Observatoire des savoirs engagés et reliés : une recherche-action pour une reprise sonore des savoirs
[[#Axes de travail]]
Ce document est une première écriture d'un projet de thèse, en cifre. Il s'appuierait sur le mouvement Savoirs Engagées et Reliés, au sein de l'association Sciences Citoyennes :
Les sciences et la recherche peuvent croiser les dynamiques des citoyens de plusieurs manières, en intégrant les citoyens dans le processus de recherche et en rendant les résultats plus accessibles et applicables aux problèmes réels : Co-création de recherche, sciences citoyennes, médiation et événements, enquêtes et consultation public, partenariats avec des communautés …
Pour autant ou plutôt d'un autre point de vue, une production de savoirs, savoir-faire, connaissance est portée par le monde associatif. Ces espaces intermédiaires fournissent sur différents formats des corpus, analyses, réflexivité bien souvent porté en recherche-action, via des bases de connaissance, des ressources documentaires, … de nouvelles approches et épistémologies.
Les pratiques collaboratives, les échanges d'informations, les plateformes web ayant drastiquement bouleversés les choses, et inondés d'avis, de flux d'info et de contre-vérité, créant un brouillard, des bruits médiatiques,…
L'intersection et le maillage de deux approches pourraient constituer une métamorphose, plus qu'une transformation de nos modes de fabrication de connaissance.
Face aux enjeux actuels, un mouvement a pris forme : le MSER (mouvement pour les savrois engagés et reliés)
Il tente de faire converger les mouvements sociaux, de transition écologique et de justice sociale, avec le mouvement des savoirs engagés et reliés, au sein desquels plusieurs personnes sont également impliquées.
Selon quelle négociation et agencement, une telle démocratie des savoirs peut voir le jour ?
Et si ces mouvements constituaient à eux seuls, déjà des corpus de pratiques, des atlas non figés, des archives en mouvement, une écriture du réel, … ?
Le dehors-de-la recherche est-il une symbiose des interrogations du dedans ?
Quel lieu ? Quelle temporalité ? Quelle transformation sociale ? Comment montrer les diversités des savoirs du fait associatif en lutte, en création, en mouvement ? Quelle relation à l'histoire du secteur associatif ? Quelles places ont les coopérations internationales ? …
Ce collectif national d’associations engagées dans la coopération entre recherches et mouvements sociaux pour la transition écologique et solidaire a fait le constat que les institutions de production et de transmission des savoirs (Éducation nationale, Universités, Grandes écoles, CNRS…) sont souvent prises dans des logiques concurrentielles, déconnectées des nécessités vitales auxquelles nous confrontent les bouleversements écologiques et l’attente de plus de justice sociale et globale À l’heure des bascules planétaires environnementales, sociales et politiques qui engagent notre avenir commun, nous voulons susciter et renforcer la création d’autres formes de savoirs et de techniques, qui soient formulées, choisies et partagées démocratiquement et qui proviennent de démarches collectives de recherches : institutionnelles, associatives, militantes… Nous voulons que ces recherches ne soient pas captives d’intérêts privés, mais ouvertes et capables de produire des savoirs communs, partageables et visant à préserver une terre habitable : avec Abecopol, Atécopol, Atécopolam, Coexiscience, Écopolien, la Fabrique des Questions Simples, Ingénieures Sans Frontières, Ingénieures Engagées Lyon, Klask, La Myne, PiNG, RogueESR, Sciences Citoyennes, Scientifiques en rébellion, …
Les constats communs :
- des défis socio-écologiques minent notre société aujourd’hui, requérant une mise en perspective de nos connaissances sur le monde et sur nous-mêmes, à rebours d’un scientisme technophile,
- une fragilisation du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche est en cours, orchestré par des logiques individualistes,
- des mécanismes de désinformation et de manipulation des savoirs sont à l’œuvre dans les agora publiques, politiques et médiatiques
Des objectifs communs
- faire communauté, afin de rendre visibles nos valeurs communes, via des supports écrits (manifeste, analyses, tribunes…) pour la presse et le personnel politique, tout en assurant une présence via des événements dans la communauté de la recherche et les mouvements sociaux
Le but du collectif est de réussir à :
- montrer publiquement le caractère politique des sciences et des techniques, alors que leur supposée neutralité sert avant tout à justifier une fuite en avant techno-scientifique sans discussion préalable,
- faire naître des expérimentations fécondes à travers des croisements entre le monde de la recherche et les mouvements sociaux pour une transition écologique et solidaire,
- obtenir des changements significatifs de la part des institutions pour une expression démocratique des choix scientifiques et techniques
Les journées du SER ont portées un regard critique de l'écosystème de la recherche, des sciences face aux défis. Cela prend la forme d'un manifeste
lien vers le manifeste
et un ensemble d'expérimentations à documenter.
Pour mener cette enquête, un observatoire des savoirs engagés et reliés est créé : OSER
À l'ère du numérique, **la temporalité et la chronotopie (**l'interaction des dimensions spatiales et temporelles) de l'apprentissage et du développement des connaissances évoluent de manière significative…
Relier le temps personnel, les espaces du militantisme et le travail d'à-côté nécessite une approche intégrée et flexible, où les compétences et les connaissances acquises dans un domaine peuvent être appliquées et enrichies dans un autre. Cela permet de créer une vie cohérente et harmonieuse, où chaque aspect de l'existence de l'individu contribue à son développement personnel et à son impact social…
La recherche-action est une méthode puissante pour promouvoir la transformation sociale et développer des récits communs. En engageant activement les participant.es dans le processus de recherche, elle permet de créer des solutions qui sont à la fois pertinentes et durables. De plus, en valorisant les histoires et les expériences de chacun, elle contribue à renforcer l'identité collective et à construire des narratifs qui reflètent véritablement la diversité et la richesse des expériences communautaires.
Produire de la recherche sous des formats alternatifs et en s'inspirant des méthodes d'autres époques et cultures permet d'enrichir le paysage de la communication scientifique et de rendre la recherche accessible à un public plus large et diversifié. L'utilisation de schémas, de sons, de créations artistiques et de techniques multimédias, ainsi que l'intégration des pratiques traditionnelles, offrent des moyens innovants et inclusifs de produire et de partager des connaissances.
Utiliser la fiction dans la recherche est une approche renversante qui permet de cartographier les agencements des acteurs et des actrices en ajoutant une dimension narrative et imaginative à l'analyse des réalités sociales.
Dans ce cheminement 'commun', des expérimentations par territoire et par thématiques parlent (Lyon, Grenoble, Nantes, et leurs bocages / santé, technologie, agro, alimentation, énergies, .. ). L’individuation de chacun.e est entravée par le principe d’aliénation (qui s’imposent de manière extérieure), nous pouvons proposer que les phénomènes accentués par le développement technologique dépossèdent l’individu de sa capacité de connaissances sur sa propre situation. En cela, les activités des associations locales, des dynamiques et expériences les rapprochent d’un savoir économique et politique, sans en proposer une autre centralité.
Ce travail de recherche est associé au laboratoire de l'Université Paris Sorbonne Nouvelle : école doctorale Arts & Médias (ED 267), labo IRMECCEN encadré par Gérôme Guibert , Professeur des universités , Directeur du département ICM , UFR Arts & Médias
Veilles croisées
Les anthropologues ont pour habitude d’affirmer que les populations occidentales modernes se représentent le passage du temps, de l’histoire et des générations de façon essentiellement linéaire. Ils en sont tellement convaincus que le moindre tentative de voir une forme de linéarité dans la vie des peuples non-occidentaux risque dans les meilleurs des cas de se heurter à une fin de non-recevoir au motif que ce point de vue serait ethnocentrique, et dans le pire des cas d’être accusée de complicité avec le projet de l’occupation coloniale de l’occident dans le reste du monde. L’altérité, nous dit-on, est non-linéaire. D’un autre coté, on pourrait aussi supposer que la vie authentique est celle qu’on mène sur place dans des lieux et non sur des chemins. Seulement, me demandais-je, comment pourrait-il y avoir des lieux si les individus ne se déplaçaient pas ? La vie sédentaire ne peut engendrer d’expérience du lieu, donner le sentiment d’être quelque part. Pour être un lieu, il faut que tous ces “quelques parts” se trouvent sur une ou plusieurs trajectoires de mouvement qui proviennent ou s’orientent vers d’autres lieux. Je poursuivis mon raisonnement en me disant que nous passions notre vie, non seulement dans des lieux, mais aussi sur des chemins. Or les chemins sont en quelque sorte des lignes.C’est aussi sur des chemins que les individus se forgent un savoir sur le monde qui les entoure, , et qui le décrivent dans les histoires qu’ils racontent. C’est pourquoi le colonialisme ne consiste pas tant à imposer une linéarité à un monde non linéaire qu’a imposer sa ligne au détriment d’un autre type de ligne. La première choses qu’il fait est de transformer les chemins sur lesquels on vit en frontières qui la contiennent;ensuite, il relie ces communautés où chacune est désormais contenue à l’intérieur d’un seul lieu,pour en faire des rassemblements intégrés verticalement. Evoluer le long d’un chemin est une chose;relier des points en est une autre.
(…)
“Une brève histoire des lignes”, Tim Ingold
#chronotopiestudies