# Marseille "capitale du crime" ? Les racines d'un imaginaire _Laurence Montel_ Conférence dans le cadre des mardis du matrimoine. Professeure à Poitiers, mais marseillaise d'origine. Thèse soutenue en 2009 à Nanterre, le livre n'est publié qu'en 2024. Rapport particulier à la ville car elle en est partie, et la ville change. Citation de l'ouvrage de J.Gracq _La forme d'une ville_ sur Nantes. Marseille est dans le matrimoine de la chercheuse comme on parle de patrimoine génétique. Marseille connait au 19e une énorme croissance démographique, mais surtout ouvrière. Ceci est dû à la volonté du patronat marseillais d'industrialiser la ville pour profiter des matières premières qui arrivent par le port. Cette croissance est grandement portée par l'immigration, interne mais surtout étrangère (italienne, puis coloniale). Cette immigration prolétaire participe de la mauvaise image de la ville, tout comme l'élection d'un socialiste comme maire en 1892. La mention "capitale du crime" apparaît dans la presse en 1929. Ce moment correspond à la fin de l'unité sacrée issu de la Première Guerre mondiale. C'est aussi la découverte du gangstérisme américain, un parallèle avec Chicago est rapidement fait. Cette représentation rentre dans la mythologie marseillaise. Citons par exemple Spirito et Carbone qui remplissent l'imaginaire nationale. Si aujourd'hui nous classons dans le bantisme et le commerce illégal la prostitution ou les tripots, ceci n'est pas forcèment évident à cette époque. L'image des marges intéresse la chercheuse. Ses travaux sont nourris par : Marcel Roncayolo _L'imaginaire de Marseille_, Dominique Kalifa _Les bas-fonds_, ou Pierre Laborie _L'opinion française sous Vichy_ Le thème de l'insécurité est toujours présent à Marseille, et on la retrouve bien avant les années 30. On retrouve des traces dans les archives dès après l'Empire. Le rapport à l'imaginaire est apparue d'autant plus à la chercheuse en arrivant à Paris pour sa thèse. Sa première approche a été de travailler sur l'histoire du crime à Marseille à partir de statistiques en utilisant les archives de la justice, inspirée par l'Ecole des annales, mais cela ne c'est pas révélé possible. Il y a eu une impossibilité méthologique de dinstinguer qui sont les malfaiteurs professionnels, malgré la constitution d'une importante base de données. Il y a un tournant culturel, en prenant en compte l'histoire de représentations. Les archives judiciaires ont été complétées par des imprimés (presse et travaux scientifiques) afin d'analyser le discours sur le crime. Après la thèse, un travail a été effectué pour ajouter une couche de politique. Deux voies sur la dégradation de l'image de la ville ont été suivie : la ville comme territoire et la ville à travers ses personnages. Etude par exemple du nervis qui passe du personnage ouvrier à un criminel. Le changement de l'image du nervi passe par une appropriation exterieure à la ville. Avec le temps le terme nervi dévie et devient synonyme d'agent électoral. ** A lire** Horace Bertin, _Les heures marseillaises_ Jean Bazal, _Romance marseillaise_