# La DHT comme THS masculisant (ou peut-on remplacer l'Androgel par l'Andractim?)
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*Support de pair-aidance écrit par biyokea (📩 `@biyokea` sur discord, `biyokea@fransgenre.fr` par mail) de l'association [Fransgenre](https://fransgenre.fr/), me contacter en cas d'erreur/imprécision ou pour toute suggestion.*
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**Les gels de testostérone ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale en France, mais l'Andractim, un gel à base de DHT, peut l'être.
On peut donc se demander si la DHT peut être une bonne alternative à la testostérone dans le cadre d'un THS dit masculinisant. Et que faire si saon médecin en prescrit à la place d'un gel de testostérone ?**
[ToC]
# Andractim & Androgel : de quoi parle-t-on ?
Dans un THS dit masculinisant, on utilise généralement de la testostérone. Si il existe de multiples voies d'administration (injection, patchs, gel, gelules, implants, ...), ne sont commercialisées en France que des injections et du gel, et les injections sont utilisées de façon très majoritaires, car prises en charge par la sécurité sociale.
Il existe, en date de juin 2025, trois gel de testostérone commercialisés en France : l'Androgel, le Testavan et le Fortigel[^specialite_THS_FR].
L'==**Androgel**== est le plus couramment utilisé. Il s'agit d'un ==gel de testostérone==, à une concentration de 1.62%, soit 20.25mg de testostérone par pression. Une dose standard est de 2 à 4 pressions par jour. Un flacon contient au moins 60 pressions. C'est un médicament non remboursable par la sécurité sociale, dont le prix est libre, souvent entre 50 et 80€ par flacon.
L'==**Andractim**==, lui, est un ==gel de dihydrotestosterone== (DHT, aussi appelée androstanolone). Il contient de la DHT à 2.5%. Il n'y a pas de pression, mais on utilise une clé pour estimer une dose de 5g de gel, contenant 125mg de DHT. Un tube contient 80g, soit 16 doses de 5g. C'est un médicament remboursable par la sécurité sociale.
Si il est parfois présenté comme un médicament à usage local, il faut bien noter que son action n'est pas uniquement locale, que sa prise entraine une élévation des taux sanguins et donc des **effets systémiques** (dans tous le corps), comme d'autres gel hormonaux.
# La DHT : présentation & utilisation comme THS dans la littérature
Pour une très bonne revue du sujet, voir Swerdloff et al., 2017 [^swerdloff_2017].
## Présentation
La DHT est une hormone sexuelle de la classe des **androgènes**, une des plus importantes chez l'humain avec la testostérone.
En tant qu'androgène, on considère que son action androgénique est importante et son activité anabolique plutôt faible.
Elle joue un rôle important dans la **différenciation sexuelle des foetus** et, à la puberté, dans le **développement des caractéristiques sexuelles** dites masculines. Elle est aussi connue pour son rôle important dans l'alopécie androgénétique.
C'est un **dérivé de la testostérone** : une partie de la testostérone se convertit en DHT par l'enzyme 5-α-réductase.
Il s'agit d'un **androgène non-aromatisable**, c'est-à-dire qui n'est pas partiellement converti en oestrogène. Ce n'est pas le cas de la testostérone, dont une proportion est transformée en estradiol dans le corps.
D'un point de vue biochimie, la DHT a la particularité **d'agir principalement de façon paracrine et intracrine**[^anawalt_2017] ─ contrairement à la testostérone qui agit plus de façon endocrine.
:::spoiler Explication :arrow_heading_down:
Les hormones sont, pour résumer, des messagers chimiques secrétés par des glandes/organes dans la circulation sanguine pour transmettre un message à un ou des organes cibles, sur une longue distance. C'est la signalisation cellulaire endocrine.
Mais les hormones peuvent aussi **transmettre des messages aux cellules à l'intérieur d'elles-mêmes** (signalisation cellulaire **intracrine**) ou **à proximité d'elles-mêmes**, souvent au sein d'un même organe/tissu cible (signalisation cellulaire **paracrine**), entre autre.
Dans le cas de la DHT, ça implique que **la DHT circulante** (les taux qu'on mesure via une prise de sang) **n'est pas du tout représentative** de la DHT locale (qu'on peut mesurer directement dans les tissus, par biopsie, ou estimer par prise de sang via des métabolites qui eux passent dans la circulation sanguine, comme le 3ɑ-androstanediol-glucuronide).
**Les taux de DHT se régulent localement**, par divers mécanismes, **et sont assez indépendants des concentrations sanguines de T et de DHT**. C'est par exemple le cas de taux intraprostatique de DHT, mais c'est aussi le cas au niveau de la peau et des cheveux. C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y a globalement pas de corrélation entre DHT *circulante* et alopécie androgénétique, bien que la DHT soit impliquée dans cette forme de perte de cheveux.
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## Utilisation en tant que THS dans la littérature
Cliniquement comme chez les utilisateurices de stéroïdes anabolisants, la DHT est **relativement peu utilisée aujourd'hui**. Son action anabolique, souvent désirable, est plutôt faible, mais son action androgénique, généralement moins désirable, est importante. Si elle a suscité un intérêt scientifique modeste dans le passé, on ne dispose que d'un faible nombre d'études sur l'utilisation de la DHT comme THS (traitement hormonal substitutif).
Les principales études examinant l'utilisation de la DHT en tant que THS, sur une durée d'au moins 3 mois, sont rassemblées dans le tableau ci-dessous.
| Étude | Population | Dosage | Durée | n |
|:--------------------------------:|:--------------------------------:|:-----------:|:--------:|:---:|
| Vermeulen, 1985[^vermeulen_1985] | Hommes âgés, signes d'andropause | 125-250mg | 3 mois | 41 |
| De Lignieres, 1993[^de_lignieres_1993] | Hommes âgés, signes d'andropause | ? | 6 mois à 5 ans | 37 |
| Gruber, 1998[^gruber_1998] | Femmes post-ménopause women | 37.5mg | 6 mois | 20 |
| Ly, 2001[^ly_2001] | Hommes âgés, signes d'andropause | 70mg | 3 mois | 17 |
| Kunelius, 2002[^kunelius_2002] | Hommes âgés, en bonne santé | 125-250mg | 6 months | 54 |
| Idan, 2010[^idan_2010] | Hommes adultes, en bonne santé | 70mg | 2 ans | 55 |
++Tableau : Études à moyen/long terme (3 mois ou plus) sur l'utilisation de DHT en tant que THS.++
Il en existe quelques autres, par exemple dans le cadre d'essai de contraception dite masculine[^pollanen_2001], ou des essais plus anciens avec des échantillons très limités (moins d'une dizaine de participant·es).
# La DHT en tant que THS masculinisant
La DHT n'a, à ma connaissance, jamais été évaluée comme THS dit masculinisant chez des personnes transmasculines, à la place de la testostérone. La littérature l'évoque brièvement pour son utilisation dans le développement du clitorophallus (dicklit)[^grimstad_2021], chez les personnes transmasculines sous testostérone ou non, mais sans plus.
Si on envisage son utilisation à la place de la testostérone, se pose la question des effets masculinisants de la DHT et celle de sa sécurité.
## Effets masculinisants de la DHT
La DHT est un androgène, généralement considéré comme plus puissant que la testostérone, en raison notamment d'une plus grande affinité pour les récepteurs à androgènes. **On peut donc s'attendre**, de façon très générale, **à ce qu'une prise de DHT donne des effets masculinisants similaires à ceux de la testostérone**. Mais cette hypothèse n'a jamais été formellement prouvée, et certains mécanismes pourraient au contraire venir la refuter.
Par exemple, la régulation des androgènes, et en particulier de la DHT, diffère au niveau local selon les tissus et n'est pas identique pour tous les androgènes[^o_reilley_2014]. Il est concevable, par exemple, qu'une prise de T et une prise de DHT n'aient pas les mêmes effets au niveau des tissus adipeux (et donc sur la répartition des graisses), comme montré par Mårin et al. par exemple[^marin_1993]. Des études cliniques[^gruber_1998][^ly_2001][^idan_2010] ont toutefois prouvé que la prise de DHT pouvait causer des modifications dans la répartition des graisses, de façon cohérente avec une activité androgénique à ce niveau. **Ce qu'on ne sait pas, c'est dans quelle mesure cette action est comparable à celle de la testostérone**.
On retrouve cette question, d'une façon plus générale, pour tous les effets androgéniques classiques de la T : si l'on connait relativement bien les effets de la T sans DHT, l'inverse est très peu étudié, et quasi-exclusivement chez des hommes cis.
Une étude, très limitée, portant sur quelques hommes cis avec un diagnostic d'hypogonadisme et n'ayant jamais utilisé d'androgènes auparant, rapporte une virilisation complète chez eux, assurant que «la DHT a pu induire les mêmes effets que la testostérne chez [ces] hommes»[^schaison_1988], sans plus de détails.
Une autre différence majeure est celle de la **suppression de l'activité gonadale**. La DHT a clairement un effet anti-gonadotrope, mais son importance semble variable selon les études, et pourrait être inférieure à celle de la T (qui est partiellement causée par sa conversation en estradiol[^bagatell_1994], alors que ça ne peut pas être le cas de la DHT).
De plus, l'action anti-gonadotrope de la DHT n'a pas été, à ma connaissance, étudiée chez des personnes ayant des ovaires (à l'exception d'une étude chez des femmes cis, mais post-ménopause[^gruber_1998]).
S'**il est probable que la DHT puisse fréquemment arrêter les menstruations chez des personnes transmasculines**, les doses requises et la fréquence et la fiabilité de cette suppression sont totalement inconnues.
Enfin, on peut aussi se questionner sur le risque de ce qui est généralement considéré comme des effets secondaires des androgènes : l'acné et l'alopécie androgénétique (calvitie).
Ce n'est toutefois probablement pas un risque important : comme expliqué plus haut, les taux de DHT sont strictement régulés par le corps au niveau local, et les taux *sanguins* de DHT ne sont pas des bons marqueurs/prédicteurs pour l'acné ou l'alopécie androgénique. La présence d'androgènes en général, ainsi que des facteurs génétiques, restent les facteurs les plus important, et **il est peu probable qu'une personne prenant un THS à base de DHT développe une alopécie androgénique qu'elle n'aurait pas développée sous T**. Dans l'étude d'Idan et al.[^idan_2010], la prise de DHT n'était pas associée à l'apparition d'alopécie androgénétique, d'acné, ou autre.
## Sécurité de la DHT
Si l'utilisation de la testostérone est très étudiée, que ce soit chez les hommes cis, les femmes cis, ou les personnes transmasc, la situation est très différente pour la DHT. Les études présentés dans le tableau plus haut sont, à ma connaissance, les seules existantes. On ne dispose donc tout simplement **pas de données de sécurité à long terme**, avec des échantillons suffisants et des méthodologies adaptées.
Cela ne veut pas dire qu'il n'existe aucune information, ou que l'utilisation de DHT est forcément dangereuse.
Déjà, la DHT est un androgène, et un certain nombre d'informations provenant de l'étude d'autres androgènes, adaptés aux spécificités de la DHT, peuvent être utilisées.
Par exemple, en tant qu'androgène endogène (produit par le corps), **on ne s'attend pas à d'éventuels oncologiques particulièrement différents de ceux de la testostérone**. Même si les questions de prostate ne sont pas très pertinentes pour les personnes transmasculines, la question s'est beaucoup posée pour le cancer de la prostate, car le rôle de la DHT est important dans le développement de cet organe, et l'utilisation de bloqueurs de DHT efficace dans le traitement de pathologies comme l'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Mais on sait aujourd'hui que les taux circulants de DHT ne reflètent pas les concentrations intraprostatiques de DHT[^page_2011], que ces taux sanguins ne sont pas associés à des maladies de la prostate[^muller_2012], que les oestrogènes sont aussi impliquées dans la pathophysiologie de la HBP[^ho_2011] et qu'une prise de DHT n'induit pas de changement prostatiques[^swerdloff_2017].
Un point de sécurité qui pourrait être différent entre T et DHT est la question de la **santé osseuse**. En effet, les hormones sexuelles jouent un rôle crucial dans le maintien de la densité osseuse, et un déficit est un facteur de risque d'ostéoporose assez crucial. Cette action se fait principalement via les oestrogènes ; soit directement via l'estradiol, soit indirectement via la conversation de la testostérone en estradiol. Les androgènes seuls, sans l'intermédiaire des oestrogènes, ne sont généralement pas suffisant au niveau osseux. Or la DHT est un androgène non-aromatisable, qui ne se convertit pas en oestrogène. Il est donc probable que, seul, elle ne soit pas suffisante. C'est d'ailleurs la conclusion de l'étude de Idan et al.[^idan_2010], la seule ayant mesuré l'impact de la prise de DHT sur le densité minérale osseuse (BMD), et qui a trouvé, chez des hommes de plus de 50 ans, un maintien de la densité osseuse au niveau de la hanche (col fémoral), mais une baisse au niveau de la colone vertébrale (L2-4), comparé à un placebo. Cette baisse est liée à l'action antigonadotrope de la DHT, arrêtant la majeure partie de la production d'hormones sexuelles, mais ne pouvant pas remplacer l'estradiol.
**Chez les personnes transmasculines, la sécurité osseuse de la DHT dépend surtout du fonctionnement ovarien** : chez les personnes ayant fait une ovariectomie, ou dans le cas où la DHT arrête l'activité ovarienne, il est très probable que la DHT constitue un risque d'ostéoporose. Chez les personnes dont les ovaires resteraient actives sous DHT, le risque est moindre, même s'il reste quasi pas étudié. Une supplémentation en estradiol devrait peut-être s'envisager à moyen/long-terme.
Un dernier point principal est celui de la **santé cardiovasculaire**. La question est vaste et complexe, mais, en résumé, la prise de testostérone ne cause pas de problèmes majeurs à ce niveau, chez les personnes trans comme cis. Pourtant, les androgènes ont une mauvaise réputation en santé cardiovasculaire ─ pas forcément de façon justifiée. La question se pose donc pour la DHT, surtout que les doses classiquement utilisée sont très largement supraphysiologiques.
En effet, la DHT est, chez les hommes cisgenres dyadiques, normalement présente en bien plus petite quantité que la testostérone. Quand on prend de la DHT, on remplace en quelque sorte la DHT avec de la testostérone, aboutissant à des taux bien plus élevés que la normale. Les taux varient selon les dosages et les études, mais on observe des taux pré-traitement multipliés par entre 5 et 15[^exemple_taux].
On ne dispose pas de données suffisantes pour tirer des conclusions solides (peu de données, suivi à court terme, etc.). On dispose de données sur l'impact des taux de DHT endogène, mais elles ne permettent pas de tirer de bonnes conclusions, à part qu'il n'y a pas de relation claire indiquant que plus de DHT impliquerait plus de maladies cardiovasculaires.
On dispose de données à court et moyen terme sur les changements de marqueurs cardiovasculaires (tels que la tension artérielle, les lipides, épaisseur intima-média carotidienne, hémoglobine et hématocrite, protéine C-réactive, etc.) lors d'une prise de DHT.
Ces données sont **rassurantes**, mais aussi **trop parcellaire** ; la revue de Swerdloff[^swerdloff_2017] conclue ainsi :
> There is **no sound current clinical evidence to indicate that elevated DHT concentrations** (either shortlived peaks or sustained supraphysiological levels) **are associated with risk beyond that known for androgens** (most notably, T) [...]. Robust epidemiologic or clinical trial evidence of a deleterious DHT effect on CVD is lacking. [...]
:::spoiler Traduction
> *Il n'existe **pas de preuves cliniques solides indiquant que des taux élevés de DHT** (pics temporaires ou taux supraphysiologiques sur le long terme) **sont associés à des risques au-delà de ceux connus pour les androgènes** (principalement, la T) [...]. On ne dispose pas de preuves robustes, se basant sur des données épidémiologiques ou essais cliniques, d'un effet déletère de la DHT sur les maladies cardiovasculaires*
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# Concrètement : que faire ?
## Un possible red flag
En premier lieu, et assez indépendamment du choix d'utiliser de la DHT pour son THS, se pose la question de la posture de saon médecin.
Le plus souvent, quand un·e médecin prescrit de l'Andracim a une personne qui venait pour un THS à base de testostérone, iel ne lui explique pas du tout les tenants et aboutissants de cette prescription ; quelles en sont les risques, les précautions à prendre, les différences avec la testostérone, etc. Iel n'explique même pas forcément qu'il s'agit d'un gel *de DHT* et non de T, comme s'il n'y avait aucune différence.
**Indépendamment de la prescription elle-même, ce comportement pose problème d'un point de vue éthique**. Lae médecin fait un arbitrage qui n'est pas anodin, le choix de prescrire une substance similaire mais pas identique à celle demandée, sans en expliquer les raisons, sur quelles données iel se base, les limites de ces données, et sans laisser de choix à la personne. C'est courant en médecine (et d'autant plus en médecine trans), certes, mais ça n'en reste pas moins contraire à l'éthique (et à la loi[^art_1111_4_CSP]). Bref, c'est un red flag :triangular_flag_on_post:
Ça ne veut pas forcément dire qu'il faut changer de médecin, car il n'y en a pas forcément de meilleur·e disponible, mais ça devrait impliquer certaines précautions et une distance critique vis-à-vis des dires de ce·tte médecin.
S'iel est de bonne foi, ça pourrait même être pertinent de lui demander simplement : pourquoi cette prescription ? Quelle différence avec la testostérone et quelles informations sont à connaitre pour faire ce choix ?
## Prise de DHT ou pas prise de DHT ?
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Pour résumer ce qui a été écrit ci-dessus :
- la DHT est un androgène ; on peut s'attendre à ce qu'elle donne des **effets masculinisants** comme le fait la testostérone, mais on ne sait pas si ces effets y seront identiques
- la prise de DHT exogène donne des taux largement supraphysiologiques, dont la **sécurité** n'a été que **très peu étudiée** même si **les données existantes sont rassurantes**, évoquant des risques similaires à la testostérone
- une différence majeure : ne se convertissant pas en estradiol, **la DHT ne permet pas forcément un maintien de la densité osseuse** comme le fait la testostérone. Hors ovariectomie, ce n'est pas forcément un problème
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**À court ou moyen terme, l'utilisation de DHT pour son THS semble donc tout à fait raisonnable**. À plus long terme, surtout sans surveillance du fonctionnement ovarien, ou après une ovariectomie, sans supplémentation en oestrogènes, la question est plus complexe : on ne sait pas vraiment dans quelle mesure c'est sûr, même si ce n'est vraisembablement pas (très) dangereux.
Il faut aussi mettre en balance l'avantage principal de la DHT : sa disponibilité sous forme non-injectable et prise en charge par la sécurité sociale française. Pour une personne pouvant facilement utiliser de la testostérone injectable, l'intérêt de la DHT semble limité voire nul. Pour une personne pour qui les injections sont pratiquement impossibles, et qui n'a pas forcément les moyens d'acheter du gel de testsostérone, ça peut être une bonne option alternative.
## En pratique : dosage & surveilance
### Dosage
Le RCP (résumé des caractériques produit) de l'Andractim[^rcp_andractim] ne vaut pas grand chose mais préconise, en «traitement général chez l'homme» une dose de 5 à 10 grammes de gel par jour, soit 125 à 250mg de DHT. C'est un dosage couramment utilisée dans les études cliniques, bien qu'une dose plus basse de 70mg/jour ait aussi été utilisée. En l'absence d'indications pharmacodynamiques et pharmacocinétiques précises, il ne semble pas possible de définir précisement une dose idéale.
On peut donc simplement conseiller une **dose standard initiale de 125mg** (soit 5mg de gel), qui pourra être **augmentée ou diminuée** selon d'autres paramètres.
C'est aussi une dose pratique à obtenir avec l'andractim, qui correspond à un tour de clé.
:::spoiler Schéma :arrow_heading_down:
 
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### Surveillance biologique
On peut effectuer la même surveilance que pour une prise de testostérone (voir : [Prise de sang de suivi - testostérone | Partagenre :link:](https://partagenre.fransgenre.fr/ressources/prise-de-sang-de-suivi-testosterone)), avec quelques adaptations :
- comme pour toute prise d'androgène, il faut mesurer de temps en temps son **hématocrite et hémoglobine**, via une numération de la formule sanguine (NFS)
Si l'une ou l'autre est trop haute, par rapport aux valeurs de référence masculine (généralement une hématocrite supérieure à 50-54%), il convient de baisser la dose
- **estradiol**, ainsi que **LH et FSH** qui sont utiles pour mesurer le fonctionnement gonadal (ici, ovarien)
Si elles sont très basses/quasi-nulles, c'est que les gonades sont à l'arrêt. Ça implique un plus grand risque de perte de densité osseuse. Il faut envisager une réduction de dose, un passage à la testostérone ou une supplémentation en estradiol
- la mesure de la **DHT** peut apporter une indication/permettre de situer ses taux, mais en l'absence de taux précis à viser, elle n'est pas très utile
- la mesure de la testostérone n'est pas utile
### Prescription & délivrance
L'Andractim est un **médicament à prescription restreinte** (la primo-prescription doit être faite par un·e médecin spécialisé·e en endocrinologie, gynécologie, dermatologie, etc. et les renouvellement sont libres ; même si en pratique des médecins généralistes en prescrivent sans soucis majeurs).
C'est aussi un **médicament dit d'exception**, qui nécessite théoriquement une ordonnance spécifique pour être pris en charge par la sécurité sociale[^meddispar_andractim]. En pratique, certaines pharmacies acceptent de le délivrer (avec prise en charge) avec une ordonnance classique.
### Besoin d'aide ?
N'hésitez pas, en tant que personne sous THS, **à solliciter Fransgenre** pour un avis ou en cas de question (via [notre discord :link:](https://partagenre.fransgenre.fr/ressources/serveur-discord-fransgenre), par mail : `contact@fransgenre.fr` ou via nos réseaux sociaux).
Et pour les médecins : n'hésitez pas à contacter Fransgenre pour une [**formation** :link:](https://fransgenre.fr#formation) ou une **question clinique** via notre adresse mail dédiée : `formation@fransgenre.fr`.
[^specialite_THS_FR]: Voir [Spécialités THS en France :link:](https://hackmd.io/@biyokea/specialites_THS_France)
[^anawalt_2017]: [Is Dihydrotestosterone a Classic Hormone? :link:](https://doi.org/10.1210/er.2017-00091) Anawalt BD. (2017).
[^vermeulen_1985]: [Long-term transdermal dihydrotestosterone therapy: effects on pituitary gonadal axis and plasma lipoproteins :link:](https://doi.org/10.1016/0378-5122(85)90051-9). Vermeulen A et al. (1985).
[^gruber_1998]: [Effect of percutaneous androgen replacement therapy on body composition and body weight in postmenopausal women :link:](https://doi.org/10.1016/s0378-5122(98)00031-0). Gruber DM et al. (1998).
[^de_lignieres_1993]: [Transdermal Dihydrotestosterone Treatment of “Andropause.” :link:](https://doi.org/10.3109/07853899309147869) De Lignieres B. (1993).
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[^muller_2012]: [Serum testosterone and dihydrotestosterone and prostate cancer risk in the placebo arm of the Reduction by Dutasteride of Prostate Cancer Events trial :link:](https://doi.org/10.1016/j.eururo.2012.05.025). Muller R et al. (2012).
[^exemple_taux]: À titre d'exemple, les taux de DHT ont, par rapport aux taux pré-traitement, été multiplié par 8-10 (125mg) ou 12-15 (250mg) dans Vermeulen 1995[^vermeulen_1985], par 10-15 (70mg) dans Ly 2001[^ly_2001], par 5 (125-250mg) dans Kunelius 2002[^kunelius_2002], par 10 (70mg) dans Idan 2010[^idan_2010] et par plus de 7 dans Page 2011[^page_2011].
[^art_1111_4_CSP]: [Article L1111-4 du code de la santé publique :link:](https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000041721056/2021-12-31) :
> Toute personne prend, avec le professionnel de santé et **compte tenu des informations et des préconisations qu'il lui fournit**, les décisions concernant sa santé.
[^rcp_andractim]: Fiche [Andractim :link:](https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/affichageDoc.php?specid=68001518&typedoc=R) sur la base de données publique des médicaments.
[^meddispar_andractim]: Voir la fiche [Andractim :link:](https://www.meddispar.fr/Medicaments-d-exception/ANDRACTIM-2.5-T-1) et [Médicaments d'exception | Conditions de délivrance :link:](https://www.meddispar.fr/Medicaments-d-exception/Conditions-de-delivrance) sur Meddispar.fr.