraient bénéficier des recherches sur le participatif : - La collecte et la fusion d'opinions - L'élaboration de scénarios - Le débat - La prise de décisions collective - Les retours d'expérience, permettant d'évaluer l'impact des décisions précédemment validées - La documentation de ces processus La recherche appliquée devrait fournir des méthodologies pour accomplir ces tâches. Finalement, les systèmes collaboratifs soulèvent des questions politiques importantes. Par exemple, la démocratisation des mécanismes de réputation sur Internet pourrait mener à une société hyper-quantifiée voir hyper-élitiste. En outre, il n'est pas toujours souhaitable d'afficher publiquement son opinion, l'anonymat doit être garanti dans les processus coopératifs sensibles. La manière d'évaluer l'expertise des participants est une autre réflexion au coeur de la démocratie. Il en est de même pour la manière de distribuer le pouvoir de décision entre experts et non-experts. Les systèmes totalement verticaux imposent souvent des règles incomprises et parfois inadaptés aux non initiés, et les systèmes entièrement horizontaux, en donnant du pouvoir aux moins avertis, souffrent potentiellement de la propagation d'idées erronées. Aussi, la plupart des problèmes politiques concernent différents domaines d'expertise ; il n'y a pas opposition entre experts et non-experts, mais délibération entre individus chacun doté d'un ensemble complexe de compétences. ## Applications potentielles ### Plateforme pour l'éducation Une des applications de la recherche participative pourrait-être une plateforme similaire à Wikipedia dédiée à l'éducation permettant aux professeurs de mutualiser leurs cours, dans toutes disciplines et à tous les niveaux. La connaissance ne serait plus uniquement accessible (grâce à Wikipedia) mais également abordable par une approche pédagogique. Puisque les professeurs auraient accès à plus de ressources de qualité, ils auraient plus de temps pour personnaliser leurs enseignements à leurs élèves. Une telle plateforme serait également l'occasion d'initier une harmonisation de l'éducation à l'échelle internationale ; cela permettrait également aux étudiants de personnaliser leurs cursus. La plateforme ne consisterait pas uniquement en un répertoire de cours de qualité, mais pourrait aussi devenir un institut délivrant des diplômes reconnus dans différents pays. Bien entendu, il existe plusieurs initiatives qui vont dans ce sens, comme WikiBooks, Open Textbook Library, Open Education Resources, etc. Cependant, aucune de ces plateforme n'est devenue un standard reconnu internationalement. Développer les outils et cultures adéquats pour la décision collective pourrait aider à définir de manière transparente les objectifs et spécifications d'une telle plateforme. Si ce processus de réflexion implique suffisamment d'acteurs de l'éducation (professeurs, institutions, universités, étudiants, plateforme éducative existante, etc.), il pourrait apporter la légitimité nécessaire pour en faire la plateforme de référence reconnue internationalement. ### Des plateformes de budget participatif La recherche sur le participatif est également nécessaire pour développer des outils permettant aux citoyens de voter pour l'allocation du budget de leurs villes. Il existe des plateformes offrant la possibilité aux citoyens de proposer des projets urbains, et de voter pour les projets existants. Le nombre de projets à considérer lors du processus de vote peut devenir im tportant. De ce fait, les citoyens n'ont pas suffisamment de temps pour s'intéresser suffisamment à chaque projet et ainsi voter objectivement. Au lieu de cela, les participants finissent par voter pour les projets de leurs amis, et pour ceux qui sont le plus populaires. Une solution à ce problème serait de limiter le nombre de projets ouverts au vote, pour chaque citoyen. Par exemple, chacun aurait seulement accès à 20 projets sélectionnés aléatoirement. Le grand nombre de citoyens permettrait d'estimer les tendances générales. Cette approche nécessiterait que chaque utilisateur de comprenne la logique du processus, d'où l'importance de développer les cultures participatives. Un autre enjeu des plateformes de budget participatif est que tous les projets n'ont pas le même coût. Certains sont importants et onéreux, d'autres sont simples et moins coûteux. On peut donc se demander quels sont les mécanismes de vote qui permettrait de refléter les choix des citoyens étant donné un budget donné. ### Outils de questions réponses Il est intéressant de remarquer que *[Quora](https://quora.com/)* et le réseau *[Stack Exchange](https://stackexchange.com/)* partagent des objectifs similaires. Quel serait le site de questions réponses idéal ? Est-ce que la réputation doit être séparée par domaine d'expertise ? La conception d'un outil de questions réponses soulève de nombreuses questions au coeur de la recherche sur le participatif. ### Systèmes de commentaires Les systèmes de commentaires sont des applications participatives relativement simple, que ce soit pour commenter des articles de blogs, des vidéos, des podcasts, ou autre. Les commentaires sont typiquement triés de manière chronologique, ou en fonction de votes. Les contributions amusantes et futiles sont souvent mélangées aux remarques sérieuses et pertinentes. Les votes sont une tentative pour ordonner les flux de réactions. Pour rédiger un commentaire pertinent, il est nécessaire de connaître les opinions qui ont déjà été exprimés ; mais il est souvent difficile de lire le flux entier de réactions du fait de leur taille et des nombreux doublons et remarques annexes. On peut donc se demander s'il serait utile de catégoriser les commentaires. Par exemple, les utilisateurs pourraient ajouter des tags "humour", "question", "correction" ou "précision". Les commentaires pourraient être ainsi regroupés sous différents onglets. Dans certains cas, il est utile d'avoir le niveau d'expertise de l'auteur d'un commentaire, pour estimer la pertinence de sa contribution. Il peut-être intéressant d'envisager un système de révision entre utilisateurs, de sorte que chaque utilisateur soit encouragé à évaluer, modifier ou supprimer un petit nombre de commentaires. Bien qu'il ne soit pas forcément pertinent ou possible d'améliorer les systèmes de commentaires dans tous les contextes ; il semble cependant important d'explorer les alternatives envisageables et d'identifier les solutions non-exploitables. Cette démarche éviterait l'implémentation de systèmes inefficaces. ### Plateforme d'idées et d'opinions Un des enjeux majeurs de la collaboration est la définition d'un système de pensé collectif. Il est à la fois nécessaire et difficile pour une communauté d'identifier les idées qui sont partagées au sein d'une majorité de membres. Il semble important de déterminer comment représenter la distribution des idées au sein d'un groupe ; combien de personnes croient en chaque idée, avec quel niveau de certitude, et pourquoi. Une plateforme d'idée pourrait encourager les utilisateurs à publier leurs idées, les diffuser, et donner leurs opinions sur les idées existantes, de façon à faire émerger les contours des idées les plus partagées, et à estimer l'homogénéité de la pensé collective. De plus, un tel mécanisme pourrait aider à la diffusion d'idées importantes pour la communauté. Il peut également être utile d'encourager les membres d'une communauté à développer des réflexions de manière plus ou moins systématique dans le but de limiter les effets indésirables des sondages (qui peuvent influencer les opinions ou en créer artificiellement). Enfin, il est important de garantir l'anonymat des participants lors de publication d'opinions. ### Plateforme de retours utilisateurs On peut imaginer un site participatif comme Wikipedia permettant aux utilisateurs de publier et d'agréger leurs avis et retour d'expérience sur n'importe quel produit ou service, révélant ainsi les opinions les plus partagées. Il semble important de minimiser le recouvrement entre chaque retour utilisateur, et d'essayer d'estimer autant que possible une appréciation collective globale. Les plateformes comme Slant ou AlternativeTo parviennent, au moins partiellement, à atteindre cet objectif. Pour le moment, ces communautés sont plutôt restreintes à des domaines particuliers, mais on peut espérer qu'elles s'élargissent pour couvrir de plus en plus de services et produits. A terme, on pourrait très bien imaginer de tels système pour les restaurants ou les produits alimentaires. Cependant, on peut se demander dans quelle mesure il serait possible d'impliquer la communauté d'avantage dans ce processus de retours utilisateurs. Ni Slant, ni AlternativeTo ne proposent de meta-discussions pour discuter des meilleurs manières de représenter ces appréciations collectives. En outre, l'objectif est principalement de donner des conseils aux utilisateurs, mais il est également envisageable d'impliquer les développeurs et concepteurs de produits afin qu'ils expliquent leurs choix stratégiques et partagent leurs visions au collectif. Les retours utilisateur sont indispensables pour que les concepteurs puissent améliorer leurs créations. Et les utilisateurs bénéficient largement du processus d'amélioration itératif qui se met en place quand les retours sont correctement pris en compte. En ce sense, ils ont tout intérêt à donner un peu de leur temps pour fournir des retours constructifs, et les concepteurs intérêt à en tenir compte. Les utilisateurs semblent donc en mesure d'adopter les mesures culturelles qui favoriseront les retours structurés de qualité. Les plateformes de retour utilisateur pourraient également prévenir l'obsolescence programmée. Permettre aux utilisateurs et aux créateurs de discuter publiquement de la conception d'un produit ou service favorise une vision globale, sur le long terme en considérant les intérêts de chacuns. Les impacts économiques, environnementaux, sociaux ou autre peuvent être publier dans l'intérêt général. En outre, la participation des utilisateurs aux réflexions de conceptions leur permet de mieux comprendre les enjeux relatifs au produit ou service ; ils peuvent ainsi développer des usages et comportements adaptés, et anticiper d'éventuelles évolutions futures. Enfin, de telles outils de retours utilisateurs devraient être utiliser en complément (ou à la place) de services clients. Obtenir de l'aide pour un produit ou service s'avère parfois extrêmement difficile. Un outil de référence pour demander de l'aide, faire remonter des problèmes ou donner son opinion semble indispensable pour encourager les concepteurs à répondre aux demandes des utilisateurs. Il est important que ce type d'outil soit indépendant de tout groupe d'intérêt, que ce soit d'une communauté d'utilisateur donné ou des concepteurs eux-même. ### Plateformes citoyennes La recherche sur le participatif peut-être employée pour créer des outils urbanistique dédiés aux citoyens. Par exemple, on peut imaginer un outil d'évaluation de l'état du réseau cycliste. Une telle solution pourrait consister en un outil de discussion (type forum et/ou site de questions réponses) et en une carte collaborative dont les données seraient liées aux discussions. Ces technologies permettrait aux services publics de prioriser leurs travaux, et aux citoyens de mieux comprendre la politique de la ville, la gestion du réseau cyclable, favorisant ainsi les retours utilisateurs constructifs. ### Plateformes de gouvernance ouverte Les cultures et outils participatifs sont essentiels aux systèmes de gouvernance ouverts. Un site de gouvernance ouverte à petite échelle pourrait par exemple permettre aux citoyens de discuter, débbatre et prendre des décisions concernant un tier lieu dans leur ville. Etant donné un bâtiment dédié à des projets citoyens, les utilisateurs auraient à leurs disposition les outils et méthodologies pour organiser leurs priorités, et gérer les usages et les fonctionnements, en accord avec les prérogatives de la ville. Le même type de technologies et de cultures pourrait être conçu à plus grande échelle, pour faire face aux enjeux auxquels notre monde fait face actuellement. ## Démarche Dans la mesure ou la compétition est le moteur actuel de l'innovation, les acteurs du participatifs n'ont pas tous directement intérêt à collaborer entre eux. Cependant, les utilisateurs avertis connaissent l'importance de la transparence, d'écoute et de la volonté de coopération dont font preuve certaines équipes de développement. Fédérer un écosystème du participatif correspond à anticiper la recherche de transparence et d'ouverture des utilisateurs. Les acteurs désirant coopérer enverront un signal fort indiquant à leurs usagers leur désir de démocratiser des principes réellement participatifs. Ainsi, les contributions à cette recherche collaborative peut devenir un avantage compétitif pour les acteurs de cet écosystème. La première étape est donc de constituer un noyau de participants, comprenant chercheurs, acteurs du numérique et utilisateurs, afin de définir plus précisément le projet de recherche et la méthodologie de développement de l'écosystème participatif. --- 1. Dans le texte, le terme "systèmes participatifs en ligne" désigne toutes les technologies qui implique une collaboration directe ou indirecte entre plusieurs internautes. En plus des civics techs, ce terme englobe les outils de commentaires, les forums de discussions, les systèmes de votes et de réputation, les sites de débats, les wikis, etc. La section "Applications potentielles" explique en quoi le potentiel de ces systèmes reste largement inexploité. 2. L'article *[Redundancy in innovation](http://arthurmasson.collectivethinking.pw/p/340/)* explique comment la coopération (plutôt que la compétition) pourrait être au coeur de l'innovation 3. Pablo Servigne et Gauthier Chapelle abordent les questions de compétition et coopération dans leur livre *[L’entraide, l’autre loi de la jungle](https://pabloservigne.com/entraide-2/)*. 4. Poser des questions et trouver des réponses sur Internet, développer une encyclopédie participative, gérer efficacement une réunion, etc. 5. Voir *[sustainabledevelopment.un.org](https://sustainabledevelopment.un.org/?menu=1300)* 6. Voir *[Five Principles for Organizing Collective Intelligence](https://sloanreview.mit.edu/article/five-principles-for-organizing-collective-intelligence/)* sur l'intelligence collective.