Arles/ Toulouse 2023-2024
ENSP
UT2J
création
Recherche
Sophie Lécole Solnychkine
Hélène Virion
Emma Viguier
Aline Wiame
Camille Prunet
Yannick Vernet
séminaire
inséminaire
workshop
journée d'étude
exposition
Ce document contributif permet l'archive et le partage du projet de recherche-création sur "La matériaulogie des images" proposé par l'Université de Toulouse-Jean Jaurès et l' École nationale supérieure de la photographie.
Cette archive concerne la seconde année du projet
photo : Pierre/image réalisée par Sebastien Cassin dans le cadre du workshop sur la Matériaulogie des images (ENSP / Université de Toulouse Jean Jaurès)
Ce projet est né de la rencontre entre le travail de recherche théorique développé par Sophie Lécole Solnychkine dans le cadre de son Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) en Esthétique et théorie des images, portant sur la question d’une Matériaulogie des images, et les activités de La Cellule, laboratoire de recherche initié et dirigé par Yannick Vernet à l'ENSP dont l’objet est de questionner les relations entre les images et le vivant.
L' enjeu de ce projet est d’aborder l’image (sa conception, sa fabrication, sa capacité réflexive) par l’angle matériaulogique : c’est à dire d’essayer de la (re-)penser à partir des substances imageantes que sont les matériaux du monde (matériaux physiques purs ou composites comme la terre, le minéral, le végétal, mais aussi processus biologiques ou chimiques comme l’oxydation, la moisissure, etc.).
Dans ce projet, les matériaux sont placés au cœur de la réflexion ; ils sont compris comme possédant une puissance d’agir. Il s’agit donc d’expérimenter les propriétés formelles des matériaux et d’appréhender leurs puissances à l’œuvre dans les images. Cette perspective engage une toute autre manière de penser les images et invite à chercher, au plus proche des éléments du monde, de nouvelles manières de les fabriquer.
avec l'accompagnement précieux de
Ce projet de recherche se situe à l’intersection de deux problématiques très discutées à l’heure actuelle dans le domaine de la théorie des images : la vie des images (Warburg, Bredekamp, Mitchell) et l’écologie des images (Szendy, Durafour).
Il s’agira pour nous d’expérimenter le versant pratique de ce débat, en questionnant les rapports mutualistes de co-constitution des images avec d’autres formes d’existants, les éléments du monde physique.
Cette recherche se propose, en ce sens, d’appréhender l’image comme un « autre vivant » par lequel des formes de vie adviennent, et par là, d'étudier les interrelations entre les images et leurs milieux.
Dans cette visée, il s’agit d’opérer un décentrement, passant d’un regard anthropocentré à un regard écocentré, attentif aux relations entre les êtres et les milieux, ainsi qu’aux relations entre les formes, les images et les supports.
Il s’agit plus particulièrement d’étudier et d’expérimenter la manière dont les matériaux du monde font image, et façonnent, ce faisant, des formules de subjectivité.
Les axes de recherche sont les suivants :
L’une comme l’autre de ces entrées questionnent la capacité des non-humains à faire image et doivent permettre de mettre en lumière leurs puissances expressives propres.
Véritable recherche par l’art, il s’agit ici d’inventer d’autres modalités de recherche entre travail de terrain (que nous préférons qualifier de “relation au monde”), forte interdisciplinarité, savoirs situés et expérimentations plastiques.
Chacun des modules développés durant ce projet est conçu comme un travail d’exploration, de réflexion et de création à partir d'un matériau. Pour chaque matériau et à partir de lui, il s’agit d’élaborer des pistes de recherche et de création singulières, qui répondent aux enjeux actuels de la définition de ce que peut être une “recherche par l’art”.
Les emprunts épistémologiques et/ou méthodologiques aux sciences du vivant et de la terre (pédologie, géosciences, biologies “alternatives” comme celle de Lynn Margulis) vont permettre de générer de nouvelles manières de penser les images.
Il ne s’agit pas seulement d’un geste de décloisonnement des savoirs, mais d’une structuration de la recherche et de la création permettant d’envisager et de décrire des modes d’apparition, de figuration et de transformation des images. Concepts, gestes, processus ou dispositifs de vision (terrarium ou aquarium par exemple) empruntés aux sciences du vivant et de la terre seront pour nous de véritables opérateurs heuristiques, permettant d’imaginer de nouveaux modes de fabrication d’images.
De même qu'une méthodologie de recherche en art très singulière est déployée pour structurer et développer ce projet, les modalités de restitution auront elles aussi des formes originales qui seront imaginées en cohérence avec les recherches menées.
Sur deux ans, nous souhaitons produire une quinzaine d’œuvres de recherche ; documenter cette recherche ; publier sur cette recherche et exposer les résultats lors d’événements culturels et scientifiques d’envergure.
objectifs : permettre aux membres de ce groupe de recherche-création de se rencontrer pour la première fois (en visio) afin de faire connaissance en exposant leurs recherche et/ou en présentant leur travail artistique.
Sophie Lécole Solnychkine introduit la séance par une conférence sur le thème de : la matériaulogie des images. Quelques extraits de films sont projetés.
objectifs : faire émerger les premiers scénarios de recherche-création autour de certains matériaux (terre ; minéral ; eau ; végétaux auxquels ce sont ajoutés pour cette seconde année le sel ; la poussière ; les nuées et le lichen) qui serviront de base aux recherches sur menées conjointement sur l'année du projet.
Pour cette séance - en visio - nous avons eu deux invitées dont nous admirons énormément le travail : Anouck Durand-Gasselin et Lia Giraud.
Quel joie de les écouter parler de leurs magnifiques créations respectives tellement raccord avec nos préoccupations dans le cadre de ce projet de recherche-création.
La première travaille avec les champignons et leurs sporées et la seconde, avec les microalgues photosensibles et plus récemment les diatomites. Ces deux démarches qui questionnent le vivant sont juste extraordinaires et tellement fertiles pour nos réflexions.
objectifs : faire émerger les premiers scénarios de recherche-création autour de certains matériaux (terre ; minéral ; végétal ; eau ainsi que le sel ; la poussière ; les nuées et le lychen).
déroulé de la journée
Introduction de ces journées par Sophie Lécole Solnychkine, et Yannick Vernet.
Brainstorming
objectifs : Générer le plus d'idées possible autour de quelques matériaux du monde.
Cet exercice se fera par groupes d'une dizaine de chercheurs.euses
Cartes mentales
objectifs : créér des représentations visuelles conçues pour suivre et refléter le cheminement et le développement de la pensée à partir des idées ou concepts générés lors du brainstorming. L’objectif est de s’éloigner de la prise de notes trop linéaire pour accéder à un processus d’association de concepts.
Cet exercice se fera par groupes d'une dizaine de chercheurs.euses
Esquisse d'un premier scénario
objectifs : une fois organisée cette matière commence à produire quelques pistes d'exploration. Celles-ci commencer à croiser cette plongée matériaulogique issue des 2 premiers exercices au prisme des images et de l'expérimentation.
Commencer à voir poindre un scénario 1 d'un travail sur l'image et les matériaux du monde.
restitution du scénario 1 et discussion
objectifs : partager à l'ensemble du groupe de recherche le scénario 1.
Chacun des projets est décrit au reste du groupe qui le questionne. Il s'agit ici de nourrir chaque projet de toutes les disciplines; les parcours ; les recherches…
Expérimentations
objectifs : à partir des scénarios 2 imaginés, il est demandé aux groupes d'imaginer les expérimentations permettant de rendre tangible les idées émises et formes envisagées. C'est moins le résultat qui compte ici que les modalités de mise en œuvre.
Visite de l'exposition BLAST
objectifs : Chaque groupe reprend son scénario 1 à partir des suggestions proposées lors du précédent exercice pour le faire évoluer vers un scénario 2 plus précis que le précédent.
Ces deux journées d'inséminaire se terminent par la visite de l'exposition BLAST - en compagnie de Hélène Virion, sa co-commissaire (avec Alain Josseau) - que nous avons eu la chance de visiter juste avant son démontage.
L'occasion d'y voir de très belles pièces des artistes : @Myriam Bâ, John Cornu, Nicolas Daubanes Jdp, Alain Declercq, Anouck Durand-Gasselin, Sirine Fattouh, Anna Guillot, Alain Josseau et Emeric Lhuisset, mais aussi des étudiant.e.s du master 2 CARMA : William Chaouat Oropeza, Ambre Donzelli, Leane Odees Aguilar, Roxane Rey, Barbara Saulnier, Mayeul Toulemonde.
objectifs : prototyper les œuvres de recherche imaginées lors du dernier inséminaire.
objectifs : valoriser pour un public élargi le fruit des recherches de ces deux années de recherche.
Bertrand Romain, Le Détail du monde, L’art perdu de la description de la nature, Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 2019
Bird Rose Déborah, Vers des humanités écologiques, Marseille, Wildproject, 2019
Caeymaex Florence, Despret Vinciane, Pieron Julien (dir.), Habiter le trouble avec Donna Haraway, Bellevaux, Éditions Dehors, 2019
Charbonnier Pierre, Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques, Paris, La Découverte, 2020
Gosselin Sophie, Gé Bartoli David, Le Toucher du monde. Techniques du naturer, Bellevaux, Éditions Dehors, 2019
Jappe Anselm, Béton, Arme de construction massive du capitalisme, Paris, L’Échappée, coll. « Pour en finir avec », 2020
Latour Bruno, Face à Gaïa, Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2015
Ardenne Paul, Un art écologique, Lormont, Le Bord de l’eau, 2018
Bois Yve-Alain, Krauss Rosalind, L’Informe. Mode d’emploi, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1996
Lécole Solnychkine Sophie, Æsthetica antarctica, The Thing de John Carpenter, Aix-en-Provence, Rouge Profond, coll. « Débords », 2019
Lécole Solnychkine Sophie, Dans la boue des images, Paris, Mimésis, coll. “Images, Mediums”, à paraître en 2023
Nau Clélia, Machine-aquarium. Claude Monet et la peinture submergée, Genève, MétisPresses, 2021
Zhong Mengual Estelle, Apprendre à voir, Le point de vue du vivant, Arles, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2021
Dagognet François, Rematérialiser, Matières et matérialismes, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, coll. « Problèmes et controverses », 1989
Damisch Hubert, Théorie du nuage, Pour une histoire de la peinture, Paris, Editions du Seuil, 1972
Debaise Didier et Stengers Isabelle (dir.), Gestes spéculatifs, Dijon, Les Presses du réel, coll. « Drama », 2015
Margantin Laurent, Système minéralogique et cosmogonie chez Novalis, ou les plis de la terre, Paris, L’Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », 1998
Peters, John Durham, The Marvellous Clouds, Toward a Philosophy of Elemental Media, Chicago, Londres, University of Chicago Press, 2015
Povinelli Elizabeth A., Geontologies. A Requiem to Late Liberalism, Durham/Londres, Duke University Press, 2016
Collot Michel, La Matière-émotion, Paris, PUF, coll. « Écriture », 1997
Bruno Giuliana, Surface. Matters of Aesthetics, Materiality, and Media, Chicago/Londres, University of Chicago Press, 2014
Durafour Jean-Michel, Cinéma et Cristaux. Traité d’éconologie, Paris, Éditions Mimésis, coll. « Images, médiums », 2018
Parikka, Jussi, A Geology of Media, Minneapolis, Londres, University of Minnesota Press, 2015
Schefer Jean Louis, Du monde et du mouvement des images, Paris, Éditions de l’Étoile/Cahiers du cinéma, coll. « Essais », 1997
Szendy Peter, Pour une écologie des images, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2021
Descola Philippe, Les Formes du visible, Une anthropologie de la figuration, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », 2021
Philippe Descola et Tim Ingold, Être au monde, Quelle expérience commune ?, Presses Universitaires de Lyon, 2014
Ingold Tim, Marcher avec les dragons, trad. (anglais) Pierre Madelin, Bruxelles, Zones Sensibles, 2011
Ingold Tim, Une brève histoire des lignes, trad. (anglais) Sophie Renaut, Bruxelles, Zones Sensibles, 2011
Lowenhaupt Tsing Anna, Le champignon de la fin de monde, Paris, Les Empêcheurs de tourner en rond/La Découverte, 2017
Stépanoff Charles, Voyager dans l’invisible, techniques chamaniques de l’imagination, Paris, Les Empêcheurs de tourner en rond/La Découverte, 2019
Coltice Nicolas, Jolivet Romain, Olive Jean-Arthur, Schubnel Alexandre, La Terre à l’œil nu, Paris, CNRS Éditions, coll. « À l’œil nu », 2019
Gobat Jean-Michel, Aragno Michel, Mathey Willy (dir.), Le Sol vivant. Bases de pédologie – Biologie des sols, Lausanne, PPUR, coll. « Sciences de la terre », 2010
Lovelock James, La Terre est un être vivant, L’hypothèse Gaïa, Paris, Flammarion, 2017
MacFarlane Robert, Underland, Voyage au centre de la terre, Paris, Les Arènes, 2020
Mitov Michel, Matière sensible, Mousses, gels, cristaux liquides et autres miracles, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Science ouverte », 2010
Reisse Jacques, La longue histoire de la matière, Une complexité croissante depuis des milliards d’années, Paris, PUF, coll. « L’interrogation philosophique », 2011 [2006]
Cohen Jeffrey Jerome, Stone. An Ecology of the Inhuman, Minneapolis/Londres, University of Minesota Press, 2015
Ce document impulsé par yannick vernet est régi par les termes de la licence juridique Creative Commons CC-BY-SA 4.0