LEXIQUE ET REFERENCES

LEXIQUE

Est-ce un lexique, un thésaurus, un annuaire, un corpus, un ensemble de noeuds d’une cartographie sémantique en expansion, un classement de termes ou une suite de références sur lesquelles rebondir pour mieux repartir ? Cette partie d’introduction présente un état des lieux de quelques termes par des définitions, en les reliant à des contextes propres, en présentant des points de vue ou des auteurs clés. Ces termes seront utilisés fréquemment dans le dossier, mais continuent aussi d’être une base de références à ré-interroger. En effet, revenir sur les termes qui nous définissent, nous encadrent et nous délimitent est peut-être un bon moyen de tisser des liens et des communs avec d’autres secteurs d'activités et acteurs mais constituent aussi bien souvent de nouvelles frontières. La sémantique décrivant les activités liées au numérique est en mouvement. Il y a une raison certaine. Celle de la nouveauté, de l’innovation. Il nous faut nommer d’une manière nouvelle ce que l’on continue de faire, pour suivre le mouvement d‘entraînement lié au discours de l’innovation 1. Cette sémantique est souvent déterminée par les financeurs (pouvoir public, marché, capitalisme), mais aussi par ceux qui les activent (citoyens,acteurs) ou ceux qui les commentent (médias,réseaux sociaux).

CULTURE NUMÉRIQUE

Définition : La culture numérique est un espace commun où l’on se pose la question des conditions nécessaires à l’appropriation des technologies numériques.

Manifeste: C’est en partant de de constat que PING a créé des rendez-vous réguliers avec un ensemble d’animateurs socio-culturels multimédia pour essayer de produire un texte-manifeste commun1, qui fut ensuite mis en ligne et imprimé sous format papier. Cette démarche a été animée par Alain Giffard, directeur du Groupement d’intérêt scientifique «Culture & Médias numériques» et membre d'Ars Industrialis. Alain Giffard a été le concepteur de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France et président de la Mission interministérielle pour l’accès public à l’Internet. En voici un résumé :
En partant du postulat que la culture numérique est en mouvement - dans le sens où elle est en formation - elle ne pré-existe pas à sa transmission, en insistant sur la dimension "pratiques, ateliers" ? C'est à dire que les usages du public ne sont pas strictement déterminés par l'institution ou le marché. C'est cet écart entre une position de cible et une position active de sujet, qui révèle le projet d'appropriation culturelle.
Le point central de cette approche fut l'abandon de l'idée que la technologie, pouvait, en se banalisant, diffuser par son mouvement propre les savoirs et savoir-faire nécessaires. Nous – à PING - avons ainsi proposé des pistes de réflexion pour une culture numérique critique. Sans approche critique, pas de véritable formation à la culture numérique qui se réduit alors un discours d'accompagnement du marketing, à la préparation des consommateurs.
Nous pensons que le développement de la culture numérique doit s'inscrire dans la perspective du renforcement des capacités des personnes et des collectifs, c'est-à-dire dans la perspective de la culture de soi. La culture numérique doit être réellement et largement démocratisée. Si nous récusons l'approche par le "rattrapage" et le seul "accès" aux technologies, nous restons fidèles à notre engagement initial de combattre les inégalités dans le domaine numérique et autres.
En démocratie, la souveraineté du peuple devient une simple fiction si, face à un environnement qu'il ne comprend pas, qui le « dépasse », il ne peut acquérir l'autonomie suffisante pour comprendre les enjeux, identifier les problématiques et en fin de compte, s'étant approprié cet environnement, désirer exercer réellement son pouvoir. L'assujettissement du peuple à la technologie est une menace sur la démocratie. Nous préconisons d'associer culture numérique et culture du Libre, de construire la culture numérique comme un bien commun. La construction et la transmission de la culture numérique nécessite la mise en place d'une formation dans les cursus généraux de l'enseignement comme dans l'éducation populaire. Cet enseignement relève de la culture générale et ne peut être cantonné aux cursus scientifiques au sens étroit. Il faut également aménager des temps de débat sur la culture numérique afin d'activer l'appropriation sociale des technologies. Autrement dit, il faut faciliter l'appropriation de la culture numérique comme "contenu" et comme « problème ».

TECHNOLOGIES

Définition : De quoi parle la technologie ? Dans une acceptation large, nous croisons les termes « numérique » (en mélangeant bien souvent internet, web et informatique), « technique » et « technologie » dans une même dynamique et logique de développement historique. Si la définition classique propose que ce terme regroupe l’étude et les discours sur les techniques, il en va sans doute d’une meilleure compréhension d’y associer à la fois les usages, une étude historique et économique des contextes de leurs apparitions et un cadre épistémologique pour penser les techniques actuelles.

Point de vue :

  • «On a recours à technologie, parce-qu’elle a plus de dignité que technique ()  technologie, est le nom de la technique dépossédée. Elle se fait hors de nous, sans nous. La société des hommes est médiatisée par la technique. La technique n’est pas un simple régime de moyens, il peut être intéressant de se poser la question des techniques, des technologies, des sciences. » Jean-Pierre Séris en 1994.

  • Comment une appropriation est-elle encore possible ? Qui programme, qui pilote ? «Le terme de technique, dans son acception la plus générale, désigne tout procédé permettant de mettre en œuvre des moyens en vue d’une fin. L’ouverture d’une bouteille à l’aide d’un tire-bouchon est une opération technique, de même que la vidange des cuves d’un pétrolier géant, le passage des vitesses d’une automobile ou la résolution d’une équation du troisième degré. (…) Ce terme désignait au départ la discipline ayant l’objet l’étude de la technique. Mais il en est venu à désigner ce que l’on nomme également la technoscience, c'est à dire un stade du développement de la technique où celle-ci finit par se confondre avec la science. (…) ce qui existe, ce sont des programmes aux orientations divergentes et parfois conflictuelles. Nous pouvons résumer cela par une formule : en matière de technologie, tout ce qui est programmé n’aboutit pas, mais tout ce qui aboutit a été programmé. »

FABLAB

Définition : Abréviation de Fabrication laboratory, atelier mettant à la disposition du public des outils de fabrication d'objets assistée par ordinateur ou non, permettant de fabriquer n’importe quel objet. (anglicisme)

Origine : Le concept de Fablab est né dans un contexte géopolitique, celui du programme digital nations. Ce programme de coopération a été créé par Nicholas Negroponte, l’ancien président du Costa Rica José María Figueres et des partenaires mondiaux au Mexique, au Danemark et en Inde. L’autre projet qui découlera de ce programme est One Laptop Per Child (OLPC), le projet d’ordinateur portable à 100 dollars, dont le nombre a dépassé les 3 millions dans le monde. L’idée de Bakhtiar Mikhak du Grassroots Invention Group et de Neil Gershenfeld avec son cours How to Make Almost Anything était à l’origine de permettre à des communautés locales de développer rapidement et facilement une expertise technique dans des contrées défavorisées du globe comme l’inde ou l’Amérique du sud via : une formation technique gratuite, standardisée et mondiale, une gouvernance coopérative encadrée par une charte, la réplication d’objets & leur documentation sous format libre.
Les Fab Labs ont aussi une fonction sociale forte, favorisée par la charte qu’ils doivent respecter. Elle promeut, entre autres, l’éducation par l’apprentissage de pair à pair et la pratique.

Point de vue :

  • « On peut noter que ces pratiques proposent un retour à la matière, au tangible, au manipulable au moment où les technologies semblent de plus en plus invisibles. Des lieux permettant de transformer la matière (produire, créer) où, pour cela, il y a transmissions de savoirs et de pratiques croisent les domaines de l’agriculture, la cuisine, des transports, de l’énergie,de l’habitat, des arts et de l’artisanat. Formant une société d’ateliers en réseau ? »

  • «  Le phénomène des makers,(terme anglophone désignant un bricoleur passionné et créatif) actuellement étudié par les sociologues, tend à faire passer les rapprochements prometteurs vers les ateliers d’antan au second plan au profit de modèles d’innovation économique et sociale libertaires . Malheureusement, la principale compétence dans la culture maker ces temps-ci semble consister à tenir une feuille de calcul sur Google Drive avec un business plan et une stratégie cohérente de relations publiques pour les médias sociaux. [] »

TECHNOSCIENCES

Définition en cours, source Wikipédia : « Il est d'usage de considérer le philosophe belge Gilbert Hottois comme l'inventeur du néologisme et mot-valise technoscience en 1977 afin de mettre en évidence le caractère intriqué des liens entre les sciences et les techniques et émettre la thèse que leur contrôle devient de plus en plus problématique au XXe siècle. »

Point de vue : Une autre approche originale serait : L'approche des rapports “science-technique” par Ellul est originale mais reste assez peu connue, elle est condensée dans Les nouveaux possédés. Reprenant les analyses de Georges Friedmann, Ellul avance que la technique est sacralisée parce qu'elle est devenue “le nouveau milieu de l'homme” et que, (pour des raisons qu'il analyse en détail), “il est dans la nature de l'homme de sacraliser son milieu”. En d'autres termes : la technique s'étant peu à peu substituée à la nature en tant que milieu (pour les jeunes générations, elle est un “déjà-là”), elle l'a désacralisée (profanée, polluée…) et, par là-même, elle a récupéré à son profit le sacré qui était auparavant transféré sur elle…“

CULTURE LIBRE

Définition : Il y a du matériel ou des logiciels libres, c’est-à-dire qui peut être utilisé, étudié, modifié, redistribué suivant les quatre libertés de base du logiciel libre. Pour le matériel, Il existe plusieurs licences : la CERN, la TAPR, Open Source Hardware (OSHW) Definition, cette dernière portée par l’Open source hardware association. Parmi les objets se revendiquant de cette démarche, on peut citer Arduino, une plate-forme équipée d’un micro-contrôleur, l’imprimante 3D RepRap mais aussi de la bière.

A ne pas confondre avec l’Open source : le mouvement open source est né en 1998 à l’initiative du hacker américain Eric S. Raymond. Les licences open source sont compatibles avec celles du libre : dans les deux cas, on peut utiliser, étudier, modifier, redistribuer le code. Mais là où le logiciel libre met l’accent sur sa dimension éthique et politique, l’open source se contente de l’efficacité technique des logiciels ouverts.

Point de vue :

  • La culture libre est un mouvement social et une sous-culture qui promeut la liberté de distribuer et de modifier des œuvres de l'esprit sous la forme d'œuvres libres par l'utilisation d'internet ou, plus rarement, d'autres formes de médias. Il puise sa philosophie dans celle du logiciel libre en l'appliquant à la culture et à l'information, dans des domaines aussi variés que les arts, l'éducation, les sciences, etc. Un tel logiciel est ainsi susceptible d'être soumis à étude, critique et correction. Cette caractéristique confère aux logiciels libres une certaine fiabilité et réactivité. Mozilla Firefox, Android, OpenOffice et VLC sont des exemples de logiciels libres célèbres. L’exemple et la comparaison souvent donnés sont la recette de cuisine. Cela est une bonne métaphore et permet de bien expliquer le processus, pour autant et paradoxalement cela ne s’applique pas concrètement à la protection des recettes elles-mêmes.

LA BRICOLE

Définition : On rassemble par cet terme toute activité non professionnelle, réalisée en tant qu’amateur. Utilisant bricolage, bricoleur ou bricole, on rapproche ce terme de DIY (Do it Yourself, fais le toi-même) pour qualifier le caractère autonome et indépendant de l’action. C’est aussi une petite activité sans importance, une bricole. A PING, nous substituons fréquemment bricolage à fabrication, bricoleur à « maker ». Pour des raisons de liaison avec le langage français, et d’intentions des projets.

Point de vue :

  • Florence Weber dans « le travail d’à coté » propose des critères : « Trois conditions délimitent la sphère de la bricole : 1/ C’est une activité productive dont le résultat est réel, concret, directement consommable. 2/ C’est une activité privée, non officielle, non déclarée 3/ C’est une activité non marchande, étrangère à la logique du bénéfice et à la logique du salaire. (…) La bricole est donc une production privée non marchande. Que son produit ne puisse être vendu ni acheté ne signifie pas qu’il ne puisse être échangé. »

EDUCATION POPULAIRE

Définition : Ce qu’on appelle ‘citoyenneté’ renvoie en France à l’éducation populaire. L’éducation populaire milite pour une diffusion de la connaissance au plus grand nombre, afin que chacun puisse s’émanciper et agir dans la société. C’est donc le développement de la question sociale et d’une formation à la démocratie : «Offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur bien-être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs ; assurer à chacun la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a le droit d'être appelé, de développer toute l'étendue des talents qu'il a reçus de la nature ; et par-là, établir entre les citoyens une égalité de fait et rendre réelle l'égalité politique reconnue par la loi », Nicolas de Condorcet, Ecrits sur l'Instruction publique, tome II, "Rapport sur l'Instruction publique", Paris, Edilig, p. 81

Point de vue :

  • «L’éducation populaire s’interroge sur la nature du lien social qui fonde la collectivité « nationale » et sur les moyens démocratiques d’aider les citoyens les plus démunis à se saisir de leurs droits et de leurs devoirs dans la société. C’est au XVIIIème siècle, à l’époque des Lumières que l’on fait communément remonter l’origine de l’idée d’une « éducation populaire ». Dans un contexte de lutte contre l’obscurantisme et l’emprise de l’Église catholique en France, se diffuse l’idée de la nécessité d’une éducation de toutes et tous, et, en l’occurrence, du peuple, par le peuple, pour le peuple. » http://www.education-populaire.fr/histoire-education-populaire

  • L’association Ping a obtenu l’agrément « éducation populaire » délivré par le ministère de jeunesse et des sports, et s’inscrit dans cette éducation permanente qui tend à mettre à disposition des citoyens les moyens d’apprendre ensemble et individuellement tout ce qui leur est nécessaire pour vivre en société. Il suffit de rajouter dans le texte la question des technologies pour arriver à l’objectif de  rendre les technologies accessibles aux gens.

PARTICIPATION

Sans définition : « Il n’existe pas à l’heure actuelle de travail ni de recherche entièrement consacré à l’analyse des mots de la participation et de leurs usages. Si la rhétorique participative est un sujet très traité, surtout dans les travaux dédiés aux nouvelles formes de participation et de la démocratie, la question des mots dont se nourrissent les acteurs et les théoriciens de la participation reste négligée. » nous explique le Groupement d’Intérêt Scientifique de la MSH Paris Nord http://www.dicopart.fr/ qui travaille sur un dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, actuellement en prodution avec plus de 150 chercheurs associés.
Pour autant, ce terme est couramment utilisé depuis l’avènement des plate-formes web , de l’usage d’internet dans les collectifs ou les pratiques collaboratives dans les démarches d’aménagements urbains par exemple. Ce terme renvoie ainsi à d’autres mots parfois en tension : délibération, citoyen, démocratie, usagers, concertation, co-construction, bien commun, abstention, démocratie liquide, consensus, dispositif, milieu,…

Point de vue :

  • Voir le travail d’Henri Jenkins sur les cultures convergentes, et notamment la culture de la participation chez les jeunes publics. « L’apprentissage dans cette culture de la participation se fait entre pairs, par un partage des connaissances et des pratiques et en respectant les contributions de tous les participants, qu’ils soient présents à l’intérieur ou à l’extérieur de la communauté. Les industries culturelles présentent souvent la culture légitime en la limitant à ce qui va d’un créateur, relayé par un appareil médiatique, vers un lecteur / auditeur / spectateur considéré comme réceptacle passif. La contribution de l’usager se mesure donc à l’intensité de ses achats des produits culturels commerciaux. Il devient dès lors important d’étudier et de valoriser l’autre face de la culture : ce qu’elle change chez les individus et les groupes lorsque ceux-ci s’en emparent. À la différence d’un simulacre d’interactivité comme le propose le bouton « Like » de Facebook, la culture participative recouvre de nombreuses activités mais toujours en relation avec la construction de communautés, avec le désir de partage et la volonté d’élaborer, d’intégrer ou de détourner les productions culturelles commerciales. » Un exemple est donné avec la communauté de fans d’Harry Potter, et leurs engagements citoyens pour des causes humanitaires http://www.thehpalliance.org

ALGORITHME

Définition : Un algorithme est une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat. Gérard Berry (1948‒), chercheur en science informatique en donne la définition grand public suivante: un algorithme, c’est tout simplement une façon de décrire dans ses moindres détails comment procéder pour faire quelque chose. (wikipédia)

**Point de vue : **

  • Dans la revue LeCrieur, Claire Richard marque 2017 comme l’année « où l’on a cessé d’aimer les algorithmes ». Que ce soit avec les élections américaines et le lien entre la propagande russe et Trump, en France avec l’affaire APB ou Parcoursup son remplaçant pour la gestion des entrées à l’université, ou de façon plus large les fake news. « jadis louer pour leur capacité à mobiliser et informer, les foules, les algorithmes de facebook sont désormais accusés d’enfermer les utilisateurs dans des bulles de filtres partisanes.(…) Dominique Cardon montre que combien l’essor des algorithmes personnalisés réponds à un désir social d’individuation très profond : c’est parce que les individus ne voulaient plus être calculés par des moyennes, des statistiques, mais exprimer leur singularité, leur individualité, qu’ils ont connu pareil succès.1».

  • « le modèle économique des GAFAM va obliger à repenser l’articulation du monde entre une forme clivante et extrême de capitalisme et une forme renouvelée de marxisme à l‘heure du digital labor, des intelligences artificielles, de la singularité, du transhumanisme, de l’automatisation et des biotechs. » avertit Olivier Ertzschield, enseignant-chercheur français en sciences de l'information et de la communication.2

  • Antoinette Rouvroy, chercheuse au Centre de recherche Information, Droit et Société de l'Université de Namur. prévient qu’il convient de se départir, radicalement, de cette vision suivant laquelle "des algorithmes tyranniques" nous "gouverneraient". « L'optimisation et la préemption algorithmiques ne servent pas à gouverner (même s'ils produisent souvent des effets de gouvernement) mais à dé-penser l'avenir (au double sens d'épuiser et de dispenser de penser) ».

SOUVERAINETÉ

Définition : « Qualité propre à une collectivité politique qui se gouverne elle-même tout en pouvant relever d'une autorité supérieure; pouvoir qu'elle détient »
En démocratie, la souveraineté du peuple devient une simple fiction si, face à un environnement (ici numérique) qu'il ne comprend pas, qui le « dépasse », il ne peut acquérir l'autonomie suffisante pour comprendre les enjeux, identifier les problématiques et en fin de compte, s'étant approprié cet environnement, désirer exercer réellement son pouvoir.

Point de vue :
« La souveraineté technologique nous renvoie à la contribution que chacun et chacune de nous apporte au développement de technologies, en sauvant nos imaginaires radicaux, en récupérant notre histoire et nos mémoires collectives, en nous resituant pour pouvoir rêver et souhaiter, ensemble, la construction ici et maintenant de nos infrastructures propres liées à l’information, la communication et l’expression.Nous méritons d’autres technologies, quelque chose de mieux que ce que nous appelons aujourd’hui les « Technologies de l’information et de la communication ». »3

EMANCIPATION

Définition : Sortir d’une tutelle, s’en affranchir. Ce terme fréquemment utilisé pour décrire le rapport à la technique promulgué dans les hackerspaces ou médialab définit la capacité à maîtriser les technologies, les média ou plus largement tout dispositif technique. Un hackerspace, hacklab ou media hacklab est un lieu où des gens avec un intérêt commun (souvent autour de l’informatique, de la technologie, des sciences, des arts…) peuvent se rencontrer et collaborer. Les Hackerspaces peuvent être vus comme des laboratoires communautaires ouverts où des gens (les hackers) peuvent partager ressources et savoirs. L’éthique hacker renvoie à « une posture passionnée vis-à-vis des connaissances techniques (la hack attitude) plus que l’accomplissement d’une activité particulière (la programmation).4

Point de vue : Portée par cet espoir d’expression individuelle ou collective, où en sommes-nous de cette utopie en réseaux ?

  • « []ces dynamiques se sont cristallisées d’une manière tout particulièrement visible à partir de 1995 quand, se créent, à la faveur de l’organisation des contre-sommets altermondialistes, les premiers « médialab » qui connaîtront une période de grande activité durant une dizaine d’années, mais aussi le réseau libertaire Indymedia dont le mot d’ordre « don’t hate the media, be the media » résonne fortement avec la conviction du hackerisme libertaire selon laquelle le net est le lieu d’une potentielle émancipation des individus dans un esprit d’horizontalité et d’égalité. »

INFRASTRUCTURES

Définition: Ensemble des ouvrages constituant la fondation et l'implantation sur le sol d'une construction ou d'un ensemble d'installations (par exemple routes, voies ferrées, aéroports). Ensemble d'installations, d'équipements nécessaires à une collectivité : L'infrastructure commerciale d'une ville nouvelle. En régime numérique, il serait temps de prendre conscience que nos organisations, territoires et collectifs se confrontent à un empilement stratégique de différentes infrastructures numériques.

Point de vue :

  • « Apparu dans la seconde moitié du xixe siècle, le mot « infrastructure » a ressurgi de façon spectaculaire dans les discours au début du xxie siècle. Porté par la globalisation et les urgences écologiques, l'usage de ce terme connaît désormais une inflation sémantique qui témoigne de multiples efforts pour repenser les infrastructures existantes et comprendre les nouveaux projets d’aménagement qui se déploient un peu partout dans le monde. » François Jarrige, Stefan Le Courant, Camille Paloque-Bergès https://journals.openedition.org/lectures/26683

  • « Du monde plat à l’empilement du Stack, Le deuxième phénomène tient à la re-verticalisation solidaire de cette re-centralisation. Aux échanges horizontaux qui portaient les promesses émancipatrices de l’Internet se superpose désormais tout un « empilement » de structures de plus en plus fortement intégrées et hiérarchisées, sous le pouvoir dominant des plateformes, où les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) jouent un rôle proprement central. Un livre récent de Benjamin Bratton cartographie cet empilement – the Stack – en y distinguant six couches superposées. Sur la fondation géologique et les ressources physiques que lui fournit « la Terre », « le Cloud » apparaît comme un archipel de « serveurs, de bases de données, de sources d’énergie, de fibres optiques, d’appareils de transmission sans fil et d’applications distribuées ».

COMMUNS

Définition : Les biens communs (ou « communs ») sont des ressources, gérées collectivement par une communauté selon une forme de gouvernance qu’elle définit elle-même. Au cœur de tout bien commun il y a une ressource, matérielle (une rivière, un potager…) ou immatérielle (un logiciel, un savoir…).

Point de vue : « Pour Antonio Négri, le Commun recouvre plusieurs dimensions. Comme « fait productif », il s’inscrit dans la continuité des transformations du travail fondée la coopération et la circulation sociale des produits et des activités. Comme source d’un projet politique, le Commun marque une rupture avec les régimes public (étatique) et privé des droits de propriété. Comme régime de la décision collective, il rompt avec une conception libérale de la démocratie, fondée sur la représentation et le système de vote. ».

ENVIRONNEMENT

Définition : « l'ensemble des éléments qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins ». Est souvent utilisé pour la description des espaces de travail dans le langage numérique. Ce qui porte souvent à confusion est le passage de concept à d’autres : environnement personnel, environnement familiale, environnement urbain, environnement naturel, … L’environnement numérique pouvant faire l’illusion d’un tout, à la fois englobant et sécurisant.

Point de vue :

  • Le cyberespace a été longtemps l’autre environnement portant les utopies numériques. La déclaration d’indépendance proposé par John P Barlow en 1996 apporte en éclairage à cette époque futuriste : « Gouvernements du monde industriel, vous géants fatigués de chair et d’acier, je viens du Cyberespace, le nouveau domicile de l’esprit. Au nom du futur, je vous demande à vous du passé de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous n’avez pas de souveraineté où nous nous rassemblons. Nous n’avons pas de gouvernement élu, et il est improbable que nous en ayons un jour, aussi je ne m’adresse à vous avec aucune autre autorité que celle avec laquelle la liberté s’exprimeNous créerons une civilisation de l’esprit dans le Cyberespace. Puisse-t-elle être plus humaine et plus juste que le monde issu de vos gouvernements. »

CITOYENS

Définitions : Qui fait preuve d'esprit civique.

Point de vue:

  • sur les traces de l’internet Citoyen ? « L'expression internet citoyen est apparue en France en 1995 à l'occasion d'un appel au G7 lancé par un collectif de sociologues et de philosophes sous le nom de VECAM (Veille européenne et citoyenne sur les autoroutes de l’information et le multimédia). L'internet citoyen englobe les usages, services, pratiques et comportements liés aux outils numériques en réseaux et dédiés à des actions publiques et solidaires, locales, nationales ou internationales, non marchandes, portées par la société civile. Il se définit selon les caractéristiques suivantes : non commercial, non marchand sans transactions financières à but lucratif ; issu de l'économie sociale et solidaire, du secteur public ou de la recherche ; public : administration en ligne et services de proximité ; d'intérêt général: emploi, patrimoine, santé, éducation, formation ; de services essentiels : aide aux projets, démocratie locale, mise en réseau des personnes et organismes locaux pour l'échange et la coproduction ; accessible : favorisant les publics éloignés culturellement, économiquement ou socialement. Il sous-entend qu’il y aurait un internet non-citoyen ? » https://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_citoyen

  • Citoyen ‘du’ numérique : le ‘du’ devient important ! On rentre dans une notion d’appartenance au régime, à la condition numérique. Ici en France, exemple : je cite Le numérique et ses usages sont au cœur d’un vaste mouvement de transformation de notre économie, de redéfinition de nos espaces publics et privés, et de construction du lien social. La République du 21e siècle sera nécessairement numérique : https://www.republique-numerique.fr/

  • DemocracyOS, l’outil en ligne de participation citoyenne débarque en France. "Nous sommes des citoyens du XXIe siècle, qui faisons de notre mieux pour faire fonctionner des institutions conçues au XIXe siècle et basées sur un support d’information qui remonte au XVe siècle. Il est temps de nous poser la question : quelle démocratie voulons-nous à l’ère d’Internet ?", explique Pia Mancini. Cette politologue argentine est à l’initiative de DemocracyOS, l’outil open source de consultation des citoyens-usagers.

IMPRESSION 3D

Définition : L'impression 3D ou impression tridimensionnelle est l’appellation « grand public » des procédés de fabrication de pièces en volume par ajout ou agglomération de matière. Dans le langage industriel on préfère le terme fabrication additive. L'impression 3D permet de réaliser un objet réel : un concepteur dessine l'objet 3D grâce à un outil de conception assistée par ordinateur (CAO). Le fichier 3D obtenu est traité par un logiciel spécifique qui organise le découpage en tranches des différentes couches nécessaires à la réalisation de la pièce.
https://www.monde-diplomatique.fr/2013/01/SODERBERG/48629
https://www.daviddesrousseaux.com/2015/01/15/acheter-une-imprimante-3d-en-2015-ne-sert-a-rien/
http://www.makery.info/2018/03/27/imprimeur-3d-un-emploi-davenir-ou-pas/

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