Lieux numériques : pratiques populaires et réappropriation sociale,
la bricole comme frein à main des technosciences

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ÉTUDE DE CAS

Des lieux pour des temps d'appropriation des technologies numériques :

la Plateforme C (2013 – 2018) et les OpenAteliers (2008 – 2018)

Je porterai mon attention sur la mise en place d’un atelier où la pratique essentielle est basée sur les technologies numériques mais aussi d’autres bricolages potentiels : le fablab Plateforme C. Ensuite, nous nous attarderons sur un des temps clé de la semaine « l’OpenAtelier », rendez-vous hebdomadaire favorisant le croisement de différents publics, les échanges et la pratique. Celui-ci s’est tenu principalement les jeudis de 14h a 21h depuis 2008. Soit dix années avec environ 15 personnes chaque jeudi, soit plus de 5000 personnes.

Partant d’un constat partagé avec d’autres acteurs associatifs (plus « il y a de la technologie », plus nous avons des demandes de lieux physiques favorisant une réelle appropriation sociale de ces technologies), nous avons proposé progressivement ces deux formats : un temps et un espace dédié. Ces deux « étude de cas » proposent d’expliquer à la fois la construction progressive de ces activités et de partager les récits qui en sont fait.

Quand je rapporte ces expériences, apparaissent de façon récurrente les questions suivantes : Est-ce suffisant ? Quels sont les retours d’expériences ? Comment nos explorations numériques viennent-elles interroger les pratiques d’éducation populaire ? Comment partager ces questions avec les acteurs de l’intérêt général, de l’éducation, de la culture, des mouvements sociaux, ? Et enfin, à qui profitent réellement ces lieux de médiation?
Décrivons tout d’abord le montage du fablab Plateforme C, comment sont apparus les OpenAteliers et ce qui s’y est dit, ce qui a été écrit. Regardons comment ces espaces proposent des temps d’apprentissage et quelles en sont les limites.

1. Des activités médialab au fablab Plateforme C

Plateforme C signifie plateforme collaborative, Plateforme est l’intitulé que choisissait le directeur de l’École d’architecture de Nantes pour tout projet de coopération pédagogique et C comme collaborative faisait bien évidemment référence aux pratiques de collaboration souvent induites par le numérique. Ce projet a été impulsé par PING et quatre écoles d’enseignement supérieur. Le nom fait aussi référence au Bâtiment C, projet architectural devant s’implanter entre Stéréolux et Trempolino, un espace qui aurait pu/dû des associations aux activités de type multimédia, sans des orientations municipales contraires.A priori.

Cinq années d’expérimentation d’un fablab sur l’île de Nantes
Je ne reviendrais pas sur le contexte de l’île de Nantes, projet phare de Nantes métropole. Autant axé sur le développement des industries culturelles, sur l’accueil de toutes les entités d’enseignements supérieurs que sur l’aménagement d’anciens sites industriels et maritimes. L’île de Nantes attire les convoitises, fournit l’éclairage nécessaire pour rendre visible des initiatives émergentes ou dans l’ombre. Comme dans toute métropole européenne actuelle, cette intensification de communication s’effectue au détriment des autres quartiers de sa ville. L’attractivité et la visibilité à l’internationale sont les objectifs des développements urbains des vingt dernières années, l’île de Nantes en étant un modèle à par entière.

Genèse

En juin 2011, PING a accueilli les rencontres du réseau « labtolab » avec 150 personnes, 45 structures, 15 pays différents. Le projet « labtolab » est une coopération financée par le dispositif Grundvigt et se traduit par un format de type « université » itinérante entre des laboratoires de création numérique (Madrid, Bruxelles, Budapest et à Nantes où le projet est porté par un réseau d’associations CREALAB dont PING).

Nous avons proposé à Laurent Berthelot (à l’époque adhérent de PING et futur fablab manager) d’animer un atelier sur l’électronique open source. Nous avions fabriqué un lab mobile positionné devant le Lieu Unique, l’Ecole d’Architecture de Nantes et la MJC ed la Barakason à Rezé une autre journée. La même année, nous avons animé à la Cité des Sciences de Paris, le premier fablab temporaire durant l’événement estival Futur en Seine. Pour cela, nous (Cédric Doutriaux, le futur permier responsable du fablab, et moi-même) avons proposé d’accueillir toutes les personnes impliqués dans le montage d’un fablab, au pôle associatif du 38Breil afin de construire les trois machines nécessaires à ce dispositif nomade parisien (préfigurant l’actuel fablab Carrefour Numérique). Nous avons alors pris une place centrale dans le développement du réseau fablab en France, en nous connectant avec le MIT pour obtenir le droit à l’usage du label ‘fablab’. Ils ont libéré le label l’été même, chaque structure étant responsable de se designer ‘fablab’ en s’auto-analysant sur le respect ou non des critères d’éligibilité. Les questions politiques et sociales autour de la notion de médialab ont fait place à celles des enjeux des fablab.

L’animation des Openateliers se poursuivait et de nombreux étudiants y venaient durant cette année scolaire 2011-2012. Après avoir construit notre première imprimante 3D DIY lors d’un atelier d’une semaine, nous avons élargi notre pratique jusque-là uniquement dédiée à la création numérique aux thématiques telles que l’artisanat, la réparation électronique, la fabrication… Nous avons inscrit notre pratique hebdomadaire (l’OpenAtelier) au pôle associatif du 38Breil comme première pierre des activités estampillées ‘fablab’ de PING en 2012. De plus, nous avons participé à deux temps forts cette année-là: le Summerlab au Centre d’Art et de Design industriel de Laboral à Gijon en Espagne (où s’étaient retrouvés pas moins de 250 personnes issus des mouvements hacker, féministes et altermondialistes espagnoles en plein effervescence des Indignés) et le projet européen ReMake (dont l’idée était de réfléchir à la pérennité des œuvres et créations numériques dans la lignée des recherches par exemple de Clarisse Bardiot).

Nous avions investi pour une durée de deux mois les futurs halles 1&2 sur l’île de Nantes; Ce site est en prévision d’une future version de l’expérimentation «Plateforme C , à coté de Creative Factory et de la Samoa. En quête de reconnaissance par la ville de Nantes, nous avons décidé de nous inscrire dans ce projet de l’ile de Nantes en montrant nos activités comme par exemple durant le Comité Stratégique du Quartier. Nous avions eu deux minutes pour présenter les enjeux de l’impression numérique 3D, des fablabs et de l’appropriation sociale des technologies devant une salle composée de tous les directeurs des structures culturelles de Nantes, les directeurs des établissements supérieurs de recherche, les élus régionaux et métropolitains dont Jean-Marc Ayrault,maire de Nantes, surpris.

La Région Pays de la Loire était -très- proche politiquement de Nantes Métropole dans ses choix stratégiques dédiés à l’innovation et la recherche, et était engagée dans une réflexion en interne « Région 2040 ». Cela les a conduit à construire le projet de Plateforme Régionale dédiée au Design, la « PRI Design ». Ils nous ont identifiés comme partenaires (« agitateurs et tête chercheuse ») puis contactés pour organiser la visite des établissements dédiés aux Industries culturelles et créatives3 à Angers, Montaigu, Le Mans. Nous devions présenter le concept et l’actualité international des fablabs. D’autre part, nous avons imaginé avec la Samoa une rencontre professionnelle appelée la ‘journée des LABS’ afin de faire se croiser les différents laboratoires abordant l’innovation et les outils numériques (Université de Nantes LINA, École d’Architecture Nantes, École de Design Nantes, Stéréolux, ) et d’imaginer des mutualisations potentielles. Cette journée située en décembre 2011 était aussi l’occasion de présenter le mouvement fablab, développé par le MIT avec l’intervention de Jean-Baptiste Labrune au Lieu Unique4 et de nous positionner comme laboratoires alternatifs. Autant d’interventions et de programmations qui ont propulsé Ping au coeur du secteur culturel, et des enjeux de développement urbain attenants.

La région Pays de la Loire et le service Innovation numérique avait pour usage de faire réaliser des études ou benchmarks, avant de lancer des politiques publiques. C’est toujours le cas. Nous avons proposé de ‘fabriquer’ le projet «  Plateforme C », comme une expérimentation à taille réelle dont l’objectif est d’être une « étude permanente, à ciel ouvert ». Nous avons ainsi imaginé avec les Écoles partenaires et la Région Pays de la Loire cet espace ‘neutre’ comme un démonstrateur des enjeux que portaient les fablab en 2011, enjeu éducatif, économique, social…

Collaborations pédagogiques

Poursuivant la démarche du MIT, nous avons proposé aux écoles partenaires de respecter la charte du MIT, c’est à dire de proposer un atelier de pratique accessible à leurs étudiants, ainsi qu’aux adhérents de PING et ce de manière non exclusive. De plus, nous avons progressivement favorisé le croisement entre écoles sur des workshops thématiques. Le nombre d’écoles étant passé de quatre à onze en cinq ans, nous avons sollicité un soutien plus fort de la région et de Nantes métropole pour avoir deux personnes à temps plein dédiées à l’animation, la régie et l’accueil du lieu, en faisant participer économiquement, de façon symbolique et modestement, les écoles partenaires.

Suite à de longues entretiens que nous avons réalisés avec les directeurs et responsables des écoles partenaires, celles-ci reconnaissent après cinq années d’expérience une plus-value en terme pédagogique et sur le plan culturel pour leurs étudiants. Certaines ont pu tester des solutions techniques et d’usages quant à l’aménagement d’atelier de fabrication numérique au sein de leur établissement. D’autres ont créé de nouveaux contenus pédagogiques comme le DU (diplôme universitaire) entre l ‘École de Design et l’IUT de Nantes, … La découverte des logiciels libres, du principe de documentation de projets et de la dimension collective et coopérative ont été également soulignés. Un espace de croisement assez original entre les écoles a été évoqué.

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Avec / vers d’autres structures « pédagogiques »
Le choix initial de PING était de ne pas cibler de public spécifique, malgré le fait que Plateforme C devait s’ouvrir à des établissements principalement orientés E.S.R2 .Récemment, nous avons eu un partenariat avec des missions locales. Pendant une année, 120 jeunes ont fait la visite du fablab, par groupe de douze et un encadrant. Les retours ont été très encourageants, les animateurs se sont rendus compte que les jeunes avaient une autre manière de discuter entre eux, du simple fait d’être dans le fablab (dans un hangar), même sans rien y faire, une autre façon de se présenter et d’évoquer leur parcours professionnel. Sur cet élan, nous avons lancé un programme nommé « Echofablab » en construisant un partenariat avec l’École de la deuxième chance, la Mission locale et aussi l’Ecole du Design de Nantes et la fondation Orange. Notre but est de faire se croiser les publics, ou des personnes de la même tranche d’âge mais d’horizon social différent. Le bilan est très positif : les jeunes sont satisfaits et demandent à revenir, l’objectif pédagogique est atteint, l’interaction entre les publics a eu lieu, etc Par rapport à la tranche des 16-30 ans, cela nous apporte une plus grande diversité, au-delà de notre ‘public’ étudiant ou adhérent. Cela s’inscrit aussi pour nous dans un projet plus large sur la pédagogie et la transmission des savoirs. Nous voulons transformer nos plaquettes de communication et nos actions pour qu’elles soient moins centrées sur l’accès aux machines et davantage sur la possibilité d’apprendre à faire des choses, apprendre ensemble. Cela correspond à une nouvelle étape du développement de Plateforme C et du positionnement de PING.

Ce virage n’est pas simple, notamment parce-qu’on croise différentes typologies d’acteurs (formation initiale, continue, insertion, socio-culturelle) et les enjeux sociétaux attenants, mais cela nous permet d’échanger avec des éducateurs, médiateurs parmi les acteurs de l’insertion, changeant nos perceptions. Ces échanges contiennent de nouvelles interrogations : qu’est-ce que l’insertion ? Surtout dans une période où certains nous feraient presque croire que le numérique va créer des emplois pour tous ou que les jeunes vont tous devenir ‘makers’, eux qui se voyaient plutôt ‘youtubers’. Est-ce qu’on ne propose pas une simple diversion ludo-créative à des gens avec des enjeux de recherche d’emploi comme cadre ? Pour autant, en discutant avec les jeunes, nous décortiquons par exemple le modèle économique de Google, nous abordons les questions des vie privée sur internet, des algorithmes et de l’environnement numérique de façon plus large.

Communautés d’adhérents

Le projet Plateforme C a permis à PING d’être davantage visible à l’échelle locale et nationale. Mais cela aussi permis à une communauté – ou plutôt des communautés – de participer à l’aventure du montage du fablab. Ces ‘usagers’ ont été jusqu’à trois cent adhérents inscrits sur année.
Même si un noyau dur reste fidèle aux activités de PING, la mobilisation et l’engagement des adhérents a été fonction des modalités d’accès que nous avons proposé, expérimenté et adapté : ouverture le samedi ou non, ouverture en soirée ou non, tarif de l’adhésion à l’année, abonnement au mois ou au trimestre, … et aussi en fonction de la disponibilité ou non des machines, des conditions atmosphériques spécifiques à ce type de hangar précaire.

Croisant aussi les bénévoles sur des temps forts, les membres du conseil d’administration engagés dans le développement de l’association et des enseignants à titre personnel ont suivi l’évolution de ces cinq années. A titre d’indication, l’adhésion pour cette année est à 20 euros et 5 euros pour les personnes en difficulté (accès tous les mardis et jeudis), les abonnements mensuels à 100 euros (accès supplémentaire mardi, mercredi et samedi).

Projets de fabrication et espace d’échanges en ligne

A titre d’exemples et pour illustrer ce qu’on fait les adhérents (les questions les plus fréquentes que l’on nous pose étant : qui vient ? Et que font concrètement les gens?), nous reprenons bien souvent les projets documentés sur le site que nous avons lancé fablabo1 http://www.fablabo.net. Celui-ci est basé sur la technologie MediaWiki, le même logiciel libre que pour le site wikipédia. Cet espace web collaboratif permet de produire des fiches et guides d’usages, d’identifier les personnes ressources et s’inscrit pleinement dans la pratique de documentation et de partage promulgué par la charte MIT2.

Pour commencer, le projet DACCA (Distributeur A Croquettes Connecté Automatique) illustre le coté parfois futile mais toujours formateur des fabrications. « Le projet démarre par la nécessité de nourrir son chat tous les jours, même ceux où l'on aurait voulu, sur un coup de tête, fuir son domicile pour faire la fête, partir en vacances ou disparaître Les contraintes étaient:Bromure, le chat, est un glouton. Il est donc impossible de lui laisser plus que sa dose journalière en libre service, sans quoi il mange tout, vomit et meurt de faim dans la semaine. il n'y a pas d'accès internet légalement utilisable chez moi. Le budget qui pouvait être alloué à Bromure est notoirement restreint. »
Le couple s’est lancé dans divers tests les amenant à pratiquer l’électronique, l’impression 3D, la programmation web sur une année, bien remplie pour ces deux salariés (ostéopathe et artiste-plasticien). Ils ont produit une documentation agile, avec humour et distance critique.

De l’autre coté, Régis, adhérent à la retraite, inventeur d’un outil culinaire baptisé Système de Cuisson Assistée par Ordinateur (SCAO), documente la page la plus prolifique et dense du wiki. Il pose tout d’abord les bases de la notion d’invention : « Le mot invention se réfère au définition française et anglaise de l'encyclopédie Wikipédia : invention technique et invention De la définition française, il convient de retenir : "une invention est la concrétisation d'une idée créative." Contrairement à certaines idées reçues, la concrétisation d'une invention nécessite des moyens et ne se contente pas forcément d'un atelier vétuste dans un coin du garage ! Dans le cadre de l'invention du SCAO, une réflexion est menée en vue de définir ces moyens. Cette réflexion commence par l'analyse des différentes phases qui permettent de passer de l'idée à sa concrétisation. » La page décrit toutes les étapes précises au niveau technique mais aussi sur le développement de l’objet, la propriété intellectuelle, les licences, le montage de dossier potentiel, la pérennité de sa démarche avec une réflexion sur le modèle associatif, son carnet de notes, … Un vrai centre de ressource et une tranche de vie en tant que telle! « Je suis ingénieur électronicien. Ma carrière s'est déroulée chez THALES spécialiste d'électronique de défense. Je suis retraité depuis 2007 et je consacre la majeure partie de mon temps à un projet baptisé Quiet Cook. Il s'agit d'un nouveau concept culinaire qui fait appel à des moyens électroniques et informatiques. Depuis octobre 2013, je fréquente le fablab de Nantes et j'ai également fait un stage de 3 mois à la cité de l'objet connecté à Angers. »

Un autre projet, la fabrication d’un Clitoris 3D par Clara expose les objectifs politiques et personnels très clairement : « Apprendre à utiliser une rep-rap, augmenter mes connaissances sur le sujet. Fabriquer une reproduction d'un organe méconnu (plus d'infos sur le site Clit'info).Se servir du projet et de l'objet comme prétexte pour enclencher des discussions sur l'égalité hommes-femmes. Me mettre le pied à l'étrier pour maîtriser d'autres machines par la suite + m'adresser aux femmes en priorité afin de les familiariser avec le fab-lab à travers la mise en scène de ma propre découverte. "si je l'ai fait, vous pouvez le faire." »

http://fablabo.net/wiki/Distributeur_à_Croquettes_Automatique
http://fablabo.net/wiki/SCAO
http://fablabo.net/wiki/Clitoris_3D

Démarche collective
Il y a aussi les chantiers collectifs, ceux qui sont proposés sur un tableau et sur le wiki, et ceux qui sont informels : « Rangement et disco, Etabli menuiserie, aspiration CNC, groupement récup matériel électro, aller jeter des cartons à la déchetterie, fixer les tableaux et ranger les outils du coin électronique, le rangement des composants électroniques en libre service, fabriquer une housse de protection pour la télé, lister les besoins en matériel pour équiper un coin couture et tricot, aménager le point d'eau du lavabo de la paillassepour créer un espace biohacking, aménager un espace de rangement pour le stock de bois auprès de la découpe laser , ranger le stock de câbles électriques (enrouler+scotcher+ranger dans le carton dédié), amélioration du plugin SmoothieLaser, Créer un groupe d'impression 3D » Cette dernière proposition a provoqué la création d’un groupe de travail sur la construction d’une imprimante 3d made in Plateforme C. Ils se retrouvent tous les jeudis soir et ont déjà ‘représenté’ PiNG sur divers salons ou forums d’exposition, Maker Faire ou autres. D’autres projets sont visibles sur le wiki. Des workshops ou sessions de plusieurs jours comme avec le conseil départemental de Loire-Atlantique et l’association MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées) afin de construire le prototype d’un lit de bébé pour parent en fauteuil. Des sessions thématiques comme ce temps de travail avec un réseau de fablabs francophones sur les enjeux de la documentation ouverte
http://fablabo.net/wiki/Workshop_My_Human_Kit_:_Lit_de_bébé_pour_parent_en_fauteuil
http://fablabo.net/wiki/WorkshopDocumentation

Sur le site web, on retrouve aussi quelques unes de mes modestes contributions. Le spirograffe, un mini robot low-tech avec un verre, un moteur et des crayons que nous avons ensuite utilisé lors de sessions avec des publics plus jeune. L’atelier sur la pile microbienne avec des médiateurs culture-scientifique et technique. Le paramétrage d’une borne wifi de type bibliobox (espace wifi de partage de contenus texte, audio, vidéo en local).
http://fablabo.net/wiki/Spirogaffe
http://fablabo.net/wiki/Pile_microbienne
http://fablabo.net/wiki/Culturebox

Portraits et itinéraire des motivations personnelles

Bien sûr tout le monde ne documente pas ! Pour mieux connaître nos adhérents, nous avons réalisés quelques interviews. Elles donnent un aperçu de leur motivations. Ces interviews ont été réalisées par des jeunes en service civique à PING, ayant en commun avec beaucoup d’adhérents une grande incertitude sur leur parcours professionnel.

On peut résumer ainsi : ils sont arrivés là par une visite, en ont entendu parler ailleurs, en avaient besoin à un moment précis, pour le goût du travail manuel, l’envie d’un atelier à partager, de la proximité de l’île de Nantes, pour des raisons éthiques et un autre rapport au travail, des envies de transmettre, de savoir faire, d’être autonome dans leur choix de vie, …

Ce qui ressort des interviews est :
que les gens soient surpris par l’entraide
que les machines ne marchant pas provoquent des échanges constructifs
que le rapport au corps est important
que les histoires de vie sont importantes
que l’arrivée au fablab est une étape dans leur itinéraire
qu’ils essaient de le rattacher à un lien avec leurs parents ou la famille.
qu’il y a des sourires, de la convivialité, des réussites techniques, des démos et défis techniques (comme des hackers!1).
que l’imprévu et l’erreur peuvent être productif.
que produire local à du sens pour les gens.

FOCUS SUR LES BRICOLEURS ENGAGES ET FIDELES
Claire, l’artisane relieuse, ex développeuse
« Est-ce que c’était le désir de changer de métier ou d’être artisane qui t’a amené à cette reconversion ?
Ce qui m’a vraiment poussé au départ c’était l’envie de faire autre chose. C’est ma manière de fonctionner : dans l’entreprise où j’étais avant j’ai eu trois postes différents en 8 ans et j’avais à peu près fait le tour de ce que l’on pouvait m’y proposer. On change aussi avec l’âge, je suis dans un désir de choses un peu plus lentes et moins dans la rapidité immédiate. Le fait d’avoir un travail manuel c’est permettre un temps de pratique qui amène, forcément, un temps de réflexion. Et également le sens du toucher, avoir le matériau dans les mains, créer et bouger son corps : c’est un désir de ne pas être statique. « 
Mustafa, un parcours guidé par les rencontres, 29 ans, ex prothésiste en Géorgie, École de la deuxième chance de Nantes
« La première machine sur laquelle j’ai commencé à travailler au fablab ne fonctionnait pas. Plusieurs personnes travaillent avec et chacun a ses propres réglages, ce qui peut expliquer ce genre de problèmes. J’ai alors demandé de l’aide à un adhérent : nous avons repéré qu’il y avait un souci pour passer le fil dans la machine et, durant deux heures, nous avons essayé de comprendre ensemble pourquoi la machine ne marchait pas. Un autre adhérent est ensuite arrivé. Il était motivé pour nous aider. Nous avons à nouveau passé deux heures à tenter de résoudre le problème mais la machine ne fonctionnait toujours pas. Nous avons cherché sur internet, sur YouTube, mais elle refusait de marcher ! Je me suis alors rendu compte que c’est vraiment intéressant de voir comment les gens viennent vers toi et te demandent « Tu as besoin d’aide ? Qu’est ce que tu fais ? Tu connais cette machine ? ». C’est un partage d’expérience, je trouve ça magnifique. Après tout ça, Pierre-Guillaume a dit qu’il avait une machine chez lui et qu’il la ramènerait le lendemain. C’est ce qu’il a fait et grâce à ça j’ai pu commencer un projet de manteau de pluie. J’ai eu des soucis au niveau du premier matériau que j’ai utilisé, qui était fragile, mais c’est intéressant aussi de faire différents essais. »
Jean-Pierre, le récupérateur frénétique, retraité
« C’est d’ailleurs à ce moment là que j’ai entendu pour la première fois le mot « obsolescence », c’était à peu près en 1975. Je suis ensuite rentré dans une autre entreprise de photocopieurs après avoir rencontré un monsieur qui y était revendeur, et j’y suis resté plus ou moins 20 ans. Finalement, la retraite est arrivée, ça a été un moment difficile, de grand stress. Le corps ne suivait plus et je devais me concentrer sur quelque chose pour ne pas rester à rien faire ! Je me suis donc lancé encore plus fort dans la réparation, toujours en restant dans une démarche de récupération.
Pourquoi viens-tu à Plateforme C ?
C’est plutôt pour transmettre. S’il y a une panne ou quelque chose qui pose un soucis dans un projet, j’essaie de trouver ce qui ne fonctionne pas. Ce sont des réflexes de réparation que j’ai dans la tête, je pense. Mais ce qui est très important, c’est de rencontrer des gens, de faire plaisir aux autres. C’est souvent ce que je remarque dans les ateliers que je fréquente : les gens ont le sourire quand ils arrivent à passer entre les mailles de cette logique de consommation et de destruction, de gâchis. Avant, j’étais un solitaire dans mes bricolages, maintenant je suis presque un solidaire ! Je fais les choses pour les autres… »

De l’open-data aux matériaux de récup’ : Davide, le touche à tout, italien, master en Allemagne, ingénieur au Brésil
«  je suis en télé-travail depuis 2011. J’habite sur l’île de Nantes, sur la ligne C5 donc c’est génial ! En 10 minutes j’arrive au fablab ! …. Ce n’est pas un hasard que je sois arrivé ici : quand j’avais 7 ans, en 1987, je suis tombé dans une sorte de fablab. Mon papa était pilote d’avion et il était passionné par la construction et l’informatique. On avait monté une petite usine de construction d’avion, il y avait de l’espace, des machines, des outils… On s’est dit qu’on pourrait partager tout ça avec d’autres ! Donc mon père a imaginé un système de location mutualisé : qui voulait pouvait louer cet espace avec les machines. C’était génial parce que c’était sur le même terrain que la maison de mes parents, et jusqu’à l’âge de 21 ans, j’ai participé à tout ce qui a été construit par la suite par des personnes que je ne connaissais même pas forcément ! Donc quand j’ai découvert le principe du fablab, ça me parlait parce que je connaissais déjà l’idée du partage des outils. Aujourd’hui comme je suis en télé-travail, j’ai une certaine liberté dans mes horaires. Donc le jeudi après-midi j’ai pris l’habitude de venir ici depuis deux ans. Je n’ai pas de projet spécifique que je réalise forcément, mais c’est un vrai lieu de rencontre. Te souviens-tu de la première fois que tu es arrivé à Plateforme C ? Oui c’était il y a deux ans, j’ai découvert le lieu lors d’une visite hebdomadaire et le concept m’a vraiment plu. Je ne suis pas du tout attiré par les machines à commandes numériques (j’en ai utilisé plein lors de mon parcours universitaire et professionnel), mais plutôt par le lieu, les valeurs, l’ambiance, les personnes que l’on rencontre : cela va au delà de la technicité des outils ! Ici personnellement je n’utilise que la table, l’espace électronique (je me fais une pause réparation d’électroménager par semaine) et le thé ! »

Julien, l’auto-entrepreneur sur longboard, 23 ans ingénieur en éco-conception
« Depuis tout gamin, je travaille avec mon grand-père et mon père dans l’atelier de moto dans lequel on a aussi une machine à bois et j’ai toujours eu envie de travailler le bois. Pour moi, le fait de monter ma boîte, ça me permettait d’être un peu tout, c’est-à-dire un peu ingénieur, faire un peu de communication, être un peu vendeur et surtout faire quelque chose qui me plaît. »

Jean, ornithologue et maker, retraité
« Oui effectivement. Loisirs mais il y a quand même deux vocations. Le premier intérêt c’était les imprimantes 3D, pour apprendre comment ça marchait. Donc je me suis formé à la conception 3D parce que j’avais des besoins réels. J’avais des petites pièces d’un lecteur de cd qui étaient cassées, donc je pouvais les re-modéliser et les fabriquer. J’avais aussi des pièces de cassées d’un pied photo que j’ai réparé comme ça. Et puis après j’ai fait 2-3 petits projets plutôt de loisirs, des petites maquettes pour mes petits-enfants par exemple… Et bien tu vois, tout à l’heure tu m’as vu discuter avec quelqu’un qui a déjà fait la même chose, ça permet de partager les ressources et les capacités.
Et puis par exemple, moi la programmation j’ai pas du tout de formation là-dessus. J’ai fait de la programmation de base, c’est-à-dire de gestion de données il y a 30 ans, mais bon. Et puis ça permet de retrouver du monde parce que chez moi je suis tout seul toute la journée. Mais ici il fait froid (ha!ha!). »… « Je suis venu ici pour la première fois en septembre dernier. Ces locaux-là ils me parlent, à l’époque j’étais chef de projet sur la fabrication de tableaux électriques qu’étaient embarqués sur les bateaux, donc j’allais très régulièrement sur les chantiers Dubigeon [chantiers de bateaux de l’autre côté de la Loire, en face de Plateforme C]. C’est un lieu insolite mais historique qui me rappelle des souvenirs. »

L’Atelier Lugus, 30 ans architecte et charpentier
« On voit Plateforme C comme un espace potentiellement collaboratif. Après l’usage qu’on en a ne l’est pas parce qu’on travaille aussi à l’atelier de Jérémie (on a des machines qui sont là-bas). On vient rarement à Plateforme C et quand on vient c’est essentiellement pour un besoin technique. Après ça nous est comme même arrivé de solliciter l‘accompagnement juridique pour la protection de nos créations avec Vladimir et Thomas. On avait déjà rencontré Vladimir (doctorant en propriété intellectuelle) une première fois de manière informelle dans le centre de Nantes et on est revenu ici à une réunion collective pour se renseigner sur le type de licence sous laquelle on pouvait protéger et partager nos créations. Les valeurs de culture libre et de partage qui se retrouvent au sein du fablab nous séduisent énormément et on a découvert auprès de Vladimir et Thomas qu’on pouvait protéger ces idées tout en les diffusant… On essaye de réduire au maximum notre impact environnemental dans nos créations. Ça devient cohérent avec cette approche de partage parce que dans un fablab on est dans une dimension d’échange. En s’approvisionnant en bois de manière locale, on réduit à la fois notre emprunte carbone et on fait travailler aussi des personnes qui travaillent à côté de chez nousÀ l’expérience, il y a un truc qui me fait marrer. On se sert 90 % du temps uniquement de la découpe-laser. On commence à maîtriser le process de conception, à connaître la machine, mais à chaque fois qu’on vient ça ne se passe pas comme on a prévu ! C’est assez déstabilisant et en même temps ça permet de relativiser ce qu’on fait parce qu’à chaque fois y a un truc qui fait que c’est pas ce qu’on avait prévu. Malgré la familiarisation avec le logiciel, l’outil, y a toujours plein d’inconnues qui viennent interférer. »

Clément, passionné de musique et graveur de vinyles en devenir, 26 ans Master
« J’avais besoin de produire des pièces, de faire des choses simples comme couper, percer … et chez moi ce n’était pas possiblej’ai pu notamment apprendre à me servir des imprimantes 3D pour fabriquer mes pièces sur mesure pour le graveur, aussi d’outils plus simples (comme les perceuses, la fraiseuse…) … C’était l’été et il y avait peu de monde, du coup c’était plus facile de discuter, c’était sympa. Je pouvais prendre le temps de comprendre comment fonctionnait la machine. C’est ça que j’aime au fablab, c’est le simple fait de prendre le temps de discuter avec les gens, de pouvoir se réunir autour d’un projet, d’une machine… »

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Construire son lieu, « how to make your own fablab »

Un hangar nous a été proposé par la Samoa, nous cherchions à ce moment là un local aux dimensions de 300 mètres carrés, et la PRI Design qui devait nous accueillir nous proposait une salle de 35 mètres carrés. Le bail du hangar 30 est temporaire, renouvelé tous les six mois. Il s’agit d’une sous-location, la Samoa le louant au Port Autonome en attendant de futurs projets immobiliers sur cette zone en friche, libre. Comme la plupart des ‘mise à disposition ‘ pour d’autres acteurs artiste, artisan, associations sur l’île de Nantes, cela correspond à une stratégie d’occupation temporaire de la Samoa et de Créative Factory. Cette stratégie affirmée fait l’objet de projets européens d’échange de bonnes pratiques avec d’autres capitales européennes, comme le projet Refill lancé en 2016 dans le cadre des programmes URBACT : « Son but : favoriser le partage de connaissances sur les occupations temporaires des espaces vacants en milieu urbain. Pour le consortium, l’enjeu est d’identifier les instruments qui engendrent des effets positifs au sein de ces espaces et d’explorer comment la dynamique de ces utilisations temporaires peut laisser une marque permanente dans nos villes. »

Récupérant les clés du bâtiment avant même d’avoir validé le partenariat, nous (les permanents de PING et quelques bénévoles) avions démarré les étapes de réhabilitation (la peinture, internet, électricité, cabanes, sols, …). Un nouveau noyau d’’adhérents a été conquis par l’aventure de s’approprier un lieu.

Construire sa cabane comme Henry David Thoreau ou aménager une friche font partie de l’imaginaire véhiculé par l’univers des fablab, du DIY. La communauté du fablab s’est donc créé autour de l’aménagement des espaces.
Certains adhérents n’hésitant pas à venir avant les horaires d’ouverture « pour que tout soit prêt avant », s’identifiant au lieu. On retrouve l’esprit des premières maisons de quartier avec les kits d’auto-fabrication des MJC ‘les Milles-clubs’ lancé par la circulaire de François Missofe en 19672. En effet, l’opération « mille clubs de jeunes » avait un double but : « créer un équipement léger destiné à un nombre limité de jeunes et donner aux jeunes un sentiment de communauté et d’appropriation en leur faisant monter eux-mêmes leur local. » .

Avec la différence que nos adhérents étaient moins jeunes et que l’installation « DIY » se faisait un peu par défaut . Nous utilisons également une autre comparaison avec les clubs de bricolage répartis sur toute la France dans les années soixante-dix dont les moyens de communication passaient par le magazine Système D. On y retrouve des similitudes avec les fablab : charte d’usage, correspondance via le forum du magazine, cartographie des lieux par adresse postale, une époque plus lente dans les échanges car la publication n’étant que mensuelle, les réponses postées sur le forum n’arrivaient que le mois suivant, dans le meilleur des cas.

Espace social et culturel

Pour évoquer le rôle ou l’impact du fablab dans le parcours des vies des ‘participants’ (remarquons au passage que l’on passe de la sémantique d’‘adhérents’ à ‘usager’ ou de ‘contributeurs’ à ‘visiteurs’ pour qualifier les personnes qui passent au sein des ateliers) nous n’avons pas mis en place d’outil ou de dispositif spécifique. Malgré de nombreux étudiants, post-doctorants passés au fablab sur ces questions-là, nous n’avons pas prévu, programmé ce lieu initialement pour cela. De nombreuses études ont été publiées sur le concept des fablabs1, le retour des ‘participants’ nous incite à réfléchir depuis peu à cette possibilité. Quelques travaux d’analyse de nos pratiques ont été portés par des personnes qui interrogeaient parallèlement leur propre parcours professionnel.

A titre d’exemple, le dossier « Fablab, vecteur de développement durable ? » de Regis Ballade a été produit dans le cadre d’un diplôme universitaire à Nantes pour lequel j’ai office de tuteur professionnel : « Le sujet « fablab » s’est imposé à moi. Dans le schéma ci-dessous, je présente les éléments de réflexivité qui me relient à ce sujet, et que j’évoquerai tout au long du mémoire. Quand j’ai commencé à parler d’un sujet autour du fablab, les professeurs du DU m’ont regardé avec des gros yeux. D’abord, parce qu’au début ils ne voyaient pas très bien de quoi je voulais parler. Puis, parce que derrière la définition réductrice de «  Atelier mettant à disposition du public des outils de fabrication numérique » plane l’ombre du futurisme, l’éloge de la technologie comme solutions à tous les problèmes, … bref la déshumanisation de notre sociétéJe me rappelais leur mot « surtout ne pas niveler l’homme au profit de la technologie »

Dans son dossier, Régis Ballade évoque comment son passage au fablab fait écho à son travail dans l’industrie et l’a ouvert vers des problématiques sur le travail manuel, l’impact environnemental et les relations humaines au travail. La fonction d’utilité sociale pour les salariés ou non, retraités ou sans activités que l’on pourrait conféré au fablab, lui est apparue tangible, palpable comme un bénéfice après-coup. Il souligne qu’il y a trouvé les composantes d’une communauté : empathie et réciprocité. Il complète sur les notions de sécurité, d’égalité et la confiance; les compare avec son univers professionnel au sein d’un cabinet conseil. Il est évident que ce sont deux espaces-temps très différents mais il insiste sur le fait que le fablab lui a fait percevoir certaines réalités de son travail. Comme un miroir déformant.

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Je prendrai enfin un autre exemple pour montrer cette part de réflexivité qu’instaure l’univers du fablab pour les acteurs et participants. Les personnes s’y immergeant comme observateur sont souvent eux-mêmes et progressivement en transition ou comme le suggère Julien Paris en bifurcation. Je reprendrai ainsi le travail de cartographie qu’il a impulsé auquel ont largement contribué les adhérents et moi-même. Julien Paris, de formation architecte cherchant lui-même une nouvelle voix/voie professionnelle a croisé de nombreuses personnes à PING qui l’ont guidé ou avec qui il a pu échanger au cours d’activités diverses. Il a donc voulu savoir quelles étaient leurs motivations et attentes. Il a donc commencé à dessiner une « carte des motivations » contributive, en libre accès. A partir d ‘entretiens personnels, Julien Paris invitait chacun à compléter la carte et à annoter les documents, sans directives précises.

En traitant numériquement les cartes mentales obtenues, Julien Paris a regroupé certains éléments et a cherché quels savoirs étaient mobilisés et avoués, et en quoi, selon les membres de la communauté, cette espace (Plateforme C, l’Openatelier) ouvrait de nouveaux possibles ou au contraire recréer de la norme :
Est-ce une mode ou un mouvement de fond ? Cela propose-t-il des alternatives ou est-ce à la marge ? Est-ce que cela se prend trop au sérieux ? Ai-je les compétences ? Ai-je le temps ? Ai-je trop de temps ? Vais-je pouvoir en vivre ? Est-ce du travail dissimulé? Quelles sont les convictions politiques de chacun ? …
A cela s’ajoutait une liste de références d’ouvrages, des compétences clé à maîtrises (regrouper par Savoirs : vivre, faire, transmettre, être, répliquer,…) ?

La mise en forme de ce travail de recherche-action individuel et collectif (animation, collecte et visualisation des données produites) a permis à Julien Paris de postuler à un poste au sein de la CGET (Commissariat général à l'Égalité des territoires) comme entrepreneur d’intérêt général sur des projets comme le portail des innovations sociales. Nous continuons d’échanger à distance, et il suit toujours nos activités. L’exposition de ces travaux a permis d’ouvrir des débats autour de l’espace café, de faire prendre conscience du rôle sociale de l’atelier aux adhérents avec une production sociologique interne et contributive.

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Un instrument politique et territorial

L’expérimentation Plateforme C est utilisée par la ville de Nantes, la Samoa dans des présentations extérieures comme je l’expliquais sur les concepts d’aménagement de « hangars en friche ». La relation avec des politiques publiques est bien souvent un double jeu où chacun instrumentalise l’autre. La structure associative présente sa légitimité à d’autres partenaires car soutenue par une collectivité et l’institution démontre par les relations contractuelles avec une association qu’elle est engagée au plus près des citoyens, du terrain.

Nous avons été beaucoup sollicités pour présenter cette initiative à un moment où le terme ‘fablab’ apparaissait comme les nouvelles friches culturelles de l’innovation numérique, et laissait entrevoir une réponse à tous les maux : post-industrie, école du futur, changement de paradigme écologique, …
Le lien fort entre la Région Pays de la Loire et la métropole a favorisé le lancement de notre initiative et participait/participe à une « politique d’attractivité du territoire à l’échelle national et internationale ». Dans le sillage de multiples labellisations (French Tech, Smart city,…), nous avons ainsi reçu de nombreuses délégations en visite « inspirante » sur l’île de Nantes. Cette visibilité accrue nous a aussi permis d’aller rendre visite à d’autres fablabs (Helsinki, Séville, Manchester, Berlin, Gijon, Madrid), et de participer à de nombreux événements, représentant par ce biais la ville de Nantes.

Portage associatif

Imaginé comme étant une plateforme « commune », Plateforme C a été coordonnée par PING. Nous avons animé des comités de pilotage ouvert aux écoles partenaires. Sans création d’une structures tierce pour souci de facilité, cette idée de gouvernance a fait long feu. Les écoles étant surtout en attente d’activités plus que d’expérimentation de gouvernance (et bien souvent déjà engagées dans de complexes consortium, alliance, partenariat par ailleurs), elles ont joué le jeu de multiples changements des modalités d’accès et ont écouté nos recommandations.

2. Un tiers-espace/temps : les openAteliers du jeudi

Bienvenue dans l’espace-temps OpenAteliers, ouvrons la porte. Ce terme que nous avons inventé contient deux mots : le premier « Open » fait référence au logiciel libre dont l’open source est une variante en anglais et également à portes ouvertes comme. Le terme« atelier » signifie à la fois le type d’aménagement du lieu d’accueil (un atelier de pratique, de bricolage) et la fonction des activités proposées (il ne s’agit pas d’un séminaire, d’une conférence ou d’une formation mais d’un atelier), complémentaire donc à d’autres temps. L’atelier offre une unité de temps, de lieu et d’action avec un rythme qui lui est propre.

Génèse

Les premières version co-animées avec l’association d’art sonore APO33 avaient pour fonction de réunir des acteurs associatifs ou artistes nantais, et avaient lieu dans différents espaces de la ville (au 17b rue Paul Bellamy, au local d’APO33, ou près du pont st Mihiel dans le premier local de PING, au Théatre Universitaire étudiant, dans des bars, …). Rapidement, la nécessité d’avoir un lieu fixe identifiable permettant de laisser du matériel et de créer des repères pour les nouveaux arrivants est apparue. Nous avons donc proposé que ce rendez-vous régulier se déroule lors de notre installation dans le pôle associatif du 38Breil en 2008, APO33 continuant ces ateliers les mercredis.

Ce rendez-vous s’est avéré nécessaire au démarrage des activités de PING pour que nous, permanents de l’association, ayons du temps pour décortiquer, détourner et nous approprier les outils d’expression multimédia, pour faire de la veille partagée et revenir sur nos tests de « bidouilleurs» des technologies numériques.

Ces premiers rendez-vous réunissaient une quarantaine de personnes et n’avaient pas forcément vocation à devenir une activité à part entière, spécifique et organisée. Souvent nous répétions « passe donc aux open ateliers et on en parlera », un accueil permanent et organique était là pour mesurer aussi le niveau de motivation des demandes. L’arrivée dans une salle de type « hackerspace » avec un ensemble de personnes face à leur ordinateur personnel, n’engageait pas forcément les gens à rester ou pouvait s’apparenter à un premier test initiatique. Le plus disponible d’entre-nous faisait office d’animateur pour l’aiguillage, nous n’étions pas pour autant opposé à l’arrivée de nouveaux et très ouverts aux curieux. Chaque participant avait lui-même vécu cette situation de nouvel arrivant.
Les premiers temps, l’après-midi et la soirée étaient consacrés à des discussions autour de sujets artistiques, de société, autour d’événements culturels ou associatifs. Entre activisme et pratiques artistiques, le texte de l’invitation était le suivant (on peut noter le glissement sémantique avec les activités du fablab) :
« Tous les jeudis de 14h à 21h, PiNG propose et anime un temps ouvert d’échanges et de pratique autour de  la création numérique et des outils multimédia libres. Venez discuter, apprendre, échanger, partager votre expérience, poser des questions, réaliser votre projet !… C’est pour qui ? Porteurs de projets, associations, artistes, bricoleurs, chercheurs, développeurs, curieux … Comment ? Une adhésion à l’association PiNG est demandée aux usagers des Open-ateliers. »

Quatre années plus tard, nous commencions à construire notre première imprimante 3D, et à réparer une pièce de la meuleuse du voisin de Cédric Doutriaux qui était alors l’animateur de l’OpenAtelier. Nous commencions ainsi à proposer au-delà des développements informatiques, des activités de type électronique, électricité, bois, soudure,… à tous citoyens (quelques étudiants également d’établissement supérieur) curieux, motivés pour venir jusqu'au quartier du Breil et disponibles les jeudis après-midi et en soirée. C’est ce que l’on a commencé à appeler ‘fablab’, reprenant le label développé par le M.I.T en juin 2011, sur le conseil d’un think-Tank parisien nommé « la Fing ».

A partir de septembre 2011, nous avons commencé à réfléchir à l’idée de pouvoir proposer d’autres temps de formation, d’usages de l’atelier en dehors de ce créneau hebdomadaire, et dans un atelier plus large. Ainsi naissait le projet Plateforme C décrit plus haut, tout en pérennisant les OpenAteliers comme élément central de l’atelier.

L’arrivée à Plateforme C, sur l’île de Nantes

L’arrivée du lieu « Plateforme C » a forcément modifié ce temps hebdomadaire qui se déroulait à présent sur l île de Nantes : sur un plan géographique, l’implantation sur l’île de Nantes a modifié les publics, a augmenté considérablement le nombre de participants (jusqu’ à 1200 personnes sur un an) en attirant de nombreux curieux moins captifs aussi. Les dimensions de l’atelier ont eu également un impact puisque le fablab Plateforme C est 6 fois plus grand que l’atelier du Breil, modifiant la proximité entre les personnes, créant des petits groupes, remettant en jeu la compétence d’animation de la personne responsable des openateliers. Enfin, l’équipe des permanents de PING ayant conservé les bureaux au Breil, la porosité entre cette activité d’atelier et le reste des activités de l’association est devenue moins naturelle et permanente.

De nouvelles personnes sont arrivées par l’entrée ‘fablab’, axée sur la fabrication numérique, attirées par les équipements ou par notre communication ou informées par la médiatisation croissante du mouvement fablab. Cependant, nous avons réussi à relier ces histoires de lieux, et à créer une continuité entre ces deux lieux. Cette année (2018-2019), les deux ateliers sont reliés par une programmation commune. Le fablab Plateforme C fermant pour l’hiver et l’été, l’atelier Partagé devient, un temps de l’année, l’espace unique des activités (Openatelier les mardi et jeudi, formations, workshops, conférences) de PING, favorisant la diversité des participants.

L’atelier Partagé, jardin de bricoleurs et outils mutualisés

Ré-ouvert depuis 2016, tous les mardis de 14h à 21h, l’atelier partagé est équipé de machines à commande numérique, de machines à coudre, d’un établi bois, d’ordinateurs -comme un fablab-. Partir de l’idée du jardin partagé est l’idée qui a conduit l’ouverture de l’atelier partagé : un espace dont les équipements viennent profiter aux gens habitants non loin du lieu et qui ne disposent pas forcément d’un garage ou autres outillages. Nous avons repris les sessions « OpenAtelier » dans le but de dynamiser cet atelier, tous les mardis pour commencer. Cette dimensions expérimentale ‘Atelier partagé’ est soutenu par la ville de Nantes, qui réfléchit à une réplication ou comment cela pourrait ouvrir des pistes vers des activités de ce type dans les maisons de quartier existantes de la ville.

Réflexion sur la méthode

Avant de porter un regard réflexif sur les openateliers, il est nécessaire de comprendre que, si ce temps est au cœur des activités de PING depuis bientôt dix ans, de nombreuses ‘versions’ ont été expérimentées par des facilitateurs (les personnes dédiées à l’animation) différents et sur des thématiques variées. Ce temps a toujours été un espace de veille et d ‘expérimentations, le garage de PING et d’autres structures en France. Nos openAteliers ont en effet fait des « petits », ou ont eu des « cousins » avec des sessions synchrones portées par les associations d’Orléans (labomédia), Marseille (reso-nance), de Roubaix (MeuhLab) ou Paris (CRAS à Mains d’oeuvres). Cela a été favorisé par l’usage d’internet, des rencontres lors de festivals, l’usage de logiciels libres communs et à créé de facto un ‘réseau’ informel de collaborations francophones, synchronisé chaque jeudi.
J’ai été le premier animateur à ouvrir, fermer les portes des openateliers. Avec la double difficulté de faire tout ce qui est possible pour que les rencontres entre les participants aient lieu, pour que l’atelier reste en état, pour y réaliser des choses tout en se projetant et en pensant la pérennité de ce dispositif. De 2011 à 2018 se sont relayés ou complétés douze ‘animateurs’ référents de cet temps ouvert. Leurs profils et parcours varient : formation École des Beaux Arts, ancien ingénieur Qualité, artiste vidéaste, bricoleur de cerf volant, informaticien, artiste plasticien, … Certains permanents de PING ont commencé par cette activité puis ont intégré l’équipe des salariés. J’ai continué d’y venir prenant différents prétextes pour rester en lien.

Plusieurs formats de compte-rendus ont pris forme : une page web ouverte et modifiable (comme un tableau blanc) sur l’atelier où chacun pouvait se présenter de 2007 à 2013, des comptes-rendus effectués par les animateurs (2013 – 2015) ou services civiques (2015-2018) et un retour sur des images retraçant ce parcours.

Dedans/Dehors ou plutôt « Être Avec » comme le souligne Florence Weber dans son travail ethnographique sur le travail des ouvriers hors de l’usine. La difficulté de la prise de recul sur les openateliers est liée au fait que l’analyse des relations sociales fondées sur l’interconnaissance m’inclus à titre individuel. Créer les conditons d’une extériorité me permettant de penser ces partiques est complexe. Cela implique pour la part de ne pas être objet, mais sujet de l’étude au sens où cela doit permettre une mise en posture réflexive, travaillant sur des matériaux d’expériences qui me sont propres.

Se rappeler de l’évolution des pratiques en partant d’éléments de type images, compte-rendus ou portraits de participants constituera la principale méthode. Les sessions des ateliers étant volontairement libres, ouvertes et non dirigées, les éléments de récits de ceux-ci font apparaître les personnes, leurs interactions et leurs ‘victoires.’ Les éléments suivants dépassent l’addition de récits situés pour dessiner des formes communes, proche de constellations.
La dimension d’éducation populaire est centrale ici, dans la mesure où le savoir provenant de l’expérience de chaque participant ne produit pas forcément du collectif, mais fait « constellation ».

Du livre d’or en ligne à la documentation

Un site web (PAD, logiciel etherpad) était mis à disposition pour recueillir les présentations de chacun et leurs motivations ou remarques. Ce livre d’or en ligne hebdomadaire a duré presque sept années, avec un compte-rendu par semaine.

Cette pratique individuelle exige une certaine compétence d’écriture, d’être également volontaire et ouvert. Tous n’ont pas accepté de le faire, loin de là. Mais certains se retrouvaient dans les descriptions d’autres adhérents.

On y retrouve souvent des références à l’ambiance, à la convivialité ainsi qu’une envie de transmettre la découverte de ce lieu à des proches, pour les ‘convertir’.

Thierry : Découverte de l'atelier. L'ambiance est sympa. On sent une envie de partager et ça me va bien. Je suis là pour lancer des projets en impression 3D. J'ai plein d'idées mais je suis un ignare en logiciel de CAD mécanique. J'espère y arriver rapidement. Autre point: je pense que je vais faire découvrir cet atelier à mes gamins. Ils sont, à mon goût, un peu trop consommateurs, et ce type d'initiative peu peut-être leur donner le goût de la création. A moi et avec votre concours à tous, de leur donner envie.
Yves est venue découvrir le fablab avec son fils Josselin qui avait fait la visite mardi. Il a parlé de son projet à VIncent et Frederic qui l'ont orienté ver Il va certainement présenter son projet, une lunette laser pour les mal-voyants, à l'apéro-projet du 28 avril. Pascale Merci à Mona.

Cela se traduit par des appels à des soutiens techniques, comme un message pour les adhérents à distance qui verront le compte-rendu, ou pour donner un rendez-vous pour un échange.

Marine
Je me suis inscrite aujourd'hui afin de trouver de l'aide pour mon projet de plateformes pour chaussures Crocs. Il s'agit d'une semelle compensée que j'aimerais imprimer et "plugger" sur une chaussure Crocs classic. J'ai commencé par modeliser ma crocs sur Blender, mais ayant moi même pris les photos de plan (vue de haut, bas, cotés, etc.), je me suis retrouvée confronté à des problèmes de perspective et donc à une modelisation faussée. Je pense donc à m'initier au dessin industriel, ou monter un scanner 3D (à l'aide de ma Kinect).
Je suis à la recherche de personnes susceptibles de m'aider dans la modelisation 3D.
Je suis gentille et je fais de bons gateaux :
Bonjour tout le monde !.. Moi c'est Patrick. Ma journée découverte de l'Open atelier c'est très bien passé. L'ambiance m'a pLu. Et cet atmosphère pleine de courtoisie et de décontraction m'a permis de réaliser "manuellement" des coupes d'onglets sur des panneaux agglomérés plaqué de mélaminé Travail réussi malgré la difficultés. Peut-être qu'un jour, j'utiliserai une imprimante 3D ou une machine numérique À bientôt

Anne-Hélène
je suis venue pour reproduire la tige porte-bobine de ma machine a coudre Ikea, qui a ete cassee pour la 2eme fois (machine integralement changee la premeire fois) J'ai trouve deux fichiers deja existants, sur thingiverse, dont l'un renvoie sur un autre site, youmagine. http://www.thingiverse.com/search?q=ikea+sewing+machine&sa= le produit est en cours d'impression a l'heure actuelle, youpi!.…

Le concept du fablab version MIT est basé sur synchronisation des fablabs par internet, qui peuvent ainsi (dans la mesure où ils sont dans le même fuseau horaire) s’entraider. Ici, à Plateforme C l’usage d’internet joue le rôle d’une extension de l’atelier, et permet de découvrir aussi les parcours de vie des participants. Ou à l’inverse, ce temps constitue un lieu de passage ‘à la mode’ pour des délégations en immersion sur Nantes.

Baptiste
Salut, je ne suis pas là, mais je suis tout de même avec vous par les miracles d'internet.
Je suis en ce moment au hackathon Kiderwind (kiderwind.org) à Matera, dans le sud de l'Italie.
Francisco Aramburo, Francisco Gutierrez, UDLAP Universidad de las Americas Puebla
We come from a mexican university called UDLAP located in Puebla, we are starting to work on a semantic recomender system for a extended reality app for tourism, we would be happy to share our early research about social network analysis and semantic recomender systems, my contact info is xxx

On retrouve dans les échanges les frontières floues entre le travail, l’activité de loisir et les raisons de la présence des adhérents qui font que le tiers-secteur décentre le rapport à l’économie marchande.

Romain, nouvel adhérent, est venu découper une maquette papier en 3d pour IKEA© avec la Roland. Oui, je travaille pour Ikea chez vous…
Salut ! Moi c'est Ronan, nouvellement adhérent depuis 5 minutes environ. récemment débarqué dans la région Nantaise de Juin dernier et membre du hackerspace naissant de Quimper, j'avais hâte de rencontrer Ping et d'y adhérer pour bosser sur mes projets dans un environnement plus propice à ça (autre qu'un espace de 5m carré dans mon appart quoi :-p ) Bref, aujourd'hui je viens bosser ici comme je le ferai à chaque OpenAtelier tant que je ne bosse pas.
Max Garros est passé avec Baptiste pour visiter le fablab. Il fait du design industriel et vient d'arriver à Nantes où il cherche du boulot!

3 visiteurs qui travaillent sur machines assistées par ordinateur et qui venaient découvrir le fablab
Gabriel deux personnes d'ancenis venu pour découvrir la fablabisation …
Martial fait partie de l'association Méridienne (http://meridienne.org/) qui travaille sur des copies en bois d'instruments anciens de navigation et d'astronomie. L'association ne possède pas beaucoup de machines et serait intéressée pour travailler à la plateforme.

Beaucoup de témoignages décrivent le lieu comme un temps(plutôt qu’un espace) où l’on vient apprendre, découvrir, .. malgré des conditions climatiques très ‘hangar’. La documentation est l’étape d’après, et malgré la compréhension de l’enjeu, cette pratique n’est pas toujours naturelle.

Une jeune femme vient aussi de s'inscrire aprés sa premiére visite au atelier son objectif et d'utiliser le lieu pour monter des objets réaliser à la découpe laser.
Bonjour à tous, Yves, je suis à plateforme C malgré une température proche de 0… Gildas, Frédéric
Gildas est venu réparer la carte électronique de son lave linge qu'il à depuis seulement trois ans et il ne s'allume plus :( le projet et sur Fablabo
Je suis venue avec un projet pour faire un accessoire pour le theatre. Je n'avais aucune connaissance du logiciel Inkscape. A la fin de la soirée, je suis repartie avec mon element découpé avec la découpeuse vynil. Yes !
Il fait encore plus froid
Baptiste a mis sa veste de quart et carole boit de l'eau chaude.
18h28 nouvelle eau chaude pour carole! Aujourd'hui j'ai une angine
Je pense que les chaussettes en laine ET les pulls sont de rigueur.
Je propose pour les tout prochains OA de diffuser et d'organiser un workshop informel sur le théme: Ce chauffer écologiquement à Plateforme C.
J'ai aussi suivi avec l'attention nécessaire le pitch de Cedric sur la documentation des projets sur Fablabo. Si la démarche me semble très saine et utile, je suis un peu réticent à renseigner les infos sur moi. C'est peu être ce qui m'a empèché de le faire jusque là. Bon je vais devoir mettre ma pudeur dans ma poche et franchir le pas.

L'importance de l'écrit, un écrit personnel au service du collectif

Ce temps régulier a accueilli de nombreux ‘visiteurs’ mais offrait aussi, au tout début, une permanence pour des acteurs artistes ou culturels en déplacement fréquent. Les compte-rendus (que l’on peut considérer comme l’équivalent de main-courantes) ont pour fonction de permettre aux absents de suivre à distance les résumés des échanges. Cela constituaient également une pré-note de documentation lorsqu’il s’agissait d’éléments techniques ou d’une veille partagée contenant des sites web à regarder ultérieurement, ou à indexer.

La production des notes utilisaient des plateformes web collaboratives permettait à chacun d’y produire ses propres notes, avant qu’un compte-rendu mise en forme soit réalisé et publier sur nos sites web. L’écrit avait ainsi deux fonctions : celle de faire comprendre à chaque participant qu’au delà de ses bricolages, il s’inscrivait dans une démarche collective, et de recueillir le ressenti des activités par une écriture personnelle, non directive et partagée sur un espace commun. Cela confirme que le lieu physique de l’atelier partage et met en commun à la fois des outils et des techniques et des productions intellectuelles, non matérielles.

Cela se concrétise par exemple, durant les accompagnements mensuels sur les licences libres et le design d’objet animés par Vladimir Ritz, enseignant-chercheur à l’IRDP de Nantes. A la fin des sessions, des traces écrites et comptes-rendus constituent à la fois la matière dans le cadre de sa thèse et à la fois une documentation située pour les adhérents.

Ici, s’exprime les interrogations de nombreux adhérents sur le rapport aux objets techniques, à l’économie marchande et aux alternatives. Cet espace de co-fabrication médiée par le numérique et le web, est une culture (technique) qui n’est pas celle du travail, ni celle de la culture institutionnelle, ni celle de l’économie numérique (si elle existe). Vouloir s’émanciper de la logique marchande, de production industrielle mais comment ?

En partant des travaux de Bernard Stiegler qui explique que l’individuation est entravée par le principe d’aliénation (qui s’imposent de manière extérieure), nous pourrions proposer que les phénomènes accentués par le développement technologique dépossèdent l’individu de sa capacité de connaissances sur sa propre situation. En cela, les activités du fablab rapprochent les participants d’un savoir économique, sans en proposer une autre centralité.

Prise de note en direct de l’accompagnement juridique collectif C LiBRE 2015
Clément : Je présente mon projet plus en précision sur cette page : http://clementduret.fr/presentation-projet-sillonr-graveur-disques-vinyle
Je me pose la question, je fabrique une machine mais la technologie existe déjà depuis les années 60 donc jimagine qu'il doit y avoir déjà un brevet.
R : si le brevet a été déposé dans les années 60 par exemple, du coup le brevet n'est valable que 20 ans et ensuite il est dans le domaine public.
Clément : on peut pas reposer derrière un brevet ?
VR : seulement si tu apportes une nouvelle solution technique. C'est la jonction entre problème technique et solution technique. Il faudrait aller voir sur le site de l'INPI si le brevet existe, c'est la meilleure base de données française.
Clément : Permettre à des labels de distribuer leur musique en petite série. Est-ce que j'ai le droit de réutiliser ce que les gens se disent sur les forums ?
VR : ça dépend des licences ou droits déposés, il faut respecter ce que l'auteur a déposé Clément : j'ai récupéré beaucoup d'informations sur plusieurs forums Si tu prends par exemple un morceau de code, il faut en plus que ce code soit original.
TB : Quel est en fait ton objectif ?
Clément : j »aimerais être autoentrepreneur en vendant des machines, ou en proposant mes connaissances. Mais cela dépendra du résultat.

Après l’ouverture de l’atelier partagé, les compte-rendus (prise de note en direct) ont été produits par les deux service-civiques en mission à PiNG. Ce dispositif technique était visible par tous. Ils apportent un récit, plus subjectif dont on perçoit un certain plaisir de l’écriture, le goût de l’anecdote. Nous avons à nouveau pris conscience que la manière dont sont racontées ces «tranches» d’après-midi est à la fois importante pour ceux qui le suivent à distance que pour ceux qui y participent. Comme si cette-action-par-l’écrit complétait le temps de l’atelier, de ce qui y est vécu ou réalisé techniquement parlant, comme s’il permettait de relier ce que l’on avait fait avant, professionnellement ou en famille avec ce que l’on veut faire maintenant ou à l’avenir.

AP du 16 janvier
Calme plat jusqu'à 15h, () Entre temps des visiteurs arrivent, Sylvie et Christian qui sont déjà venus lors d'un (S)lowtech fin 2017. Ils apportent quelques appareils à réparer et souhaitent prendre une adhésion pour 2018. Une ancienne adhérente débarque aussi avec un laptop Asus, elle était prof d'informatique en BTS donc elle s'y connaît mais elle a farfouillé dans le BIOS et fait déconner la machine sans le vouloir : impossible de booter quoi que ce soit, depuis le DD comme depuis un CD. Je cherche avec elle et on trouve la piste de mettre à jour le BIOS, c'est à dire en installer un nouveau téléchargeable depuis le site du constructeur.
Alice a une formation de couturière, elle vient réparer sa machine à coudre et finit par checker et retaper toutes les nôtres ! Pratique avant l'atelier marmites norvégiennes d'Audrey dans deux semaines ;)
Jean-Pierre arrive vers 17h et offre ses services à Christian qui a extrait le moteur de son aspirateur (un très beau modèle 60's d'ailleurs) mais ne sait pas aller plus loin dans la réparation. Diagnostic posé, c'est un des charbons qui foire. On arrive à le repositionner et PAF ! Ça fonctionne, l'aspirateur aspire et Christian en profite pour faire un peu de ménage à l'atelier… Rachel vient pour prendre ses billets d'avion pour le Bénin avec nous et tout compte fait, au vu des dates (9mars/10avril) l'atelier couture du 13 février peut être maintenu. Florian repasse en fin de journée avec son moteur de machine à laver pour faire son tour à bois, il revient d'un passage à Plateforme C où il a pris son adhésion et un forfait grand atelier pour l'année. Oopsie c'est l'heure ! Pas eu le temps de tout retranscrire zut zut

AP du 30 janvier
Pas de visiteurs avant 15h30 as usual, jusqu'à l'arrivée d'Erwann que j'ai rencontré à Plateforme C jeudi dernier. Il découvre l'AP et se met à son ouvrage d'échiquier à éclairage par induction. Un peu après Sylvie et Christian apportent un pc très lent et un ampli à réparer. Le pc lance une mise à jour de Win 10 qui dure et duuuuuuuure jusqu'au bout de la nuit départ du couple pour la soirée. On n'a pas pu comprendre pourquoi il était lent du coup, projet remis à plus tard ! Sylvie sort de son sac un petit microscope qu'elle utilisait plus jeune. La lentille et le plateau sont un peu sales et oxydés, on nettoie progressivement le matériel avec des produits adaptés (vinaigre blanc et acétone pour dissoudre la colle incrustée) puis on élimine l'oxydation avec une dremmel. Un petit coup de clean sur le miroir et hop le tour est joué, le microscope se refait une jeunesse ! Mission accomplie.

L'atelier marmite commence à 16h avec 5 femmes prêtes à en découdre (lol) avec nos machines capricieuses.
Entre temps Peggy, Jean-Pierre et Rachel viennent faire leurs petits travaux habituels Peggy a un presse-agrumes électrique à réparer, elle le démonte avec JP et rien ne semble anormal. On remonte, on branche on allume et la magie opère à nouveau : le presse-agrumes fonctionne parfaitement ! Mission accomplie. JP jette son oeil sur l'ampli de Christian, le bouton du tuner est bloqué, démontage et déblocage rapide, hop emballé c'est pesé, on en parle plus Sylvie et Christian s'apprêtent à partir quand JP se rend compte qu'il a perdu un outil, mais où est-il ? Eh bah dans l'ampli tiens ! On redémonte, on récupère l'outil et on remonte ! Plus de peur que de mal, mission accomplie.
En fin d'après-midi de nouvelles personnes viennent découvrir l'AP, dont Zig qui est adhérent et fréquente PFC mais vient pour la première fois ici. Il a avec lui une bouilloire cassée, JP comme à son habitude se met à l'ouvrage…
L'atelier marmite se déroule à peu près sans couac sauf pour Célia, qui en est à sa 4ème aiguille cassée. Oopsie ! C'est pas faute d'essayer, mais sa machine (la Toyota de l'enfer) n'en fait qu'à sa tête et détruit tout sur son passage. Une 5ème aiguille est cassée sur une Singer mais c'est pas Célia ! Elle a pas touché c'est pas elle !

==AP du 27 mars ==
Atelier de fabrication de lombricomposteurs today. Il est 14h10 quand on sonne à la porte de l'atelier, rien à voir avec la semaine dernière ! C'est Claire, qui vient avec sa fille pour lui montrer l'imprimante 3D et faire quelques clitos pour ses boucles d'oreilles maison. Elle me dit qu'elle a plein de vers à donner car son lombricomposteur en déborde, je lui propose de donner son contact à ceux qui participent à l'atelier pour venir en récupérer si besoin. Les gens inscrits pour l'atelier de Martin commencent à arriver un peu avant 15h, tout le monde est ponctuel c'est génial ! L'atelier démarre à peu près à l'heure prévue. Jean-Pierre arrive à peu près au même moment et nous a apporté quelques lombrics de son composteur personnel ! Il regarde de loin le début de l'atelier mais s'affaire à changer le transistor foireux de l'ampli de mon papa qu'on avait démonté la semaine passée. Catherine arrive avec son ordinateur sur lequel on avait installé Linux lors de la dernière Install' Party, son Ubuntu fonctionne mais au démarrage on lui propose d'installer la nouvelle version, lorsqu'elle accepte cela ne fonctionne pas Je lui explique que si sa version actuelle fonctionne très bien (Ubuntu 16.4) il n'est pas ABSOLUMENT NÉCESSAIRE de passer à la nouvelle version. Encore prise dans la mécanique Windows elle n'était pas certaine de faire le bon choix en refusant de mettre à niveau On installe tout de même les mises à jour des logiciels installés et je lui montre deux-trois trucs qui la gênaient au niveau de l'interface. Elle me montre aussi son navigateur (Firefox) dont le moteur de recherche par défaut est Google, et me confie n'être pas sereine vis-à-vis de la politique de gestion des données de la firme. On est bien d'accord, et je lui propose alors de mettre Qwant à la place. Ravie, elle me donne le feu vert et en moins de deux c'est fait !

AP oct 2017==
Calme plat jusqu'à 15h, () Entre temps des visiteurs arrivent, Sylvie et Christian qui sont déjà venus lors d'un (S)lowtech fin 2017. Ils apportent quelques appareils à réparer et souhaitent prendre une adhésion pour 2018. Une ancienne adhérente débarque aussi avec un laptop Asus, elle était prof d'informatique en BTS donc elle s'y connaît mais elle a farfouillé dans le BIOS et fait déconner la machine sans le vouloir : impossible de booter quoi que ce soit, depuis le DD comme depuis un CD. Je cherche avec elle et on trouve la piste de mettre à jour le BIOS, c'est à dire en installer un nouveau téléchargeable depuis le site du constructeur.
Alice a une formation de couturière, elle vient réparer sa machine à coudre et finit par checker et retaper toutes les nôtres ! Pratique avant l'atelier marmites norvégiennes d'Audrey dans deux semaines ;)
Jean-Pierre arrive vers 17h et offre ses services à Christian qui a extrait le moteur de son aspirateur (un très beau modèle 60's d'ailleurs) mais ne sait pas aller plus loin dans la réparation. Diagnostic posé, c'est un des charbons qui foire. On arrive à le repositionner et PAF ! Ça fonctionne, l'aspirateur aspire et Christian en profite pour faire un peu de ménage à l'atelier… Rachel vient pour prendre ses billets d'avion pour le Bénin avec nous et tout compte fait, au vu des dates (9mars/10avril) l'atelier couture du 13 février peut être maintenu. Florian repasse en fin de journée avec son moteur de machine à laver pour faire son tour à bois, il revient d'un passage à Plateforme C où il a pris son adhésion et un forfait grand atelier pour l'année. Oopsie c'est l'heure ! Pas eu le temps de tout retranscrire zut zut

AP du 30 janvier
Pas de visiteurs avant 15h30 as usual, jusqu'à l'arrivée d'Erwann que j'ai rencontré à Plateforme C jeudi dernier. Il découvre l'AP et se met à son ouvrage d'échiquier à éclairage par induction. Un peu après Sylvie et Christian apportent un pc très lent et un ampli à réparer. Le pc lance une mise à jour de Win 10 qui dure et duuuuuuuure jusqu'au bout de la nuit départ du couple pour la soirée. On n'a pas pu comprendre pourquoi il était lent du coup, projet remis à plus tard ! Sylvie sort de son sac un petit microscope qu'elle utilisait plus jeune. La lentille et le plateau sont un peu sales et oxydés, on nettoie progressivement le matériel avec des produits adaptés (vinaigre blanc et acétone pour dissoudre la colle incrustée) puis on élimine l'oxydation avec une dremmel. Un petit coup de clean sur le miroir et hop le tour est joué, le microscope se refait une jeunesse ! Mission accomplie.

L'atelier marmite commence à 16h avec 5 femmes prêtes à en découdre (lol) avec nos machines capricieuses.
Entre temps Peggy, Jean-Pierre et Rachel viennent faire leurs petits travaux habituels Peggy a un presse-agrumes électrique à réparer, elle le démonte avec JP et rien ne semble anormal. On remonte, on branche on allume et la magie opère à nouveau : le presse-agrumes fonctionne parfaitement ! Mission accomplie. JP jette son oeil sur l'ampli de Christian, le bouton du tuner est bloqué, démontage et déblocage rapide, hop emballé c'est pesé, on en parle plus Sylvie et Christian s'apprêtent à partir quand JP se rend compte qu'il a perdu un outil, mais où est-il ? Eh bah dans l'ampli tiens ! On redémonte, on récupère l'outil et on remonte ! Plus de peur que de mal, mission accomplie.
En fin d'après-midi de nouvelles personnes viennent découvrir l'AP, dont Zig qui est adhérent et fréquente PFC mais vient pour la première fois ici. Il a avec lui une bouilloire cassée, JP comme à son habitude se met à l'ouvrage…
L'atelier marmite se déroule à peu près sans couac sauf pour Célia, qui en est à sa 4ème aiguille cassée. Oopsie ! C'est pas faute d'essayer, mais sa machine (la Toyota de l'enfer) n'en fait qu'à sa tête et détruit tout sur son passage. Une 5ème aiguille est cassée sur une Singer mais c'est pas Célia ! Elle a pas touché c'est pas elle !

AP du 27 mars
Atelier de fabrication de lombricomposteurs today. Il est 14h10 quand on sonne à la porte de l'atelier, rien à voir avec la semaine dernière ! C'est Claire, qui vient avec sa fille pour lui montrer l'imprimante 3D et faire quelques clitos pour ses boucles d'oreilles maison. Elle me dit qu'elle a plein de vers à donner car son lombricomposteur en déborde, je lui propose de donner son contact à ceux qui participent à l'atelier pour venir en récupérer si besoin. Les gens inscrits pour l'atelier de Martin commencent à arriver un peu avant 15h, tout le monde est ponctuel c'est génial ! L'atelier démarre à peu près à l'heure prévue. Jean-Pierre arrive à peu près au même moment et nous a apporté quelques lombrics de son composteur personnel ! Il regarde de loin le début de l'atelier mais s'affaire à changer le transistor foireux de l'ampli de mon papa qu'on avait démonté la semaine passée. Catherine arrive avec son ordinateur sur lequel on avait installé Linux lors de la dernière Install' Party, son Ubuntu fonctionne mais au démarrage on lui propose d'installer la nouvelle version, lorsqu'elle accepte cela ne fonctionne pas Je lui explique que si sa version actuelle fonctionne très bien (Ubuntu 16.4) il n'est pas ABSOLUMENT NÉCESSAIRE de passer à la nouvelle version. Encore prise dans la mécanique Windows elle n'était pas certaine de faire le bon choix en refusant de mettre à niveau On installe tout de même les mises à jour des logiciels installés et je lui montre deux-trois trucs qui la gênaient au niveau de l'interface. Elle me montre aussi son navigateur (Firefox) dont le moteur de recherche par défaut est Google, et me confie n'être pas sereine vis-à-vis de la politique de gestion des données de la firme. On est bien d'accord, et je lui propose alors de mettre Qwant à la place. Ravie, elle me donne le feu vert et en moins de deux c'est fait !

AP oct 2017
Claire arrive à 14h15 pour utiliser l'imprimante 3D, elle accepte de s'inscrire à la prochaine initiation pour être réglo. De retour pour l'impression de clitoris. L'extrudeur numéro 2 imprime mieux. La buse est peut-être moins bouché ? On imprime des clitoris de deux centimètres et à cette échelle le rendu n'est pas satisfaisant. Plusieurs nouveaux venus arrivent en début d'après-midi pour découvrir l'atelier (Maxime qui revient d'Asie, où il designer des architecture de quais de métro et veut s'investir dans la associative nantaise, Frédéric biologiste et plein de projet en tête, Jérémy lui est designer de mobilier et est sur Nantes depuis moins d'un an et à étudier à l'ensci, Sebastien) 16h - débarquement d'une classe de CM2, petits enquêteurs encadré par l'association Corto Loisirs. L'enquête porte sur des vols de création artistique faite à partir de réemploi de matériau de récupération. L'Atelier partagé est le final cut de l'aventure pour les enfants. Ils cherchent un certain Remi Gaspille, qui arrive à la bonne heure pour se faire attraper. C'est le calme après la tempête ! Entendu : "c'est quoi qui est imprimé ? Un papillon ?" en voyant l'impression des clitoris sur la Tobeca, le modèle de notre imprimante 3D. Édouard vient s'occuper de sa platine, il essaie mais n'a pas les compétences pour avancer sans JP JP commence donc à se faire attendre tel le messie. À 17h24 HALLELUJAH ! Le divin JP est arrivé ! Mickaël est un nouveau venu super motivé qui bricole en autodidacte mais se sent seul, il a entendu parler de l'asso en cherchant des infos sur des prestataires en impression 3D sur internet, il trouve plus intéressant de faire les choses lui-même qu'en passant par un pourvoyeur de services. Il demande à régler son adhésion de 2017 alors qu'on est TROIS à lui dire "t'es sûr ? tu devras recommencer en janvier tu sais". Il nous répond qu'il veut nous soutenir, qu'adhérer après tout c'est pas simplement payer pour un service, IL A TOUT COMPRIS CE PETIT !

A la lecture de ces quelques récits, comment ne pas voir dans les ateliers une résistance individuelle, singulière et collective, une invention au quotidien répondant au message de Jean Baudrillard en 1968 dans « le système des objets » : « En fait, une révolution s'est produite au niveau quotidien : les objets sont devenus aujourd'hui plus complexes que les comportements de l'homme relatifs à ces objets. Les Objets sont de plus en plus différenciés, nos gestes le sont de moins en moins […] Parce que l'objet automatisé marche tout seul, il impose une ressemblance avec l'individu humain autonome, et cette fascination l'emporte.Nous sommes devant un nouvel anthropomorphisme où ce ne sont plus ses gestes, son énergie, ses besoins que l'homme projette sur les objets automatisés, mais l'autonomie de sa conscience, son pouvoir de contrôle, son individualité propre, l'idée de sa personne. »

L'importance du récit, relier avec le monde extérieur

Le rôle de l’annonce de l’openatelier : « Il est bien de raconter ce qui s’y fait, on peut aussi raconter ce que l’on souhaiterait y faire  ». C’est ce qui a été choisi par Labomédia d’Orléans. Olivier Baudu, alors animateur des openAteliers du jeudi, avait pris l’habitude d’envoyer un courriel sur la mailing liste tous les mardi afin de rappeler aux adhérents la tenue ou non de la session du jeudi. « le Rappel à tarte »1. Tous ces mails ont été publiés ensuite sur une plateforme web d’openpublishing, on y découvrait ainsi les fils conducteur entre les semaines, les textes devenant de plus en plus longs, humoristiques et politiques. Une certaine confiance d’Olivier Baudu est apparue dans son écrit, n’hésitant pas à commenter des faits d’actualité en lien avec le local orléanais ou traitant de notre société technologisée.

Il s’agissait indirectement d’inclure tous les participants dans un territoire de pensée commun, alliant entraide technique et réflexions. Jouant son rôle de ‘maitre-ignorant2,’Il a très bien résumé dans une interview pour le collectif Resonance de Marseille, l’enjeu pseudo-politique d’un regard critique, distancié et cynique sur leurs activités hebdomadaires 

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Rappel à Tartes : https://openatelier.labomedia.org/album/Tartines.pdf

« L’esprit du truc… ? Soyons clairs, l’objectif des Open Ateliers est relativement modeste dans la mesure où ils s’attachent simplement à sauver l’Humanité. Et si la tâche n’est pas trop rude, il faut tout de même prendre le temps de s’y mettre. C’est pour cela que nous vous proposons des moments de rencontres, d’échanges et d’entraides autour de démarches créatives qui utilisent et/ou détournent des objets technologiques, en tentant d’explorer au maximum les possibilités offertes dans le domaine par les logiciels et matériels libres. Il n’y a pas de professeur ni d’élève, mais des personnes avec des compétences et des connaissances différentes qui acceptent de les transmettre et d’en acquérir de nouvelles. De même, l’idée n’est pas de réaliser les projets de quelqu’un à sa place, mais de lui donner les moyens théoriques et techniques pour qu’il y arrive tout seul. Si tout ou partie de la liste de mots ci-dessous vous gratte le bulbe, les Open Ateliers sont faits pour vous. S’ils ne font pas du tout partie de votre vocabulaire, ce sera l’occasion idéale d’être pris par la main pour avancer sur le chemin de la création numérique, de la culture multimédia et autres chefs d’œuvres d’art majeur assistés par ordinateur. »

Les comptes-rendu étaient dédiés aux réussites des projets de chacun, avec un moment fort à 18h, ‘le bit de Dieu’, comme une incantation au dieu technologie, proche d’un techno-chamanisme1 orléanais, le partage d’un moment d’exception.

L'individu dans le collectif, communauté et facilitation

On le perçoit dans les échanges, il a été et est toujours primordial de nommer les gens et leurs interactions. Les prénoms sont importants, les échanges souvent en duo ou trio. D’un mardi à l’autre se tissent de l’interconnaissance, des continuités. Pour autant, faire partie des openateliers a un sens plus collectif malgré la recherche d’une activité-action personnelle. C’est ce que nous avions identifié comme don/contre-don, à l’image du SEL ( système d’échanges locaux).

Après tenté de comptabiliser, organiser ces échanges inter-personnels, nombreux adhérents nous ont invité à renoncer à ce dispositif, en argumentant qu’ils faisaient confiance au « lieu », à la communauté pour que puisse avoir lieu le contre-don à un autre moment, sans programmation et comptabilité. Un travail sur une frise spécifique pourrait être également intéressante pour montrer comment les adhérents arrivent dans le lieu, puis s’investissent, enfin deviennent relais ou facilitateur. Les trajectoires professionnelles sont multiples et hybrides comme tendent à l’organiser le monde du travail fragmenté, discontinue et individualisé actuellement.

Que ce soit pour des raisons professionnelles ou personnelles, pour venir réaliser une création ou butiner en bricolant, ces pratiques sociales constituent une parenthèse temporelle dans la vie des gens où essayer, rater, réparer, recommencer, échanger sont les verbes qui reviennent le plus dans les retours individuels. Il est souvent bien difficile d’expliquer ce que font les gens. Une explication trop technique (voici la documentation des tests techniques effectués…) est un raccourci qui oublient les échanges. Décrire uniquement l’ambiance, ou préciser les profils (qui varient d’une semaine à l’autre) des participants feraient l’impasse sur la constitution de groupes, de projet collectif. Nombreux visiteurs sont venus par la prescription de participants habitués qui proposent aux curieux de venir voir par eux-mêmes.

Esthétique du bricolage :

(AVANT INSTAGRAM)

Quelques photos pour transcrire par le sensible et le visuel l’environnement des ateliers. Pour une « ethnographie » plus complète voir la partie Annexes où le document portfolio 2010-2018 est consultable. J’ai posé ici quelques photos pour construire une chronologie visuelle.

2010 : discussion entre E Roux, L. Ricard responsables actuels du Diplôme Universitaire FabLab Manager à Cergy Pontoise et d’un fablab en Vendée, avec J Lejeune actuel responsable du fablab de Rennes et deux adhérents de PING (Laurent -futur fablab manger de PING, et Yannick encore adhérente)

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Streaming vidéo avec les médialab de Dakar et Labomédia d’Orléans

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2012 : OpenAtelier avec Michel Rault, futur membre du conseil d’administration de PING, Olivier Heinry, designer et responsable actuel du lab d’Accenture Technology, Guillaume Brunet (futur animateur des openateliers à plateforme C, fablab manager de labomedia Orléans), Cédric Doutriaux et Luc Kerléo, artiste sonore Apo33.

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Documentation projetée au mur (PAD ouvert en ligne), visite des élus F. De Rugy et C Bir avec le président de PING.

2013 : Fin du workshop de construction de la CNC avec les étudiants de l’IUT Carquefou Universitaire de Nantes, et préparation du transport vers Plateforme C.

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Séance de réhabilitation du hangar30 pour préparer l’installation de plateforme C (Laurent B et Jean-pierre B.)

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2015 : 1/ OpenAtelier à Plateforme C, nouvelle formule.Visibilité de palteforme C vres l’extérieur et la découpe Laser, la machine star du Fablab.

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2016 : Reprise des openateliers au Breil, orientés réparation et co-fabrication. Jean-pierre prends place dans l’atelier.

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Poursuite des openateliers du jeudi à plateforme C, démarrage des réflexions sur les compétence

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Nouveau système de documentation à plateforme C

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Fabrication dans le cadre d’un partenariat avec le Grand T pour l’événement ‘Tous Terriens’ : projet #coWatt, alimentation du Dj par la force humaine, avec IUT de Nantes.

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Inauguration de l’atelier partagé avec F. Trichet, élu au numérique en bas à gauche

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M6 tournage sur le recyclage

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2017 : L’ ApéroProjet permet aux adhérents de présenter leur démarche. Ici, le distributeur à croquettes automatique.

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2018 : L’atelier partagé accueille à présent une programmation d’initiation. Ici, Alexandre Lorieau membre fondateur de PING, ex-salarié revient faire une présentation de ‘C’est quoi en fait Internet’, devant des adhérents parfois déjà occupés à bricoler ou à suivre les conseils de réparation de Jean-pierre. Cette séance est agrémentée d’un poulet à la noix de coco amené par Rachel, en guise de remerciements.

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Plateforme C, les journées ‘Echofablab’ avec les Missions Locales de la Maison de l’emploi se terminent. Ces sessions animées par Adrien, animateur de PING ont permis de construire et documenter du mobilier pour leur espace à St Herblain, uniquement avec des matériaux de récupération.

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3. Des lieux « apprenants »

Pourquoi nommer ces lieux « apprenants » ? Une raison conjoncturelle puisqu’elle permet de donner un cadre d’analyse sur ce qui se passe, mais aussi de proposer une perspective d’évolution. Une raison liée à l’évolution des pratiques qui s’articulent davantage à mettre en avant les échanges de savoirs. Une raison éthique pour reposer l’enjeu de la production de savoirs dans le cadre de l’éducation populaire. Une raison poétique pour illustrer que la fabrication de son propre lieu, et ses machines permet à une communauté d’apprendre ensemble, d’ habiter le projet.
Comme l’ont montré les écrits et les récits, nous percevons que les gens ne viennent pas uniquement pour les caractéristiques techniques des machines mais pour y faire ensemble, pour apprendre aussi. Afin de poser une réflexion profonde sur une façon autre de présenter nos ateliers (moins axé sur une liste d’équipements accessibles mais sur des savoirs et compétences à découvrir), nous avons travaillé avec une stagiaire du CAFOC. A travers un questionnaire ouvert à notre communauté, les résultats auprès de soixante personnes montraient la disponibilité et les attentes pédagogiques, dépassant le strict usage d’un espace pour ‘makers’.
Extrait Résultat du questionnaire Adhérent réalisé par Soizic Rocard sur les activités pédagogiques de PING, accompagné par Julien Bellanger. 19 % de réponses sur 300 adhérents

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Nous avons produit cette réflexion concernant des lieux d’apprentissage : les formes d'apprentissage choisies laissent la part belle aux échanges, à la pratique et à l'expérimentation. Des formes pédagogiques et d'éducation se croisent (éducation populaire, formation initiale, formation tout au long de la vie, formation continue, apprentissage par le faire, documentation), et des formats singuliers sont proposés (openAteliers, initiation, workshops) dans de nouveaux espaces de partage et de transmission (fablabs, atelier partagé…). A la fois ouverts aux citoyens, aux étudiants, aux professionnels de la médiation culturelle ou aux collectivités, ces formats favorisent dans une certaine mesure le croisement de ces sphères. PING peut se définir comme une méta-communauté d'apprentissages. A l'heure des fablabs et autres ateliers ouverts, comment favoriser la conception et la mise en place d'espaces d'apprentissage facilitants, quels que soit les publics ? Quels nouveaux formats et méthodes pédagogiques explorer ? La question des communautés d'apprentissage  s’ouvre : comment favoriser toujours plus de mixité entre les communautés d'apprentissages ? A l'âge adulte, comment continuer à apprendre ? La place du sachant réinventée : comment favoriser la transmission entre pairs ? …
De multiples questions sont apparus, et ont croisé les recherches en cours sur ces thématiques nouvelles … pour PING. Nous avons par la suite beaucoup échanger avec Jean-Baptiste Labrune, chercheur indépendant, expert sur les fabal et impliqué dans le rapport de la Mission inter-ministérielle Co-working1.

Schéma réalisé par Jean-Baptiste Labrune pour son article sur les Lieux Apprenants

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On peut considérer comme hypothèse que nos espaces et lieux décrits plus haut, soient re-définis comme des lieux apprenants et s’inscrivent en connexion avec le développement de tiers-lieux » à grande échelle dans l’écosystème universitaire. De nombreuses études incluent nos pratiques dans les théories pédagogiques les plus en pointe sur ces sujets, comme le constructivisme (learning-by-doing) de Piaget à Papert, l’éducation permanente (lifelong learning) ou encore l’apprentissage « de nuit » inspirée par les écrits du biologiste François Jacob.(comme le propose les rapports «François Taddéi » (2009, 2017, 2018))

Au regard de nos expériences, en quoi ces lieux sont-ils apprenants et de quels apprentissages s’agit-t-il ? Comment raccrocher nos pratiques quotidiennes à ces théories pédagogiques ? Le faire par soi-même s’inspire du mouvement DIY (Do it Yourself) et de la culture punk. C’est ce qu’on retrouve dans les développements de logiciels libres, de la distribution linux dans la majeur partie des expériences informatiques qui ont lieu dans nos ateliers. Selon moi, l'apprendre par le faire décrit le fait que les adhérents partent d’une idée conçoivent le projet dans une démarche par tâtonnements, en prototypant. L’apprentissage passe par l’expérience, et par l’acquisition de ressources via des site web ou tutoriel en ligne. A titre d’exemple, de nombreux fablab ont fabriqué et documenté leur propre machine, comme des imprimantes 3D fabriquées à la maison. L’éducation tout au long de la vie est un terme qui caractérise bien le parcours des participants, et comment ils « instrumentalisent » leur passage au fablab. C’est revenir au fondement de l’éducation populaire, mais c’est aussi revendiquer qu’il y a au delà des savoirs techniques échangés, une transmission de savoir-être. De plus, il est à noter, comme l’a montré le travail de Julien Paris, que les adhérents viennent souvent découvrir des connaissances en partageant dans un système de don/contre-don celles acquises professionnellement ou par leur cursus de formation. Apprendre sur et par soi-même, c’est pouvoir documenter son parcours au fablab comme le fait la page de Régis Lerustre, en interaction avec les autres, c’est-à-dire en écoutant et en collaborant : la page de documentation http://fablabo.net/wiki/SCAO a certainement la palme du « savoir transmettre ».
Description de sa page profil sur le site fablabo.net :

*je suis ingénieur électronicien. Ma carrière s'est déroulée chez THALES spécialiste d'électronique de défense. Je suis retraité depuis 2007 et je consacre la majeure partie de mon temps à un projet baptisé Quiet Cook. Il s'agit d'un nouveau concept culinaire qui fait appel à des moyens électroniques et informatiques. J'ai découvert le Fablab en lisant Ouest France en octobre 2013. *