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###### tags: `partie 1`
# La nudité sur les réseaux sociaux
## L'utilisation du corps
La nudité a tout d'abord émergé de manière privée sur les réseaux sociaux, notamment par "DM" (*direct message* sur Instagram, c’est-à-dire par messages privés) soit sur Snapchat. Mais de plus en plus, cette nudité est exposée sur les réseaux sociaux de manière publique.
Avant 2016, jamais personne n’avait osé se montrer nu sur les réseaux sociaux, encore moins des stars ayant une réputation et une image à tenir. Mais Kim Kardashian, célébrité américaine ayant son émission de télé-réalité aux Etats-Unis, ne cesse d'enfreindre les règles et de casser les codes. Ainsi, en mars 2016, Kim Kardashian décide de poster une photo d'elle nue avec pour simple commentaire : « When you're like I have nothing to wear LOL » traduit par "Quand je suis en mode je n’ai rien à mettre LOL."
<i> <blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">When you're like I have nothing to wear LOL <a href="https://t.co/UlSLZb1fp1">pic.twitter.com/UlSLZb1fp1</a></p>
— Kim Kardashian West (@KimKardashian)</p>
<img src="https://pbs.twimg.com/media/Cc7lKbAWoAALCuO.jpg">
<a href="https://twitter.com/KimKardashian/status/706754164047667200?ref_src=twsrc%5Etfw">
March 7, 2016</a></blockquote>
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Kim Kardashian renouvelle cet acte provocateur, mais cette fois-ci accompagnée de la mannequin Emily Ratajkowski, diffusant un peu plus le phénomène du *nude*.
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<img src= https://pbs.twimg.com/media/Ce0V4sMUMAA6k_h.jpg>
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*Figure 2 - Nude tiré du compte Instagram de Kim Kardashian accompagné de Emily Ratajkowski © Instagram Kim Kardashian*
Suite à ces premières publications sur les réseaux sociaux (Twitter et Instagram en particulier), des dizaines de célébrités se sont mises à reproduire le phénomène. Effectivement, des stars américaines telles que Lindsay Loham ou encore Miley Cyrus, ont suivi le mouvement et ont également posté des photos d'elles nues, mais aussi des personnalités françaises comme Emma Cakecup ou Caroline Receveur, célèbres influenceuses.
Cet effet de mode a fait apparaître un nouveau mot dans le jargon des réseaux sociaux : le *self-nude*. Le *self-nude* est donc l’acte de prendre délibérément un selfie (le selfie, terme apparu sur les réseaux sociaux en 2002, est un autoportrait numérique posté sur les réseaux sociaux par la suite) complétement dénudé de son corps et de le poster sur les réseaux. Aujourd’hui, le *self-nude* est devenu monnaie courante sur les réseaux sociaux, et est particulièrement utilisé par les femmes. Par ailleurs, durant le confinement en 2020 lors de la crise sanitaire, plusieurs célébrités ont encore une fois utilisé le *self-nude* pour communiquer avec leurs fans et leurs abonnés, comme Madonna.
L’exposition de son corps est donc souvent postée sur des réseaux sociaux gratuits, par des célébrités, mais une nouvelle tendance surgit depuis quelques mois : l’*escorting* virtuel. Certains nouveaux réseaux sociaux tels que [MYM](https://mym.fans/) ou [OnlyFans](https://onlyfans.com/) sont ce que l'on appelle des « *private social network* ». Ces derniers se présentent sous forme d’[abonnements payants](https://arts.konbini.com/instagram/business-nudes-plein-essor-reseaux-sociaux/)^8^ pour rentrer en contact avec des stars, ou célébrités nationales. Bien que cet outil médiatique ne soit pas forcément utilisé pour réaliser de l’*escorting*, beaucoup de personnes connues s’en servent à cette fin. Nathalie Andreani, ancienne candidate de télé-réalité, a révélé se servir de ces réseaux sociaux payants pour faire de [l’*escorting* virtuel](https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/onlyfans-instagram-payant-revolutionner-industrie-porno/)^9^. Elle explique que les personnes peuvent s’abonner à son profil et payer une somme fixe par an, mais ils peuvent également réaliser des demandes privées et le prix est fixé par la personne concernée. Ici, le corps est donc utilisé à des fins commerciales sur ces réseaux sociaux.
L’invasion des *self-nudes* des célébrités, que ce soit sur les réseaux privés ou publics, concerne majoritairement les femmes, qui tentent souvent de se montrer sous leur meilleur jour, mettant en avant leurs formes avantageuses. Mais ce phénomène fait également surgir des parodies de ces dernières, afin de montrer la réalité du corps humain qui ne correspond pas toujours aux idéaux de la société. Nous verrons alors comment le *nude* est utilisé au service de l’acceptation de soi.
## Au service de l'acceptation de soi
Les *nudes*, comme vu précédemment, ont d’abord été utilisés comme simples publications sur les réseaux sociaux pour alimenter son *feed* (galerie de photos de son compte, il fait souvent référence à Instagram). Mais cette exposition des corps des célébrités reflète des idéaux de beauté standardisés. Pour les femmes, il s’agit d’être mince, tout en étant pulpeuse, avec la peau lisse et sans le moindre bourrelet disgracieux. Pour les hommes le culte du corps passe par la forme physique, avec des abdominaux dessinés, des bras et des jambes révélant des muscles saillants. Ainsi, pour remédier à cette fausse image de l’être humain, certaines personnes ont choisi de montrer la réalité du corps qui ne semble pas être celle présente sur les réseaux sociaux, en parodiant notamment ces *self-nudes*. La bloggeuse australienne [Constance Hall](https://www.huffingtonpost.co.uk/2016/03/11/constance-hall-recreates-kim-kardashian-selfie_n_9436124.html)^10^ ou encore la comédienne [Céleste Barber](https://www.rnz.co.nz/national/programmes/ninetonoon/audio/2018667942/instagram-sensation-celeste-barber-s-celebrity-parodies)^11^ sont connues pour leurs nus parodiques, auxquels elles espèrent que la majeure partie de la population pourra s’identifier.
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<img src=
https://i.dailymail.co.uk/i/pix/2016/09/12/05/383AA6A100000578-3784708-Famous_In_the_past_Ms_Barber_has_poked_fun_at_all_sorts_of_celeb-a-36_1473655748568.jpg>
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*Figure 3 - Nude de Céleste Barber pardodiant celui de Rihanna © Instagram Céleste Barber*
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<img src= https://imagesvc.meredithcorp.io/v3/mm/image?url=https%3A%2F%2Fstatic.onecms.io%2Fwp-content%2Fuploads%2Fsites%2F20%2F2016%2F03%2Fconstance-hall-600-1.jpg>
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*Figure 4 - Nude de Constance Hall pardodiant celui de Kim Kardashian © Instagram Constance Hall*
Bien que l’objectif premier de ces parodies soit d’amuser la communauté, il n’en reste pas moins qu’elles reflètent la réalité. A travers ces photos, ces femmes souhaitent démontrer que les *nudes* des stars ne représentent pas la réalité du corps humain et que ce dernier n’est pas toujours lisse et musclé, mais bien irrégulier et imparfait, ne le rendant pourtant pas moins beau. Ces parodies ont lancé plusieurs mouvements particulièrement féminins pour combattre les idéaux de la société et montrer la réalité afin de ne pas faire pression sur les femmes, et les hommes, qui n’auraient pas le corps de Kim Kardashian ou celui de Rihanna.
Cette tendance s'est tout d'abord inscrite dans un mouvement plus global appelé le [#bodypositive](https://www.instagram.com/explore/tags/bodypositive/?hl=fr) (ou [#bodypositivity](https://www.instagram.com/explore/tags/bodypositivity/?hl=fr)). Le [body positive](https://fr.wikipedia.org/wiki/Body_positive)^12^ est apparu en 1996 mais s’est fait vraiment connaître ces dernières années avec la diffusion du hashtag lui correspondant. Il vise à considérer tous les corps de la même manière afin de s’accepter et d’apprendre à s’aimer tel que l’on est. Ce hashtag est majoritairement associé à des publications de femmes, souvent dénudées avec des formes, des marques, telles que des vergetures ou des cicatrices afin de montrer qu’il n’existe pas qu’un seul type de corps et que tous sont beaux. Ce hashtag vient bousculer les codes prédéfinis de la société. Il vient aider les femmes à s’accepter avec des formes qui peuvent être considérées comme anormales ou disgracieuses et brise les tabous d’une société du paraître, dans laquelle il faut être mince pour être beau.
Plusieurs autres mouvements sont nés de ce premier, comme le compte [@onveutduvrai](https://www.instagram.com/onveutduvrai/?hl=fr) montrant des femmes dénudées aux marques singulières, aux formes uniques… Il y a eu également le [#assume](https://www.instagram.com/explore/tags/assume/?hl=fr) permettant aux personnes qui le souhaitent de montrer leur corps sans avoir peur de l’avis des internautes.
Certains comptes, sans forcément être associés à des hashtags, viennent montrer des marques du corps humain et parler en leur nom pour les défendre et défendre l'idée que ces marques ne doivent pas être considérées comme « moches ». Premièrement, la cicatrice fait partie de ces marques considérées comme honteuses, que l’on cache par des vêtements, ou encore des tatouages. Le compte de [@douzefevrier](https://www.instagram.com/douzefevrier/?hl=fr) tenu par Julie, montre régulièrement son corps, celui d’une jeune femme entièrement brûlée. Elle le montre nu afin d’assumer les marques que lui a laissé l’incendie et de montrer que le corps se modifie avec les accidents de la vie, sans pour autant lui retirer sa beauté. Ensuite, il y a la photographe [@emmaboonne](https://www.instagram.com/emmaboonne/?hl=fr) qui photographie et poste régulièrement des corps de femmes nues, toujours différents, à la fois pour montrer l’aspect artistique du corps mais surtout montrer la pluralité de corps qui existent dans le monde. Là encore, il s’agit de montrer qu’on ne peut pas s’identifier à un modèle standard, puisque chaque corps a sa propre beauté, ses marques, ses imperfections, qui font de lui ce qu’il est, et qui font partie intégrante de la personne. Puis, il y a également [@takebackpostpartum](https://www.instagram.com/takebackpostpartum/?hl=fr) qui est un compte montrant des corps de femmes nues après l’accouchement pour déculpabiliser les femmes qui se trouvent laides suite à l’accouchement. L’accouchement modifie le corps et cela a souvent été trop caché, après une épreuve comme celle-ci ce compte vise à montrer que le corps est difforme, plissé, flasque mais surtout que cela est normal.
Juliette de [@coucoulesgirls](https://www.instagram.com/coucoulesgirls/?hl=fr), une youtubeuse et instagrameuse, poste régulièrement des *nudes* d’elle sur ses réseaux sociaux, en particulier Instagram qui est le réseau social le plus utilisé pour poster les *nudes*. Derrière ces *nudes* se cache l’envie de montrer son corps et de l’assumer pour que les femmes qui ont de la cellulite, des rondeurs ou tout simplement un corps pas en accord avec les « normes » imposées par la société puissent se sentir moins seules dans ce sentiment d’être en désaccord avec le corps nu que les célébrités exposent. Juliette souhaite montrer qu’elle vit très bien le fait de ne pas avoir le *summerbody*. Le [summer body](https://www.lemonde.fr/m-actu-chroniques/article/2018/07/26/summerbody-ou-le-profil-estival_5336281_4573473.html)^13^, terme apparu dans les années 2010, est le fait d’avoir un corps mince, musclé et sans cellulite, en vue d’être parfaite (puisqu’il est destiné particulièrement aux femmes) pour l’été.
Des femmes ont également cassé les codes de l’idéal corporel mondial avec des images marquantes, visant aussi à diffuser plus largement certaines maladies, aidant ainsi à leur acceptation. Il y a tout d’abord [Winnie Harlow](https://fr.wikipedia.org/wiki/Winnie_Harlow) atteinte de vitiligo, une maladie chronique rare de l’épiderme qui se traduit par des tâches dépigmentées sur le corps. Cette dernière [a posté](https://www.express.co.uk/celebrity-news/842374/Winnie-Harlow-Instagram-thong-topless-Lewis-Hamilton)^14^ un *nude* de son corps sur ses réseaux sociaux pour faire parler de cette maladie de la peau très peu connue jusqu’alors et souvent moquée.
<p style="text-align:center";><img src= https://i2-prod.mirror.co.uk/incoming/article11005087.ece/ALTERNATES/s1200b/Winnie-Harlow-naked-selfie.jpg></p>
*Figure 5 - Nude de la mannequin Winnie Harlow atteinte de vitiligo © Instagram Winnie Harlow*
Beth Whaanga a également souhaité utiliser le *nude* afin de faire du corps malade un objet esthétique, en publiant sur son compte Facebook [un des **nudes** les plus marquants](https://www.huffpost.com/entry/beth-whaanga-breast-cancer-scars-facebook_n_4775901?guccounter=1)^15^. Effectivement, elle se montre nue pour que les internautes puissent se rendre compte des dommages à vie que cause le cancer du sein. Le cancer est une maladie très connue mais souvent associée à un crâne dépourvu de cheveux. Ainsi, elle publie ces clichés afin de faire connaître les séquelles de cette maladie et de pouvoir montrer aux femmes victimes de ce cancer qu’il faut s’apprécier et s’aimer même quand notre corps est modifié contre notre volonté.
<p style="text-align:center";><img src= https://i2-prod.mirror.co.uk/incoming/article3137739.ece/ALTERNATES/s1227b/Beth-Whaanga.jpg></p>
*Figure 6 - Nude de Beth Whaanga suite à son cancer du sein © Facebook Beth Whaanga*
## Du sexto au revenge porn
En 2000, le terme [sexting](https://fr.wikipedia.org/wiki/Sexting#:~:text=Le%20terme%20est%20apparu%20en,on%20parle%20aussi%20de%20sextos.)^16^ ou sexto apparaît. C’est le fait d’envoyer un message à caractère érotique ou sexuel, la majorité du temps accompagné de photo. Les technologies mobiles évoluant, c’est en 2000 que le [premier smartphone avec caméra intégrée](https://www.phonandroid.com/evolution-photo-smartphone-premier-cliche-double-camera.html)^17^ apparaît. La première marque à le lancer est Samsung avec le Samsung SCH-V200 et quelques mois plus tard d’autres marques lancent ces smartphones à caméra intégrée. C’est pourquoi le *sexting* connaît un fort succès, ainsi la caméra devient un indispensable sur les smartphones, non seulement pour les photos de la vie de tous les jours mais aussi pour ces pratiques naissantes. Cependant, l’arrivée de ces technologies augmente le risque de la publication au grand jour de son intimité, on appelle cela le *revenge porn*.
C’est seulement en 2009, que le terme *revenge porn* (qui connaîtra quelques mois plus tard la traduction française de porno divulgation) apparaît, mais ce dernier est un phénomène bien plus ancien même s’il était peu populaire jusqu’alors. Le [revenge porn](https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenge_porn)^7^ est apparu pour la première fois en 1995 avec la divulgation de la *sex tape* de Pamela Anderson. Suite à cela, un deuxième tournant dans le *revenge porn* est apparu avec la *sex tape* de Kim Kardashian en 2007. En effet, les réseaux sociaux émergeant à l’époque, la *sex tape* s’est retrouvée largement diffusée. La vengeance pornographique prend une toute autre ampleur avec les réseaux sociaux et devient bien plus répandue et dangereuse. Aussi appelée cyber harcèlement sexuel, la porno divulgation ne cesse d’augmenter d’année en année. En 2007, le *revenge porn* trouvait un nouveau moyen de communication à l’aire des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter. Il connait également une ascension fulgurante en 2013 avec une nouvelle plateforme de photos éphémères : Snapchat. Cette plateforme a mis en confiance les jeunes car ils pensaient que les photos ne pouvaient être enregistrées, cependant le *screenshot*, ou capture d’écran en français, fait son apparition. Si aujourd’hui, nous sommes informés lorsqu’une personne capture la photo envoyée, ce n’était pas le cas en 2013. Ainsi, beaucoup de personnes se sont senties en confiance mais le destinataire n’avait pas forcément de bonnes intentions, le *revenge porn* connaît donc une forte augmentation. Nathalie Dupin a expliqué :
>« En 2013, l'arrivée de Snapchat et de ses photos éphémères a faussement rassuré les ados, qui se sont dits qu'ils pouvaient envoyer un peu tout et n'importe quoi sur l'application ».
Le *revenge porn* a, pendant de longues années, concerné uniquement les célébrités, comme nous avons pu le voir précédemment avec Pamela Andeson, Kim Kardashian ou encore Laure Manaudou, qui est une des premières personnalités françaises à subir la porno divulgation. Alors qu’il était surtout répandu aux Etats-Unis, il connaît une expansion outre-Atlantique, puis mondiale, dans les années 2005. Aujourd’hui, ce phénomène peut [toucher](https://www.cvfe.be/publications/analyses/170-revenge-porn-critique-d-un-phenomene-social-et-des-mots-pour-le-decrire)^18^ tout le monde, bien que les publics les plus touchés soient les jeunes ayant entre 15 et 30 ans, les femmes et les personnes homosexuelles.
En 2013, l’Institut Français d’Opinion Public a mené [une étude](https://www.ifop.com/publication/le-sexe-2-0-enquete-sur-le-sexe-virtuel-via-les-webcams-et-les-nouvelles-technologies/)^19^ sur les pratiques des messages à caractère sexuel. Selon ce dernier, 29% des personnes majeures interrogées ont répondu avoir déjà reçu un sexto et/ou *sextape*, en revanche 19% en avaient été les expéditeurs et enfin 10 % s’étaient filmés durant l’action, c’est-à-dire réalisation d’une *sextape*. Sur ces résultats, une deuxième étude a été menée afin de connaître l’âge des personnes ayant utilisé ou reçu ces images et vidéos. Ainsi, l’étude montre que cette pratique était largement plus répandue chez les jeunes ayant entre 18 et 25 ans, car 35% d'entre eux avaient été destinataires et 25% expéditeurs. En plus de cela, cette pratique montre également l’incitation à envoyer, puisque 26% avaient quémander au partenaire d’en envoyer et 26% avaient reçu une demande d’envoi de photo dénudée. Ces statistiques se révèlent être les mêmes dans les pays développés. La philosophe et psychanalyste Elsa Godart déclarait
> « Il ne s'agit pas d'un changement de la sexualité sur le fond, mais sur la forme. C'est une nouvelle manière de faire la cour ! ».
>
Alors qu’en 2013, ces pratiques étaient surtout utilisées par les personnes majeures, avec l’arrivée de Snapchat le sexto s’est démocratisé chez les jeunes. [Une étude](https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/etude-cybersexisme-web.pdf)^20^ commandée par le Centre Hubertine Auclert menée dans les établissements scolaires français par l’OUIEP (Observatoire Universitaire International d’Education et Prévention) révèle en 2016 que chez les jeunes âgés de 12 à 15 ans, 7% avaient déjà envoyé des photos intimes, plus précisément des selfies, à leur partenaire. A travers cette étude, on se rend compte que malgré qu'il s'agisse d'une minorité, certains mineurs ont reçu des demandes ou des photos contre leur gré. En 2016, trois ans après l’arrivée de Snapchat, l’envoi de photos de nus est donc bien plus présent, et alors qu’on pensait que les mineurs n’étaient pas concernés par cette pratique, l’étude démontre le contraire. Alors qu’on estimait en 2016 en rassemblant toutes les études, que 20% des jeunes de moins de 25 ans envoyaient des *nudes*, en 2019 ce serait 33% de ces jeunes qui auraient pratiqué ce nouveau mode de communication.
En 2016, [une étude australienne](https://www.aic.gov.au/publications/tandi/tandi572)^21^ se basant sur la population anglaise, australienne et néo-zélandaise démontre que le sexto devient une pratique harcelante puisqu’entre 35 et 39% des personnes interrogées en ont été victimes. Alors que cette « *nouvelle façon de faire la cour* » comme l’attestait Elsa Godart n’était jusqu’alors pas remise en cause, la hausse du *revenge porn* démontre le contraire. En 2017, une [étude de la CCRI](https://www.cybercivilrights.org/2017-natl-ncp-research-results/)^22^ (Cyber Civil Rights Initiative) démontre qu’une personne sur huit serait victime de *revenge porn* et qu’une personne sur vingt aurait été à l’origine de la publication d’image de nu sans le consentement de la personne. Ces statistiques de 2017 ont bien évolué en 2019, effectivement d’après une nouvelle enquête de l’AIC (Australian Institute of Criminology) c'est une personne sur trois (39% avec exactitude), qui se trouve être victime de *revenge porn*.
Aux Etats-Unis, cette forte augmentation du *revenge porn* sur les réseaux sociaux a permis à certains de se faire de l’argent sur le dos des victimes en créant des sites et réseaux sociaux payants (tels que Only Fans que l’on a pu voir précédemment) où étaient publiées des images de *revenge porn* du monde entier. Heureusement, en 2020 [la fermeture de ces comptes et de ces sites](https://www.vice.com/fr/article/a3ymgj/le-site-de-revenge-porn-anon-ib-est-enfin-mort)^23^ est quasiment immédiate. Cependant, certaines vidéos résistent, effectivement lorsque l’on cherche à obtenir des informations concernant le *revenge porn* sur Tinder, Google nous propose en premier des liens vers des sites de vidéos pornographiques de *revenge porn*.
Le *revenge porn* est une pratique qui était encore trop peu connue de la population mais une affaire a fait [remonter](https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/nouveau-monde/nouveau-monde-atteinte-a-la-vie-privee-et-revenge-porn-ces-fleaux-qui-empoisonnent-les-reseaux-sociaux_3806737.html)^24^ à la surface ce phénomène. Benjamin Griveaux, candidat à la mairie de Paris, s’est vu dévoiler des nudes qu’il avait envoyés à une femme. [Cette affaire](https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/2020/02/19/laffaire-benjamin-griveaux-et-le-revenge-porn-histoire-dun-mouvement-de-delation-sexuelle-ne-aux-etats-unis/)^25^ est une des premières dans le monde politique après [l'affaire Katie Hill](https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2019/10/katie-hill-and-many-victims-revenge-porn/601198/)^26^ une ancienne élue du congrès américain et relance le débat, incitant donc à se demander si la vie privée peut se détacher de la vie publique. Sa démission semble apporter une réponse négative à cette interrogation, tout comme les nombreux licenciements que témoignent avoir subi des victimes de *revenge porn*.
Face à ces phénomènes négatifs d'exposition du corps nu sur les réseaux sociaux, nous pouvons nous demander comment ceux-ci combattent l’exposition du corps, et quelles sont les raisons de cette lutte contre la nudité.