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ASE2 : Convergence et estimation

Introduction

L'estimation: on va considerer une population qui obeit a une loi de probabilite avec un parametre

θ inconnu.

L'objectif de l'estimation c'est estimer le parametre.

On preleve un echantillon (suite de variables aleatoires independantes

X1,
X2
,,
Xn
suivant la meme loi que la population
X
) dans cette population, on va construire un estimateur destine a converger vers le parametre
θ
.

Un estimateur est une fonction

T=f(X1,X2,...,Xn) de notre echantillon.

Qualites de l'estimateur:

  1. Etre convergent
  2. Etre precis
    • Plus la variance est minimale, plus on a un estimateur precis
  3. Etre efficace

Pour etudier la convergeance, on va voir 3 types:

  1. Convergence en proba
  2. Convergence quadratique
  3. Convergence discrete

Rappels de la loi Gamma et la loi Normale

On dit qu'une variable aleatoire positive

X suit une loi gamma de parametre r, notee
γr
si sa densite est donnee par
f(x)=1Γ(r)exp(x)xγ1

Avec
Γ(x)=0+exp(t)tx1dt
(fonction Gamma) definie pour
x>0

Propriete de la fonction Gamma

  1. Γ(x+1)=xΓ(x)
    (integration par partie)
  2. Γ(1)=1
  3. Γ(n+1)=n!
  4. Γ(k+12)=1.3.5.....(2k1)2kΓ(12)
  5. Γ(12)=π

Esperance de la loi

γr: soit
X
une variable aleatoire suivant la loi gamma de parametre r.
On a:
E(x)=1Γ0+tTexp(t)dt=Γ(r+1)Γ(r)=r

Variance de la loi

γr:V(X)=E(X2)E2(X)
E(X2)=1Γ(r)0+t2exp(t)tr1dt=1Γ(r)tr+1exp(t)dt=Γ(r+2)Γ(r)=r(r+1)

Donc
V(X)=r(r+1)r2=r

Loi Normale de parametre
(m,σ)

On dit qu'une variable aleatoire

X suit la loi normale notee
N(m,σ)
si sa densite est
f(x)=1σ1πexp(12(xmσ)2)

ou:

  • m=E(X)
  • σ=V(X)
    (ecart-type)

Avec le changement de variable

U=Xmσ (variable normale centree reduite), la densite de
U
est
f(u)=12πexp(12u2)
.

Montrons que
V(U)=1

On a

V(U)=E(U2)=+12πu2exp(12u2)du=22π0+u2exp(12u2)du.
Posons:

  • t=u22
  • ut = udu

V(U)=22π0+2texp(t)dt2t=2π0+t12exp(t)dt=2πΓ(32)=2π12Γ(12)
Donc
V(U)=1ππ=1

Moments de la loi normale centree reduite

Soit

U une variable normale centree reduite, on appelle moment d'ordre
k
de
U
:
uk=E(Uk)

  • Si
    k=2p+1
    alors
    u2p+1=0
    (car fonction impaire)
  • Si
    k=2p
    alors
    u2p=12π+u2pexp(12u2)du=22π0+u2pexp(12u2)du

Posons:

  • t=u22
  • dt=udu

u2p=22π0+(2t)pexp(t)dt2π=2pπ0+tp12exp(t)dt=2pπΓ(p+12)
Or
Γ(p+12)=1.3.5...(2p1)2p
et
Γ(12)=π

Donc
u2p=1.3.5.....(2p1)=(2p)!2pp!

Fonctions caracteristiques

Definition

la fonction caractéristique d’une variable aléatoire réelle

X est la transformée de Fourier de sa loi de probabilité. elle est notée
ϕx(t)
et on a
ϕxE(exp(itX))
(
i
complexe)

Si

X est une variable a densite (
X
est une VA continue de densite
f
) alors:
ϕX(t)=Rexp(itx)f(x)dx

Si
X
est une variable discrète alors sa fonction caractéristique est:
ϕX(t)=kexp(itk)P(X=k)

Proprietes

  1. ϕλX=ϕX(λt)
    λ
    un scalaire
  2. ϕX+a(t)=exp(ita)πX(t)
  3. Si
    X
    est une variable aleatoire d'esperance et d'ecrat-type
    σ
    et
    U=Xmσ

    ϕXmσ(t)=ϕU(T)=exp(itmσ)ϕX(1σ)

Remarque

la fonction caractéristique se prête bien aux additions de variables aléatoires indépendantes :
Si

X et
Y
sont deux variables aléatoires indépendantes alors
ϕX+Y(t)=ϕX(t)ϕY(t)

En effet
ϕX+Y(t)=E(exp(it(X+Y)))=E(exp(itX)exp(itY))

Or
X
et
Y
sont indépendantes
E(exp(itX)exp(itY))=E(exp(itX))E(exp(itY))

Donc
ϕX+Y(t)=ϕX(t)ϕY(t)

Proposition

Soit

X une variable aléatoire de fonction de répartition
ϕX(t)
.
On a:

  • ϕX(0)=1
  • dkϕXdtk(0)=ϕX(k)(0)=tkE(Xk)

Demo

Supposons que

X est une variable continue de densité
f

On a
ϕX(t)=Rexp(itx)f(x)ϕX(0)=Rf(x)dx=1
(car
f
est une densité)
En derivant
ϕX(t)
par rapport a t:
ϕx(t)=iRxexp(itx)f(x)dx

  • Si
    t=0
    ,
    ϕX(0)=iRxf(x)dx=iE(X)

Si on dérive 2 fois,

ϕX(2)(t)=R(ix)2exp(itx)f(x)dx

  • Pour
    t=0
    ,
    ϕX(2)(0)=(i)2Rx2f(x)dx=Rx2f(x)dx=E(X2)

En dérivant

k fois par rapport à
t
:
ϕx(k)(t)=R(ix)kexp(itx)f(x)dx

  • ϕX(k)(0)=(ik)Rxkf(x)dx=ikE(Xk)
    kN

Formule de Mac-Laurin

Si

ϕX(t) est indéfiniment dérivable on a:
ϕx(t)=k=0+tkk!ikE(Xk)

Exemple 1

Soit X une variable aléatoire continue de densité:

{f(x)=exp(x)si x>0f(x)=0sinon
Determiner la fonction caracteristique de
X

Solution

On a

ϕX(t)=Rexp(itx)f(x)dx=0+exp(itx)exp(x)dx=0+exp((1it)x)dx=0+exp((1it)x)dx=[exp((1it)x)(1it)]0+=11it

car

exp((1it)x)=exp(x)exp(itx)0 lorsque
x+

Puisque
exp(itx)
est bornee de module 1 et
exp(x)0
quand
x+

Exemple 2

Déterminer la fonction caractéristique de la loi de Bernoulli de paramètre

p

Solution

Soit X une variable de Bernoulli :

  • X=1
    avec la probabilite
    p
  • X=0
    avec la probabilité
    1p

X étant discrète, donc sa fonction caractéristique est:
ϕX(t)kexp(itk)P(X=k)=k=01exp(itk)P(X=k)=P(X=0)+exp(it)P(X=1)ϕX(t)=1p+pexp(it)=q+pexp(it)avec q=1p

Convergence des suites de variables aleatoires

Une suite

Xn de variables aléatoires étant une suite de fonctions il existe diverses façons de définir la convergence de
Xn
dont certaines jouent un grand rôle en statistiques.

Convergence en probabilite

Definition

La suite

Xn converge en probabilité vers une variable aléatoire
X

Si
ε>0,η>0
( arbitrairement petits) il existe un entier
n0
tel que
n>noP(|XnX|>ε)<η

C’est-à-dire
P(|XnX|>ε)n+0

On notera

(Xn)PX

Inégalité de Bienaymé-Tchebychev:

P(|XE(X)|>ε)<V(X)ε2ε>0

Remarque

Lorsque

E(Xn)n+0, il suffit de montrer que
V(Xn)n+0
pour établir la convergence en probabilité de la suite
(Xn)
vers a.

En effet d’après Tchebychev:

P(|XnE(Xn)|>ε)<V(Xn)ε20
Donc en passant a la limite:
limn+P(|Xna|>ε)=0ε>0

Convergence en moyenne quadratique

On suppose que

E(|XnX|2) existe.

Definition

On dit qu’une suite de variables aléatoires

(Xn) converge en moyenne quadratique vers une variable X si
E(|XnX|2)n+

On notera

(Xn)m.qX

Convergence en loi

Definition

La suite

(Xn) converge en loi vers la variable
X
de fonction de répartition
F
si en tout point de continuité de
F
la suite
(Fn)
des fonctions de répartition des
(Xn)
converge vers
F
, c’est-à-dire
limn+Fn(x)=F(x)
pour tout x point de continuité de F

On noter

XnLX

Remarque

Pour les variables discrètes, la convergence en loi est équivalente à

limn+P(Xn=k)=P(X=k)

Theoreme

Si la suite des fonctions caractéristiques

ϕxn(T) converge vers
ϕX(t)
alors
(Xn)LX

Applications - Convergence en loi de la binomiale vers la loi Normale

Théorème (Moivre-laplace)

Soit

(Xn) une suite de variables binomiales
B(n,p)

Alors
XnnpnpqLN(0,1)
lorsque
n+

Demonstration

La fonction caractéristique de la loi

B(n,p) est:
ϕXn(t)=(pexp(it)+1p)n donc celle de Yn=Xnnpnpq est:ϕYn=(pexp(itnpq)+1p)nexp(itnpnpq)Ln(ϕYn(t))=nLn(p(exp(itnpq)1)+1)itnpnpq

On rappelle le développement limité de l’exponentielle à l’ordre 2:
exp(x)1+x+x22
(au voisinage de 0)
Ln(ϕYn(t))nLn(p(itnpqt22npq)+1)itnpnpq

On rappelle
Ln(1+x)xx22
(au voisinage de 0)
Donc:
Ln(ϕYn(t))n[pitnpqpt22npq+p2t22npq]itnpnpqt22q+pt22q=t22q(p1)=t22

En composant par l’exponentielle:
ϕYn(t)exp(t22) caractéristique de la loi normale N(0,1)

Conclusion:
XnnpnpqLN(0,1)

Remarque

Lorsque

n est assez grand on peut donc approximer la loi Binomiale par la loi normale. On donne généralement comme condition
np
et
nq>5

Il convient cependant d’effectuer la correction de continuité : on obtient donc une valeur approchée de

P(X=x) par la surface sous la courbe de densité de la loi normale
N(np,npq)
comprise entre les droites d’abscisse
x12
et
x+12

P(X=x)P(x12<X<x+12)=P(x12npnpq<Xnpnpq<x+12npnpq)

Et
P(Xx)P(Xnpnpq<x+12npnpq)